Célébrée chaque année au Maroc, comme dans tous les pays musulmans, Achoura est une fête associée à l'enfance, au partage et à la générosité. Cependant, pas une année ne passe sans qu'il y ait des dégâts énormes à cause de pratiques et de dérapages qui accompagnent ce jour festif. Commémorée chaque année dans la joie et l'allégresse, la fête d'Achoura est une occasion culturelle, religieuse et patriotique que les Marocains accueillent avec joie et enthousiasme. Les familles fêtent leurs enfants en leur achetant de nouveaux habits et surtout des jouets (poupées, pistolets à eau, peluches...) C'est aussi l'opportunité de sortir la Zakat. Le principe étant de donner aux plus démunis un dixième économisé durant l'année. Les Marocains usent de leur générosité en distribuant des fruits secs (dattes, amandes, noix, raisins, figues), les familles se rendent visite les unes et les autres, et le mets indétrônable pour l'occasion est le couscous aux sept légumes préparé avec le « gueddid », viande séchée de l'Aïd al-Adha. Le jour d'Achoura, les enfants et même les grands aspergent d'eau leurs amis et leurs voisins. Cette pratique n'épargne pas les passants. Une coutume appelée « Zem-Zem » en référence au puits du même nom à La Mecque. Cette manifestation revêt une signification spirituelle et sociale indéniable. C'est aussi un jour de partage et de charité. Au cours de cette journée, les enfants donnent libre cours à leur joie. En effet, la présence d'un personnage très attendu par les enfants c'est BABA AÏCHOUR, vêtu le jour d'Achoura par une euphorie extrême. Sorti d'une vieille légende populaire, il entend reprendre ce qui lui appartient, il incarne le rôle du père Noël des Marocains. La coutume séculaire veut que tous les ans, à la veille de Achoura, son apparition ouvre les festivités. Autour de la che3ala (feu de camp), il réunit les enfants, leur raconte les vieilles histoires d'usage à cette occasion, leur offre friandises et cadeaux et les invite à chanter pour lui. Mais cette coutume avait disparu depuis près d'un siècle et les Marocains commencent actuellement à faire sortir ce souvenir de l'oubli, le dépoussiérer, le lifter et le remettre sur le marché de la culture populaire. Quant aux adultes, ils se rendent en général au cimetière pour honorer les défunts, tout en emportant avec eux de quoi effectuer une distribution aux plus démunis. Cependant, l'esprit de la spiritualité festive de cette occasion est entaché par certains comportements inconscients. A cette fête se sont greffées des pratiques superstitieuses, l'affluence chez les vendeurs de rêves est à son paroxysme, et c'est une opportunité en or pour les amateurs des gri-gris afin de commercialiser leur marchandise. Les dégâts ne se limitent pas à ce stade, un autre aspect néfaste d'Achoura resurgit. Chaque année en cette période, les marchés croulent sous une offre toujours plus diversifiée et dangereuse de pétards et de feux d'artifice via des canaux de contrebande bien organisés malgré l'interdiction. Et c'est là où le bât blesse. Pendant quelques jours précédant Achoura, dans les rues des différentes villes du royaume, pétards et tous types de feux d'artifices détonnent comme dans un champ de bataille. Ces explosifs généralement de fabrication chinoise sont vendus en cachette dans les coins de rue. Interdits par la loi, ils sont introduits depuis les présides occupés de Sebta et Melilla. Et chaque année, de graves incidents sont signalés dans ces quartiers. Des brûlures au niveau du visage ou d'autres parties du corps sont causées par la déflagration de ces produits de divertissement qui deviennent des armes létales entre les mains des enfants. Dans les hôpitaux, les médecins craignent une hausse des cas de blessures causées par ces pétards. De leur côté, les associations appellent à la prudence et à la sensibilisation. Ainsi, pour certaines familles, Achoura vire souvent au drame. Un enfant âgé de 13 ans est décédé à la suite d' un tir délibéré de feu d'artifice dans la nuit du 17 juillet 2023 à Mohammedia. En dépit des efforts déployés pour éradiquer ce phénomène à travers la réglementation et le contrôle d'importation, ces explosifs dangereux sont toujours disponibles dans la rue marocaine. Par ailleurs, l'Unité de Lutte Contre le Crime Organisé de la préfecture de police de Casablanca, en étroite coordination avec les services de la Direction Générale de la Surveillance du Territoire National, a réussi, aux premières heures du samedi 15 juillet 2023, à saisir près 1.5 million unités de feux d'artifice et de fusées éclairantes contre-bandées, dont certaines étaient extrêmement dangereuses et avaient déjà été utilisées dans des attaques corporelles graves. Les suspects âgés de 37 et 38 ans, ayant des antécédents judiciaires, ont été arrêtés lors d'opérations de sécurité menées dans les quartiers Sidi Bernoussi et Moulay Rachid à Casablanca, immédiatement après leur arrivée à bord de deux véhicules utilitaires en provenance d'une ville du nord du pays.