La crise de l'enseignement prend de plus en plus d'ampleur. Malgré un accord signé entre le gouvernement et les syndicats, le 26 décembre 2023, pour résoudre cette crise, les coordinations, une quarantaine, ont catégoriquement rejeté cet accord. Elles soulignent que les syndicats ne les représentent pas et expriment le souhait de dialoguer directement avec le gouvernement. Depuis lors, les enseignants sont en grève, laissant les enfants sans école depuis le début de l'année scolaire. Si certains parents ont initialement soutenu la cause des enseignants en reconnaissant la nécessité d'améliorer leurs conditions de travail et financières, aujourd'hui, la réalité les confronte : leurs enfants sont sans école depuis près de trois mois, malgré des examens continus. Interrogé à ce sujet par Hespress Fr, un directeur régional a justifié cette situation en affirmant que les contrôles continus portent sur les leçons enseignées. Confronté à la réalité des trois mois d'absence d'école, le directeur a corrigé en prétendant que les grèves n'ont débuté que le 5 octobre, ajoutant néanmoins que les enfants ont tout de même droit à des cours les lundis et samedis, lorsque les enseignants ne sont pas en grève, soit deux jours d'école par semaine. Une réponse qui laisse perplexe face à la gravité de la situation. Le comble de cette affaire réside dans le fait que les mêmes enseignants en grève conseillent aux parents d'opter pour des cours particuliers afin d'améliorer les compétences de leurs enfants. Ironiquement, ces cours particuliers sont dispensés par les mêmes enseignants qui louent des salles dans des quartiers populaires, rassemblant ainsi les enfants victimes de leurs absences et grèves interminables. « Depuis trois ans, je paie au minimum 150 dhs pour deux heures de cours particuliers par semaine à mon fils, dispensés par son professeur de mathématiques. Cette année, il lui est arrivé plusieurs fois de me dire après un cours particulier, 'ne ramène pas ton enfant demain à l'école, nous sommes en grève'« , confie Fatema, mère au foyer de Mustapha, en 6e primaire, et dont la situation reste précaire financièrement. Et pourtant ! Elle ajoute avec frustration : « Nous comprenons la situation des enseignants, leur désir d'améliorer leur situation, mais il est également crucial de penser à nos enfants. En période de grève, au moins, qu'ils donnent des exercices à faire pendant la semaine, avec l'obligation de les rendre lors du prochain cours, pour les aider à maintenir leur niveau. Sinon, nos enfants passent leur journée devant les écrans, sans rien apprendre ni à l'école ni à la maison« . Face à la persistance des enseignants dans leur mouvement de grève, les directions régionales relevant du ministère de l'Éducation nationale ont décidé des sanctions administratives à l'encontre des enseignants grévistes. Ces mesures comprennent des suspensions temporaires motivées par le non-respect des obligations professionnelles et éducatives, des absences répétées et illégitimes, privant ainsi les élèves de leur droit à une éducation stable et continue. De plus, ces enseignants sont accusés de ne pas respecter les valeurs et l'éthique professionnelle conformément aux normes du système éducatif et de formation. Les directions régionales considèrent ces manquements comme graves, conformément à l'article 73 du statut général de la fonction publique. La suspension temporaire s'accompagne d'une retenue sur le salaire, à l'exception des allocations familiales. La situation des enseignants concernés sera examinée en conseil de discipline dans un délai maximum de quatre mois avant la levée de la sanction. À la fin de cette période, le fonctionnaire peut récupérer l'intégralité de son salaire, même en l'absence de toute décision du conseil à son encontre. Il peut également demander le remboursement des sommes prélevées sur son salaire si aucune sanction n'est prononcée, comme l'avertissement, la réprimande, ou la radiation de la liste des promotions. En revanche, en cas de poursuites pénales, la restauration du salaire intégral dépendra d'une décision du tribunal compétent. La saison scolaire actuelle est marquée, depuis son commencement en septembre, par d'importantes perturbations dues à de multiples mouvements de grève. Les responsables du ministère ont justifié la suspension en suivant la procédure après avoir épuisé toutes les voies de dialogue et de motivation pour lutter contre le gaspillage du temps scolaire, garantir le droit des élèves à l'apprentissage, et mettre en œuvre le principe de rémunération en échange du travail.