Dans un contexte de défis agricoles persistants, l'économie marocaine s'oriente vers une reprise solide en 2024, tirée par la vigueur du secteur secondaire et la montée en puissance des activités tertiaires. Cette dynamique positive, d'après les perspectives économiques du Haut-commissariat au Plan en 2024 et 2025, est renforcée par l'amélioration des perspectives économiques mondiales et la modération attendue de l'inflation, créant ainsi un environnement propice à la croissance. Dans le même temps, les efforts déployés pour stabiliser les finances publiques et améliorer le commerce extérieur contribuent à consolider cette trajectoire ascendante. Malgré les difficultés rencontrées par le secteur agricole, notamment une diminution significative de la superficie cultivée en céréales et une baisse notable de la production, l'économie nationale devrait continuer de se redresser en 2024, indique le HCP qui vient de publier le budget économique exploratoire de 2025. Ce redressement est principalement stimulé par l'affermissement du secteur secondaire et la dynamique persistante des activités tertiaires. Parallèlement, une atténuation des pressions inflationnistes est attendue, créant un contexte favorable à la croissance. Les perspectives sont soutenues par un rattrapage pluviométrique bénéfique pour les cultures non céréalières et par une amélioration légère mais notable des réserves hydriques. Croissance dynamique des activités non agricoles En 2024, les activités non agricoles devraient connaître une progression significative de 3,6%, soutenue par plusieurs facteurs clés. Le renforcement des investissements et la reprise de la demande extérieure adressée au Maroc joueront un rôle déterminant dans cette croissance. Le secteur du BTP devrait rebondir avec une hausse prévue de 3,9%, stimulé par une augmentation substantielle des investissements publics et la mise en œuvre de grands projets d'infrastructures. Parallèlement, le secteur minier affichera une croissance remarquable de 10,9%, bénéficiant de la consolidation de la production de phosphate brut et de la dynamique des exportations. Ces performances contribueront à une expansion soutenue du secteur secondaire, prévue à 4,1%, ainsi qu'à une croissance favorable de 3,4% pour les activités tertiaires, portées notamment par le tourisme, le transport, et les services financiers et immobiliers. Cette dynamique globale devrait conduire à une croissance économique nationale de 3% en 2024, marquée par une inflation modérée autour de 1,8%. Demande intérieure soutenue par la vigueur de l'investissement En 2024, la dynamique de la demande intérieure au Maroc sera largement soutenue par la vigueur de l'investissement, qui devrait croître de 3,6%, marquant ainsi une accélération significative par rapport à l'année précédente. Cette progression est principalement due à l'engagement renforcé du secteur public dans les infrastructures et aux initiatives de reconstruction dans les zones sinistrées. Cette contribution de l'investissement à la croissance du PIB est estimée à un point, soulignant son rôle central dans le paysage économique. En revanche, la consommation des ménages devrait ralentir, passant de 3,7% à 2,2%, influencée par la diminution des revenus agricoles et les pressions inflationnistes persistantes. Malgré ce ralentissement, les transferts sociaux directs et les envois des Marocains résidant à l'étranger continueront de jouer un rôle stabilisateur. En somme, avec la poursuite des dépenses de consommation des administrations publiques, la consommation finale nationale devrait croître de 2,8%, contribuant ainsi de manière significative à la croissance globale, malgré des conditions économiques globales plus modérées. Poursuite de la dynamique des échanges extérieurs En 2024, le Maroc devrait maintenir une dynamique positive dans ses échanges extérieurs. Les exportations bénéficieront de la demande stable dans les secteurs automobile et aéronautique, ainsi que d'une hausse significative des exportations de phosphate. En revanche, les secteurs du textile et des agroalimentaires connaîtront des évolutions plus modestes. Les importations augmenteront principalement dans les produits alimentaires et les biens d'équipement, soutenues par l'investissement croissant. Le secteur touristique continuera de stimuler les exportations de services, tandis que les importations