Le juge d'instruction chargé des crimes financiers à la Cour d'appel de Marrakech, Youssef Zitouni, a ordonné jeudi la mise en détention du président de la commune rurale de Bigoudine, relevant de la province de Taroudant, ainsi qu'un entrepreneur, à la prison civile d'Ouarzazate, soupçonnés d'implication dans la dilapidation et le détournement de fonds publics, de faux et usage de faux, chacun selon les charges qui leur sont attribuées. Il a également ordonné la prise de mesures de contrôle judiciaire à l'encontre d'autres suspects, ainsi que la fermeture des frontières à leur encontre jusqu'à la fin de l'enquête. Cette décision intervient après la transmission des personnes concernées, ainsi que quatre autres individus, dont un technicien de la même commune, par la Brigade régionale de la police judiciaire de Marrakech, au procureur général de la même cour, qui a demandé l'ouverture d'une enquête à l'encontre des suspects pour les chefs d'accusation qui leur sont reprochés, suite à une plainte déposée par la succursale régionale Marrakech Sud de l'Association marocaine de protection des deniers publics (AMPDP) auprès du ministère public compétent. La Brigade régionale de la police judiciaire de Marrakech avait ouvert, sur ordre du ministère public compétent, une enquête préliminaire avec le président de la commune de Bigoudine,province de Taroudant, ainsi que quatre entrepreneurs et un technicien de la même commune. Commentant cette décision, Mohamed El Ghalloussi, président de l'Association marocaine de protection du Trésor public, a déclaré que « la conjoncture délicate que traverse notre pays à tous les niveaux, où des catégories sociales larges supportent le poids de la crise économique et sociale (hausse des prix, sécheresse et pénurie d'eau, inflation, corruption et pots-de-vin), enregistre en ce moment même l'exploitation illégale de la richesse par une classe restreinte à travers l'exploitation des positions de prise de décision publique ». « Tout cela, et bien plus encore, nécessite la déclaration d'une guerre sans merci contre la corruption, le pillage des deniers publics, la poursuite des voleurs et la confiscation de leurs avoirs acquis de manière illégale », a confié El Ghalloussi à la presse soulignant que « l'Association a mentionné à plusieurs reprises que la corruption représente une menace réelle pour l'État et la société, et qu'il est nécessaire de manifester une volonté politique réelle pour la confronter avant qu'il ne soit trop tard ».