En France, le Parlement votera prochainement une résolution pour abroger un accord conclu en 1968 qui permettait de faciliter l'immigration des Algériens en France. Une mesure jugée non équilibrée vis à vis des autres pays du Maghreb, en plus de ne plus être d'actualité. Les Algériens craignent que la France revienne sur l'accord de 1968 sur la facilitation de l'immigration des Algériens. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune l'avait mentionné de manière officielle dans une prise de parole en décembre dernier en affirmant qu'il tenait à ce que cet accord perdure. Le chef de l'Etat algérien s'était exprimé alors que le débat en France n'était qu'à ses prémices et l'accord n'avait été mentionné que par quelques politiciens. C'est dire l'importance capitale de maintenir cet accord pour Alger. A présent que le sujet est sur toutes les lèvres et en particulier chez la droite française qui voit d'un mauvais œil le rapprochement de Paris avec Alger au détriment de la relation historique avec Rabat, de plus en plus d'hommes politiques appellent officiellement à reconsidérer cet accord et signalent le danger d'une rupture des liens privilégiés avec le Maroc. Le dernier homme politique en date à en avoir parlé est le leader de droite, ex-candidat à la présidentielle, Xavier Bertrand. Lors d'une interview, il a abordé les relations diplomatiques de la France avec le Maroc et l'Algérie et a déclaré: « S'il y a un choix à faire aujourd'hui, je choisis le Maroc ». Avant lui, l'ancien président français, Nicolas Sarkozy avait alerté sur le rapprochement entre Paris et Alger qui s'est fait sur le dos d'un gel avec Rabat. « Le tropisme algérien de la France nous éloigne du Maroc. Nous risquons de tout perdre », avait-il déclaré au Figaro en août. Le 7 décembre prochain, une résolution demandant l'abrogation de cet accord sur l'immigration des Algériens sera discutée devant le Parlement français. Si elle passe, il s'agira d'un message fort envoyé à l'Algérie au delà du simple fait de revenir vers une situation d'immigration normale et de non privilège. La majorité présidentielle ne s'est pas positionnée sur le sujet pour le moment, mais le chef du Mo-Dem, François Bayrou, un proche conseiller d'Emmanuel Macron, a laissé entendre que le débat sur les relations France-Algérie serait une erreur. L'année dernière, le débat sur ce sujet a été lancé par l'ancien ambassadeur français en Algérie lui-même. Fort d'une longue carrière de diplomate et fin connaisseur de l'Algérie, pays où il a été nommé ambassadeur à deux reprises, Xavier Driencourt, est sorti de son silence pour dénoncer toutes les incohérences qui régissent les relations bilatérales. Parmi les critiques émises, celle de cet accord et du tropisme algérien d'Emmanuel Macron. Il n'en fallait pas plus pour éveiller les craintes et l'indignation d'une large frange politique française, en prenant conscience de la situation. Le parti Les Républicains (LR) a lui aussi dénoncé cet accord qui consacre « l'immigration du fait accompli ». L'ancien Premier ministre français, Edouard Philippe, a appelé le 5 juin à la fin de cet accord même si cela devait coûter la rupture des relations diplomatiques avec l'Algérie. « On ne peut pas rester sous l'empire de cette convention signée en 1968, dans un autre contexte», a-t-il de nouveau déclaré cette semaine sur Franceinfo. Si la résolution venait à être adoptée, l'avenir des relations entre la France et l'Algérie devrait en effet subir des conséquences sur le plan diplomatique, notamment provoquer la colère des généraux algériens, une maigre période de froid, mais jamais la rupture, du moins du côté d'Alger qui a tout intérêt à préserver ses acquis avec la France. Si Edouard Philippe est allé jusqu'à mettre sur la balance les relations diplomatiques entre l'Hexagone et l'Algérie, c'est qu'il est pleinement conscient de l'impact moindre que la suppression de cet accord devrait avoir. Pour plusieurs responsables politiques français, la quête constante chez les présidents français d'un modus vivendi avec l'Algérie sans jamais y arriver, est aujourd'hui une quête obsolète qui n'a plus aucun intérêt tant le pays atypique dirigé par les militaires est caractérisé par l'inconstance et la schizophrénie.