Doucement mais certainement, l'Algérie dirigée par le duo Tebboune / Chengriha est en train d'embrasser un nouveau statut, en rupture avec la communauté internationale, semblable à celui de l'Iran, de la Syrie ou de la Corée du Nord. Ce constat n'est ni une vue de l'esprit issue d'une méconnaissance hasardeuse de la situation ni une exagération dans l'analyse, le fruit d'un opposant coincé dans ses ornières. Il s'agit d'une lecture de la situation qui montre que le régime algérien est en train de brûler toutes ses relations internationales. Avec le Maroc la rupture est structurelle et fait partie de l'ADN politique du régime. Tous les choix du régime algérien sont dictés par la seule défiance à l'égard du voisin marocain. Cela a été spectaculairement démontré lorsque voulant afficher une virilité agressive, voire punitive, Alger avait décidé de fermer le gazoduc Maghreb-Europe (GME) passant par le territoire marocain. Une décision perçue comme suicidaire dans le contexte international actuel. Avec la France, un pas en avant, dix pas en arrière comme vient de le montrer la décision de rapatrier pour consultation l'ambassadeur algérien à Paris. Sur fond de l'affaire Amira Bouraoui, le régime algérien est monté sur ses grands chevaux pour menacer la France de rupture et de représailles. Paris tente d'ignorer cette montée d'adrénaline algérienne, la mettant sur le compte d'un probable dysfonctionnement psychiatrique de sa classe dirigeante. Dommage collatéral de cette crise avec Paris, des relations tendues avec le voisin tunisien. Aux yeux d'Alger, le président Kais Saied doit payer pour ne pas avoir répondu aux adjonctions algériennes de lui remettre Amira Bouraoui, préférant satisfaire les demandes de Paris. Début de la vengeance algérienne, des complications douanières pour les ressortissants tunisiens revenant d'Algérie et une baisse significative, sous de faux prétextes, de livraison de gaz algérien à la Tunisie. Kaïs Saïed avait beau sacrifier son ministre des affaires étrangers Othmane Jerandi, Alger ne décolère toujours pas contre la Tunisie confirmant cette accusation tenace de la considérer non pas comme un pays indépendant et souverain, mais comme une province algérienne. Sur une toute autre échelle, Alger a provoqué une sourde crise avec la Russie. En jeu, des manœuvres militaires communes clandestines avec les soldats de Vladimir Poutine à la frontière avec le Maroc. Sous pression de Washington qui menaçait de sanctionner le régime, Alger a dû s'engager auprès des autorités américaines d'annuler ces manœuvres. Or pour garder sa relation privilégiée avec Moscou, l'armée algérienne les a maintenues dans le plus grand secret. Et c'est le ministre des affaires étrangères russe Sergueï Lavrov qui a vendu la mèche, dévoilant par la même occasion le mensonge et la duplicité algérienne devant la communauté internationale. C'est une situation politique et diplomatie unique que vit actuellement l'Algérie avec son environnement international. Elle se distingue par le défi à cette communauté internationale basée sur une logique insensée qui donne cette solide impression que les dirigeants algériens vivent hors du temps et des enjeux actuels. A travers ses comportements et ses choix agressifs, le régime algérien est en train de devenir en soi un facteur de défiance et d'instabilité régionale. Son alliance assumée avec un autre pays banni par la communauté internationale, l'Iran, est de nature à susciter toute sorte de méfiance qu'elle soit d'origine arabe européenne ou américaine. L'influence croissante du régime iranien sur les cénacles politiques et militaires algériens est source de préoccupations et d'angoisse internationale. Sur fond de cette crise de confiance avec la communauté internationale, Abdelmadjid Tebboune est actuellement à la recherche d'un second mandat et demande pour cela l'aide, notamment de la France. Il est fort à parier que les puissances qui s'apprêtent à fournir une aide politique à ce régime Tebboune/Chengriha et lui garantir les conditions d'une régénération doivent prendre en considération les risques de tensions et de rupture qu'une telle continuité implique. Aujourd'hui la photo politique algérienne est des plus limpides. Une rupture avec le Maroc avec menaces de guerre, une crise ouverte avec la France et la Tunisie, une tension lourde avec Washington et Moscou, une défiance structurelle à l'égard du monde arabe, une méfiance de plus en plus ouverte avec l'environnement africain... autant d'éléments et de comportements de ruptures qui mettent l'Algérie sur le chemin d'un Etat en total antagonisme avec son voisinage.