La Tunisie vient de prendre ses distances du groupe maghrébin sans le Maroc sous la houlette de l'Algérie. Depuis que le nouveau secrétaire général de l'Union du Maghreb arabe (UMA) nommé est tunisien, la diplomatie tunisienne opère un recadrage de sa position au sein du groupe concocté par l'Algérie. Alors que l'Algérie décrétait la mort clinique de l'UMA tout en essayant de créer un mécanisme de substitution à cette institution minée par la rivalité entre Alger et Rabat sur le Sahara, la Tunisie qui apparaissait comme le second fondateur de cette nouvelle union maghrébine vient de revenir à la raison. Tunis a été emmené dans ce tourbillon algérien à la faveur de la crise diplomatique avec Rabat. Une crise engendrée par l'accueil officiel du chef de la milice séparatiste du polisario, Brahim Ghali par le président tunisien Kais Said au sommet de la TICAD sans l'invitation du Japon, pays organisateur. Suite à la nomination du Tunisien Tarek Ben Salem en tant que Secrétaire général de l'UMA, et le soutien apporté par Alger qui a autorisé son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, à le recevoir le 21 juillet à Accra au Ghana, c'est au tour du chef de la diplomatie tunisienne de faire une sorte de mea culpa en se détachant du principe même de cette alliance maghrébine qui se voulait sans le Maroc. Dans un entretien accordé au média tunisien Assabah News, le ministre tunisien, Nabil Ammar, a souhaité minimiser la portée de cette alliance en déclarant qu'elle servait surtout à répondre à des défis communs d'insécurité dans la région. Il a déclaré que cette alliance n'était qu'un mécanisme « consultatif visant à améliorer les relations et à activer la coopération conjointe, en vertu de nouveaux plans d'action valorisant le développement et le partenariat stratégique» et qui ne constituait pas «une alternative à l'Union du Maghreb Arabe ». Il s'agit d'un « choix stratégique et un acquis civilisationnel que la Tunisie et le reste des Etats membres frères s'efforcent d'incarner, tout en surmontant les entraves au processus de sa mise en œuvre », a-t-il ajouté. « Le mécanisme consultatif tripartite tient à établir des relations avec les pays et autres groupes régionaux et internationaux, dans le cadre du respect mutuel et de la non-ingérence dans les affaires intérieures. Il reste également ouvert à toute volonté politique honnête et sincère qui partage les mêmes priorités, pour une participation constructive à l'avancement et à l'enrichissement de l'action collective, loin de la politique des axes et des risques d'ingérence extérieure », a mis en avant le ministre en tentant de minimiser la portée de cette alliance. Cette nuance apportée par la Tunisie fait non seulement suite à la nomination d'un Tunisien comme SG de l'UMA mais aussi après avoir constaté la non participation de la Mauritanie qui n'a pas voulu entrer dans le jeu de l'Algérie et le rétropédalage quasi-immédiat de la Libye qui a aussitôt adressé un message au Roi Mohammed VI. L'Algérie encaisse une nouvelle déconvenue officielle à son plan de partition et de dominance du Maghreb. Les pays de la région prennent peu à peu conscience de la malveillance algérienne.