de biens et services suivront une trajectoire parallèle. Globalement, une amélioration des termes de l'échange est anticipée, avec une réduction du déficit commercial et une diminution des pressions sur la facture énergétique. Amélioration du déficit budgétaire grâce à la croissance des recettes fiscales Les finances publiques devraient bénéficier en 2024 d'une amélioration notable, soutenue par la reprise économique et les mesures de la loi des finances. Les recettes fiscales devraient représenter 18,5% du PIB, augmentant grâce à la performance solide des impôts directs et indirects, tandis que les recettes non fiscales devraient atteindre près de 3,8% du PIB. La réforme progressive de la décompensation du gaz butane permettra également de réduire le ratio des charges de compensation à 1,1% du PIB. Parallèlement, les dépenses publiques augmenteront à 16,5% du PIB, avec une hausse des dépenses de personnel due à l'augmentation des salaires convenus dans le cadre du dialogue social. Les dépenses d'investissement, cependant, diminueront légèrement à 6,9% du PIB, contribuant à maintenir les dépenses ordinaires autour de 20% du PIB. En conséquence, le déficit budgétaire devrait diminuer à 4% du PIB en 2024, comparé à 4,3% en 2023. Pour financer ces besoins, le Trésor envisage de mobiliser des ressources internes et externes, augmentant ainsi la dette publique totale à 83,1% du PIB. La banque centrale, quant à elle, a ajusté son taux directeur pour stabiliser les conditions de financement et soutenir la reprise du crédit bancaire au secteur non financier, projetée à 4,9% de croissance en 2024. Poursuite de la dynamique économique en 2025 En 2025, l'économie marocaine devrait maintenir sa trajectoire ascendante, portée par une reprise solide dans les secteurs non agricoles et une amélioration modérée dans l'agriculture malgré des prévisions céréalières prudentes. Les perspectives sont soutenues par une demande mondiale croissante (+3%) et une stabilité des prix des matières premières, ainsi que par la continuation des politiques budgétaires actuelles. Le secteur secondaire devrait croître de 3,2%, avec une valeur ajoutée en hausse dans la construction, l'industrie manufacturière et l'extraction minière, stimulées par les investissements publics et les grands projets. Les activités tertiaires augmenteront de 3%, bénéficiant de la dynamique du tourisme et du commerce. L'investissement brut devrait progresser de 4,7%, soutenant la croissance économique de 1,3 point, tandis que les exportations devraient croître de 7,3%, portées par l'automobile et les produits agricoles. Les importations augmenteront également, mais les conditions d'approvisionnement améliorées aideront à modérer la hausse. Enfin, malgré un déficit commercial légèrement réduit, le besoin de financement devrait s'accroître pour atteindre 0,7% du PIB, reflétant une expansion des investissements par rapport à l'épargne nationale disponible. Poursuite de l'allégement du déficit budgétaire en 2025 En 2025, la politique budgétaire du Maroc maintiendra un fort accent sur l'investissement public et la continuation de la décompensation progressive du gaz butane. Les dépenses du personnel devraient augmenter pour atteindre environ 10,3% du PIB, sous l'effet de la deuxième phase de l'augmentation des salaires prévue dans le cadre du dialogue social. Parallèlement, les dépenses ordinaires par rapport au PIB devraient reculer à 19,5%, favorisées par une diminution du ratio de la dépense de compensation qui devrait chuter à 0,7% du PIB. Les recettes fiscales devraient rester stables autour de 22% du PIB, soutenues par la croissance continue des impôts directs et indirects. Les recettes non fiscales devraient également croître pour atteindre 3,7% du PIB, grâce aux mécanismes de financement innovants. Avec des dépenses d'investissement prévues à 6,5% du PIB, le déficit budgétaire devrait se réduire à 3,8% du PIB en 2025, comparé à 4% en 2024. Cette amélioration devrait également impacter positivement les indicateurs d'endettement, avec une prévision de la dette du trésor autour de 70,1% du PIB et une baisse du ratio de la dette publique globale à environ 82,4% du PIB. La création monétaire devrait s'accélérer à 5,3%, alimentée par une augmentation prévue des créances sur l'économie et des créances nettes des institutions de dépôts sur l'administration centrale.