Après la colère des enseignants et du corps médical, c'est au tour du secteur agricole de se révolter. En effet, la Coordination des Syndicats Agricoles, composée de la CDT, l'UMT, l'UGMT, la FDT, et l'UNTM, a récemment annoncé son intention d'organiser des manifestations et des grèves tout au long de janvier 2024, marquant une vague de mécontentement croissant dans divers secteurs au Maroc. Au cœur de cette mobilisation se trouve la demande de ratification rétroactive au 1er janvier 2020 de la loi organique des Offices Régionaux de Mise en Valeur Agricoles (ORMVA), conformément à un accord préalablement établi avec le Ministère de l'Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts. Dans une déclaration commune, la Coordination Syndicale, regroupant cinq entités syndicales, a souligné les conditions préoccupantes des employés des ORMVA, attribuées à l'indécision du ministère de l'Économie et des Finances quant à la validation de la loi fondamentale initialement convenue avec le ministère de l'Agriculture. La Secrétaire Générale Adjointe de la Fédération nationale du secteur agricole (FNSA), Samira Raïs, affiliée à l'UMT, a exprimé son point de vue sur la situation. Approchée par Hespress Fr, Samira Raïs a déclaré que les grèves persistantes dans le secteur agricole visent à inciter le ministère de l'Agriculture et le ministère des Finances à répondre aux doléances des centres d'investissement agricole et des ORMVA, dont le statut remonte aux années 70 et ne répond plus aux attentes des employés. Malgré les efforts du ministère de l'Agriculture pour redresser la situation des administrateurs, souligne-t-elle, les ORMVA demeurent négligés, et leurs administrateurs dans une situation précaire. Ainsi, les revendications de la Coordination Syndicale incluent la réforme du statut des employés des ORMVA, la hausse des salaires gelés face à la montée des prix, et l'absence d'incitations comparées à d'autres établissements publics. Raïs a également noté l'absence de possibilités de promotion pour les employés des ORMVA, soulignant que le statut actuel entrave leur accès à des postes de responsabilité. De son côté, Houcine Boulberj, membre du bureau national du syndicat national des administrateurs des ORMVA affilié à l'UMT, a apporté un éclairage complémentaire sur la situation. Il a ainsi indiqué que les administrateurs des ORMVA, au nombre de neuf à l'échelle du pays, ont organisé des grèves et des sit-ins depuis plus de deux ans ,notant que ces offices, créés dans les années 70, ont joué un rôle crucial dans le développement rural et agricole du Maroc. Dans une déclaration à Hespress Fr, Boulberj relève que le nombre d'administrateurs a chuté de 12.000 à 2.500 au fil des années, ce qui a entraîné une perte significative de cadres compétents. Les nouvelles pratiques de recrutement par contrat, imposées par le ministère de tutelle, ont contribué à cette baisse, explique-t-il, notant que ces contrats, déjà présents dans d'autres secteurs agricoles, ont privé les ingénieurs et techniciens de la possibilité de travailler directement avec les établissements publics. Le membre du bureau national a également évoqué des problèmes de retraite, indiquant que les cadres perdent 40% de leur salaire lorsqu'ils prennent leur retraite, avec des compensations financières insuffisantes. En conséquence, de nombreux cadres qualifiés quittent les ORMVA pour des entreprises offrant des conditions plus avantageuses. Face à ces défis, les syndicats s'unissent dans leurs revendications, soulignant que le ministère de l'Agriculture a promis des solutions, et le projet sur la loi fondamentale est actuellement à l'étude au ministère des Finances pour remédier à la situation. Mais jusqu'à quand les Finances vont encore tarder à répondre se demande le syndicaliste, notant que cette lutte, débutée en 2012, vise à obtenir une réforme structurelle des ORMVA et à garantir des conditions de travail décentes pour les employés. Pour sa part, le ministère de tutelle a exprimé sa disponibilité au dialogue, affirmant que le dialogue avec les représentations syndicales est institutionnalisé. Des réunions sont prévues en janvier pour discuter des détails des revendications. Cela dit, la mobilisation syndicale s'intensifiera avec des arrêts de travail nationaux, des grèves générales, des manifestations régionales, et une grande manifestation nationale devant les ministères de l'Agriculture et de l'Économie et des Finances. La date de cette manifestation nationale sera annoncée ultérieurement.