L'ancien Premier ministre et ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a appelé à la fin du cycle de force et de vengeance entre Israël et le Hamas, déclarant qu'une réponse judiciaire est nécessaire. L'offensive israélienne à Gaza n'est ni ciblée ni proportionnée et les dommages collatéraux sont prévisibles et acceptés, a-t-il estimé. Cela fait un mois jour pour jour que la guerre entre Israël et le Hamas a commencé avec ce bilan désastreux de près de 12.000 morts (1400 côté d'Israël, plus de 10.000 côté Palestine). Dans tout cela, Benjamin Netanyahu dans sa folie furieuse et suicidaire, ne souhaite accorder ni trêve humanitaire ni cessez-le-feu et pire, dit vouloir prendre le contrôle général de la sécurité à Gaza après la guerre. Pour Dominique Villepin, qui était de passage ce mardi sur le plateau de France Info, « c'est une annexion de la bande de Gaza pure et simple et ce sans le dire. C'est la cinquième guerre à Gaza et une incapacité à tirer les leçons de l'histoire avec à chaque fois plus de violence sans résultats. Le choix du gouvernement Netanyahu est de mener une politique de bombardement ». « Il est temps que le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu ouvre les yeux. Il y a d'énormes échecs dont celui d'avoir encouragé une politique d'occupation et de colonisation qui continue à cette heure en Cisjordanie et qui constitue une autre menace pour Israël« , a-t-il dit. Si le gouvernement israélien a failli, a-t-il poursuivi, « c'est bien parce que la politique de sécurité ne s'obtient pas par la force. Or, la force ne permet pas d'assurer la sécurité d'un peuple, c'est ça que tous les Israéliens doivent comprendre aujourd'hui ». Dominique Villepin a, en ce sens, appelé à prévenir la « logique suicidaire » de Benjamin Netanyahu, qui, selon lui, conduirait au siège d'Israël. « Ni la force, ni la vengeance n'assure la paix et la sécurité, ce qui assure la paix et la sécurité, c'est la justice. La justice n'est pas au rendez-vous« , a-t-il indiqué. L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac a, en outre, critiqué la politique motivée de vengeance, d'Israël, affirmant que la légitime défense n'est pas un droit de tuer des civils sans discernement et ne justifie pas une réponse et un droit indiscriminée. Selon l'ancien chef de diplomatie, Israël se met en danger avec ce type de guerre et que ni la force ni la vengeance ne peuvent assurer la paix et la sécurité. Benjamin Netanyahu aujourd'hui à Gaza est apparemment engagé dans trois guerres simultanées. Premièrement, une guerre qui implique de lourds bombardements sur les populations civiles, même s'ils visent à éradiquer le Hamas. Deuxièmement, une guerre de siège qui soulève de nombreuses questions au regard du droit international, notamment en matière de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité potentiels. Enfin, une troisième guerre devrait se dérouler probablement avec plus d'intensité, il s'agira d'une guerre de raids terrestres permettant un ciblage et une proportionnalité plus précis. Revenant sur l'encouragement d'une politique d'occupation et de colonisation, De Villepin souligne que « le principe d'Israël à Gaza est de cibler des terroristes. Malheureusement il y a aussi des populations civiles et forcément ce qu'on appelle pudiquement dommages collatéraux. Or ceux-ci, sont parfaitement prévisibles et parfaitement assurés et entièrement assumés ». L'argument du gouvernement et de l'armée israéliens selon lequel ils ne peuvent pas arrêter les combats parce que cela permettrait au Hamas de se regrouper ne tient pas vraiment, étant donné que personne ne peut partir. Ils ont bouclé Gaza, assiégeant tout le territoire. C'est une double tragédie pour la population palestinienne. Personne ne peut partir, donc l'argument du gouvernement et de l'armée israéliens selon lequel ils ne peuvent pas arrêter les combats parce que cela permettrait au Hamas de se regrouper ne tient pas, étant donné que personne ne peut partir. A ce stade de la guerre en cours, la principale préoccupation devrait en effet être humanitaire. Ainsi, une fois de plus, qu'il s'agisse d'un cessez-le-feu, d'une trêve humanitaire ou d'une pause humanitaire, la priorité est d'alléger les souffrances des populations civiles. Quant à la prise d'otages, soutien De Villepin, c'est une question complexe, et si tous les efforts doivent être faits pour obtenir leur libération, « nous ne devons pas oublier que le peuple palestinien de Gaza est également pris en otage par Israël et le Hamas ». La seule réponse au terrorisme est la justice, ce qui exige une solution politique pour les Palestiniens. Un véritable plan de paix doit impliquer la Cisjordanie dans son intégralité, Gaza avec un accès entre les deux territoires, et Jérusalem. C'est le nœud de l'escalade de Benjamin Netanyahu. Il n'en veut pas et mène une guerre pour empêcher qu'une solution politique ne soit proposée. La communauté internationale, l'Europe et les États-Unis, doivent dire que cette guerre n'est pas acceptable, parce que les cibles se déplaceront à côté du Hezbollah, de l'Iran, et nous entrerons alors dans un scénario de « choc des civilisations ». Comme Netanyahu l'a clairement dit, il y a des gens de lumière d'un côté et des gens de ténèbres de l'autre, ce qui dit tout. Le meurtre de populations civiles est le signe de représailles effrénées. Même si l'on peut soutenir qu'une ambulance a été prise pour cible parce qu'elle transportait potentiellement un terroriste, il n'en demeure pas moins que des enfants et des femmes meurent. Dans ce contexte, chaque enfant ou femme tué entraîne une augmentation du nombre de terroristes.