Suite aux déclarations du président Tunisien Kais Saied, les migrants africains en Tunisie « vivent dans la peur« . Selon le quotidien belge « Le Soir« , Kais Saied « voit dans leur présence un complot visant à transformer la composition démographique du pays« . Dans un article intitulé « Les Subsahariens traumatisés par les propos du chef de l'Etat« , « Le Soir » rapporte que depuis le milieu de la semaine, les migrants subsahariens sont devenus quasiment invisibles dans les rues des banlieues de Tunis, où résident la plupart des Subsahariens de la capitale. Depuis la publication mardi dernier d'un communiqué de la présidence de la République à l'issue d'un conseil national de sécurité, appelant à prendre des »mesures urgentes » contre l'immigration clandestine, le correspondant du journal belge à Tunis rapporte que » les étudiants africains désertent les cours. Ils restent terrés chez eux, par peur tant des arrestations que des agressions« , faisant état d'une « montée de violence » à l'égard des ressortissants subsahariens. Ainsi, le président Kais Saied a décrit le phénomène migratoire « dans une rhétorique empruntée à la théorie du + grand remplacement +« , appelant à une application stricte de la loi, souligne Le Soir, rappelant que ces propos ont été dénoncés comme « haineux et racistes » par la présidence de l'Union africaine. Par ailleurs, la publication indique que la vision du chef de l'État tunisien semble largement inspirée d'un »rapport » que lui a adressé un micro-parti, le parti national tunisien, à l'origine d'une pétition demandant »l'expulsion de la colonie de migrants subsahariens ». Selon le quotidien belge, ces violences xénophobes prolongent une vague de contrôles et d'arrestations par les forces de l'ordre à travers le pays, précisant que la semaine précédant la déclaration présidentielle, plus de 300 migrants auraient été arrêtés, d'après les chiffres du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES). Ce tournant répressif contre les migrants dans une atmosphère xénophobe, poursuit Le Soir, intervient alors que cinq opposants à Kais Saied, arrêtés dans la semaine, ont été placés samedi sous mandat de dépôt par le pôle judiciaire antiterroriste, » augurant d'une tournure de plus en plus répressive « . Ainsi, entre 21.000 et 59.000 Subsahariens résideraient en Tunisie, soit comme étudiants, soit sur un parcours migratoire vers l'Europe interrompu par les obstacles à la traversée de la Méditerranée, d'après des sources du journal belge. Pour rappel, Kais Saied avait présidé, le 21 février, « une réunion du Conseil de sécurité nationale « consacrée aux mesures urgentes qui doivent être prises pour faire face à l'arrivée en Tunisie d'un grand nombre de migrants clandestins en provenance d'Afrique subsaharienne ». Un communiqué de la présidence avait précisé que lors de cette réunion Saied a tenu un discours extrêmement dur sur l'arrivée de « hordes des migrants clandestins » dont la présence en Tunisie est « source de violence, de crimes et d'actes inacceptables ». Insistant sur « la nécessité de mettre rapidement fin » à cette immigration, il a soutenu que cette immigration clandestine relevait d'une « entreprise criminelle ourdie à l'orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie »», afin de la transformer en un pays « africain seulement » et estomper son caractère « arabo-musulman ». Il avait en ce sens appelé les autorités à agir « à tous les niveaux, diplomatiques sécuritaires et militaires » pour faire face à cette immigration et à « une application stricte de la loi sur le statut des étrangers en Tunisie et sur le franchissement illégal des frontières ». « Ceux qui sont à l'origine de ce phénomène font de la traite d'êtres humais tout en prétendant défendre les droits humains », a-t-il encore dit. Vives condamnations Ce discours avait été largement dénoncé par différentes chancelleries africaine, mais également par la présidence de l'Union africaine (UA). Dans ce sillage, la ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur, Aissata Tall Sall, a affirmé que les propos de Kaïs Saïed à l'égard des migrants subsahariens sont d'une ''violence inouïe'' et ont choqué plus d'un. Elle a ajouté que l'Afrique est un continent où plusieurs races et ethnies cohabitent au sein d'un même pays. ''Notre pays, qui vient de quitter la présidence de l'Union africaine, a le devoir de le rappeler sans cesse à l'endroit de de nos populations et de nos peuples'', a-t-elle lancé. Dans un communiqué, le ministère sénégalais des Affaires étrangères a annoncé la mise en place d'une cellule de crise dont la mission est d'assurer, à partir de l'ambassade sénégalaise en Tunisie, la protection des Sénégalais établis dans ce pays d'Afrique du Nord. « L'ambassadeur du Sénégal en Tunisie a été instruite de mettre en place une cellule de crise pour assurer la protection de nos ressortissants et de leurs biens », a ajouté le ministère.