Des parents impuissants devant la souffrance de leurs enfants atteints de trouble de déficit de l'attention ont organisé, vendredi, une manifestation devant le Ministère de la Santé à Rabat pour appeler à la commercialisation des médicaments contre le TDAH au Maroc. Un enfant agité qui manque d'attention ou impulsif, n'est pas forcément un enfant irrespectueux ou mal élevé, il peut-être atteint de troubles de l'attention avec ou sans hyperactivité. L'enfant adopte un comportement différents des autres au quotidien, difficile à apaiser, ne pouvant pas se concentrer, avec une attention très limitée dans le temps, et devient un vrai problème pour les parents ou les éducateurs. Le TDAH touche 5% des enfants dans le monde, et se manifeste sous plusieurs signes, et ce, dès les premières années de scolarisation. Diagnostiqué et traité, ce déficit neurologique peut être surmonté. Au Maroc, le traitement médicamenteux, indispensable à la prise en charge des formes sévères de la maladie, n'est pas commercialisé, laissant les parents vivre un réel calvaire, surtout pour les familles aux moyens limités, ne pouvant pas acheter les médicaments à l'étranger. A bouts de nerfs, les parents ont décidé d'agir. «Aujourd'hui nous sommes ici pour demander au Ministère de la Santé de nous fournir des médicaments efficaces contre le TDAH. Nos enfants sans ce médicament ne peuvent pas continuer leur vie d'une manière paisible », a déclaré à Hespress FR, Malika Chemach, professeure universitaire dont l'enfant est atteint de ce trouble. Un enfant hyperactif est mal vu par son professeur qui le qualifie par « feignant », « capricieux » ou encore « mal éduqué », a souligné l'intervenante, notant que ces qualificatifs font souffrir l'enfant au point qu'il perde confiance en lui. Vendredi à la mi-journée, ils étaient une trentaine de parents d'enfants atteints de ce trouble, à manifester devant le siège du ministère de la Santé pour réclamer la commercialisation de médicaments destinés à soigner leurs enfants. Les personnes atteintes du TDAH ont des difficultés à se concentrer, à être attentives et à mener à terme des tâches les plus simples. Elles ont souvent du mal à rester en place, à attendre leur tour et agissent fréquemment de façon impulsive. Bien que ces comportements puissent se retrouver chez tous les êtres humains, ils sont présents de façon anormalement prononcée et prolongée chez ceux qui sont atteints d'un TDAH. Ils sont également présents dans toutes les circonstances de la vie. Présent souvent plus chez l'enfant que chez l'adulte, le TDAH a d'ailleurs été beaucoup plus étudié chez l'enfant. Il persiste toutefois à l'adolescence dans 40 % à 70 % des cas et jusqu'à l'âge adulte chez la moitié des enfants qui en sont atteints. Le méthylphénidate est le médicament le plus employé en cas de TDAH. Il ne guérit pas le trouble et ne prévient pas sa persistance à l'âge adulte, mais il en réduit les symptômes tant que la personne est sous traitement. « Malheureusement, ces médicaments ne sont présents pas sur le marché marocain depuis toujours. On a demandé et redemandé sans aucune réponse. Les familles souffrent et les enfants également », déplore la manifestante. « Ces enfants sont très intelligents, le seul souci qui entrave leurs vies est le manque des médicaments. Pourquoi ce médicament n'est pas autorisé au Maroc alors qu'il est valable dans les autres pays africains et européens ? », a demandé Badria Alami, maman d'un enfant atteint du TDAH. En effet, ces médicaments apaisent la personne, améliorent sa concentration et lui permettent de vivre davantage d'expériences positives. Chez l'enfant, on observe souvent une amélioration des résultats scolaires et les relations sont aussi plus harmonieuses avec les parents et les amis. Cette indisponibilité des médicaments représente une charge supplémentaire pour les familles en souffrance qui doivent aller chercher le traitement en Espagne ou en France. Cette éventualité n'étant pas à la portée de tous, nous nous retrouvons devant une forme de discrimination qui porte directement atteinte aux droits des enfants de recevoir des soins adaptés dans leur propre pays et qui soient disponibles pour tous.