Les ministres d'El Othmani mèneraient un train de vie pour le moins contestable à en croire les conclusions du dernier rapport de la Cour des comptes. Entre absence d'une conception précise des achats, et surestimation du matériel acquis, la fourchette est large et marque un réel défaut de gestion financière au sein des départements de l'Exécutif. Après les accusations jetées aux visages des ministres et autres hauts fonctionnaires par le député PAMiste à la chambre des conseillers, Aziz Benazouz, qui a ouvertement dénoncé « les dépenses outrancières de certains départements ministériels », le rapport des magistrats de Jettou est venu confirmer les faits. En effet, Benazouz, qui préside le groupe PAM à la deuxième chambre n'y est pas allé du dos de la cuillère en accusant les responsables des départements ministériels de se livrer à un « échange de bons procédés » qui leur permet, en l'absence de de procédures de contrôles exigeants et exhaustifs, d'augmenter les budgets de gestion, les équipements et d'autres éléments non inclus dans les postes budgétaires de chaque ministère. « C'est à se demander si n'est pas la méthode du donne-moi, je te donne, qui domine l'Administration », avait-il lancé. Comme pour étayer ces propos, le rapport que Jettou devra présenter prochainement devant la Chambre des conseillers, révèle, aussi, que les services concernés n'enregistrent pas les données concernant les risques connexes à toute opération financière, de même qu'il met en évidence des carences dans la sécurisation du système de traitement informatique et l'absence d'une conception précise des achats, ainsi qu'une surestimation du matériel acquis. L'audit reproche également aux ministères l'absence de rationalisation de la consommation de l'eau et de l'électricité, ainsi que celle des communications téléphoniques. Ainsi, les contrôles effectués par la CdC dans plusieurs ministères soulignent plusieurs dysfonctionnements dans la gestion des dépenses: excès d'achats, surfacturation et autres. Il existe un grand écart entre les quantités figurant dans les factures et celles livrées, assure-t-il. Il est, en outre, précisé que l'audit de 290 comptes financiers, en 2018, a permis de découvrir des excès dans les achats effectués par les services administratifs des ministères. Ces missions de contrôle ont été effectuées dans les caisses de 32 ministres ou hauts responsables chargés de les gérer. Il s'agit, notamment, de fonds inhérents aux budgets publics, à des établissements à gestion autonome, ainsi qu'à quelques caisses créées pour la réalisation des programmes provisoires. Par ailleurs, relève le rapport, les ministères n'appliquent pas de pénalités de retard dans l'exécution des marchés publics, et partant, les responsables des départements ont, souvent, recours à une solution à l'amiable avec les entrepreneurs qui n'ont pas exécuté les travaux. Les magistrats de Jettou auditent 45 comptes des trésoriers provinciaux, 9 consulats et 201 perceptions, outre le contrôle de 63 comptes relevant de la direction des impôts et 105 départements gouvernementaux et établissements publics, ainsi que 500 conseils communaux. L'inspection concerne actuellement les comptes de dizaines d'établissements, notamment la Société nationale des transports et de la logistique, l'ONEE, l'Institut marocain de normalisation, le programme national des villes sans bidonvilles et celui de l'aide directe aux veuves.