Le conflit social dans l'enseignement se poursuit. Les 5 syndicats du secteur (CDT, UGTM, FNE, UMT et FDT) ont tenu, mardi 9 avril, une réunion avec le ministre de l'éducation nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Saïd Amzazi, pour tenter de trouver une solution au dossier des enseignants ex-contractuels. Ce nouveau round de négociation s'est déroulé sans la présence de la Coordination nationale des enseignants. La requête émise par les syndicats pour que la Coordination puisse participer à la réunion avait été rejetée. Une deuxième réunion est prévue ce jeudi 11 avril. Entre-temps, les enseignants ex-contractuels toujours en colère poursuivent leur mouvement de grève. Rappelons que ces derniers avaient décidé de prolonger leur grève du 31 mars au 14 avril. Le ministère se veut rassurant Alors que les grèves perdurent, le spectre d'une année blanche est de plus en plus redouté par les parents d'élèves. Pour le ministère de l'éducation nationale, le scénario d'une année blanche est à écarter une bonne fois pour toutes. «Il n'est nullement question de parler d'une année blanche. Ce scénario est à écarter. Les données dont nous disposons nous confirment qu'il n'y pas lieu de s'inquiéter. Le calendrier des examens reste inchangé», indique une source au ministère tout en faisant remarquer que «durant les premières semaines de grève, le taux d'absentéisme au niveau national variait entre 50 et 60%. Il s'agit là d'une moyenne nationale sachant que ce taux diffère d'une académie à l'autre. Ce taux a commencé à baisser durant la troisième semaine d'absence collective des enseignants». Quant à l'impact de ces absences collectives jugées non justifiées par la tutelle, il diffère selon les académies régionales ( en tenant compte du nombre d'enseignant, dans chaque académie), le cycle et le milieu ( urbain et rural). «Si l'on prend par exemple le cas du primaire, lorsque l'enseignant s'absente, c'est tous les écoliers de la classe qui sont privés de cours sachant que le professeur enseigne toutes les matières. Ce qui n'est pas le cas pour le collège ou le lycée où le professeur enseigne une ou deux matières. Et par conséquent, l'impact n'est pas le même. ll faut aussi relever que la majorité des enseignants ex-contractuels a été affectée dans le rural. Et par conséquent, les plus impactés par ces absences collectives ce sont les écoles satellites dans le rural et les écoles primaires», explique notre source au ministère. Pour sa part, le directeur de l'académie régionale de l'éducation et de formation (Aref) de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Mohamed Ouaj se veut rassurant en dépit de la persistance des grèves. «Le chantier éducatif est érigé en deuxième priorité stratégique nationale après l'intégrité territoriale, chose qui doit faire de ce dernier une question d'unanimité nationale entre tous les acteurs de la société. Dans cette logique, tous ces acteurs doivent assumer leurs responsabilités respectives vis-à-vis des droits de scolarisation des élèves marocains, en fournissant toutes les mesures appropriées et l'appui nécessaire au département de l'éducation nationale afin de garantir et d'assurer ainsi les temps scolaires des élèves. Dans cette perspective, parler d'année blanche semble être un concept obsolète et vide de son sens, du fait que le droit de se trouver en classe, pour chaque fille et chaque garçon, doit être garanti par l'Etat, et avec la participation des forces vives de la société marocaine». Ce dernier rappelle que l'une des missions primordiales des administrations publiques de l'Etat, et en particulier, les Académies régionales d'éducation et de formation, c'est de garantir la continuité du service public. «Etant donné l'importance stratégique du secteur de l'éducation, les Aref se sont engagées, depuis le début de l'absence collective des enseignants–cadres des académies il y a plus de quatre semaines, à assurer la continuité du service public éducatif par le biais de toutes les mesures appropriées garantissant et favorisant un seul intérêt suprême : celui des élèves, en étroite collaboration avec l'ensemble des partenaires régionaux, provinciaux et locaux ; autorités locales, élus, ONG, APTE. In fine, la mobilisation de tous les acteurs autour de ce dossier s'est nettement manifestée lors des cours de soutien, de rattrapage et de consolidation organisés au profit des élèves». Des procédures juridiques et administratives à l'égard des absents Il est important de signaler que ces grèves qui s'enchaînent ne sont pas sans conséquence sur la scolarisation des élèves. A ce sujet, le directeur de l'Aref reconnaît que l'absence collective des enseignants, entraînera certainement un impact négatif sur l'enveloppe temporaire des apprentissages. Toutefois, M. Ouaj signale qu'au niveau de la région, «l'Administration a pris toutes les précautions nécessaires pour assurer l'enveloppe temporaire allouées au processus d'enseignement et d'apprentissage au profit des élèves, en touchant plus 6.000 élèves, dans plus de 88 établissements scolaires, sur le territoire de plus 51 communes, et avec la participation de plus de 200 professeurs et encadrants». Ce dernier fait remarquer que l'académie a entamé toutes les procédures juridiques et administratives à l'égard des absences enregistrées au niveau des établissements scolaires, y compris les précomptes en salaires, l'envoi des notifications de reprise de fonctions, la suspension des salaires et les procédures de révocation. Diverses mesures pour rattraper les heures de cours perdues Depuis le début de l'absence collective des enseignants-cadres de l'Aref, l'académie de Tanger-Tétouan-Al Hoceima a entamé un processus de sécurisation de l'enveloppe horaire des apprentissages par le biais du réajustement des emplois du temps et de gestion de ressources humaines. L'académie a aussi fait appel aux réserves de professeurs disponibles au niveau des établissements scolaires. Parmi les autres mesures prises figurent la réadaptation des tableaux de services pour les professeurs se dotant d'un emploi de temps allégé, la réadaptation des classes de groupage pour certaines matières ainsi que le redéploiement des ressources humaines au niveau de la commune et de la province. Rappelons qu'au niveau national, les académies régionales avaient lancé des cours de soutien pour rattraper les heures de cours perdues en raison des grèves et permettre ainsi aux élèves d'être en mesure de passer leurs épreuves d'examens dans les meilleures conditions possibles. Le recrutement suivant le statut spécial des cadres de l'académie Alors que le système de contractualisation a été définitivement abandonné, la question qu'il convient de poser est de savoir comment s'effectuera désormais le recrutement des enseignants par les académies? «Aujourd'hui, le recrutement dans les académies se fait sur la base de la même logique de recrutement au sein des autres établissements publics de l'Etat, suivant le statut spécial des cadres de l'académie, constitué de 113 articles, adopté et validé par le conseil d'administration de l'Aref et visé par le ministère des finances. Ce statut est similaire au statut des fonctionnaires du ministère de l'éducation nationale, et plus précisément l'article 4 qui dresse les conditions de recrutement régional à l'instar du système de recrutement national», conclut notre interlocuteur.