Mieux comprendre et connaitre les Marocains du Monde (MDM), renforcer la protection des droits, soutenir et encourager la contribution des talents expatriés au développement du Royaume, coconstruire des liens innovants... Le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), a plaidé, ce mercredi à Rabat, pour la mise en place d'une architecture institutionnelle renouvelée des politiques et dispositifs dédiés aux Marocains du monde. Lors de la conférence de presse tenue, ce mercredi 21 décembre au siège du CESE, le Conseil a présenté les conclusions de son avis sur la valorisation du lien intergénérationnel avec les Marocains du monde. Il est à noter que l'avis, qui s'inscrit en ligne directe avec le discours royal du 20 août 2022, porte sur le contenu multidimensionnel du lien entre les Marocains du Monde et le Maroc, sur les facteurs définissant la particularité et la profondeur, et sur les voies et moyens pour renforcer la vitalité et en préserver la durabilité. « C'est un travail qui nous a pris deux mois. Nous avons utilisé l'approche participative classique, nous avons fait beaucoup de séance d'auditions et nous avons écouté les MDM, au Canada, en Europe, aux Etats-Unis... Nous avons mis sur le web un questionnaire en 7 langues et nous avons eu plus de 91.000 interactions, 5.000 réponses venant de 53 pays et nous pouvons dire que nous connaissons bien le sujet aujourd'hui« , a confié Ahmed Réda Chami, président du CESE, dans une déclaration à Hespress FR. Souhail Rmidi « On était agréablement surpris de voir que 93% d'entre eux définissaient le lien avec le Maroc comme fort et ils demandaient qu'il soit encore plus renforcé. Et pour creuser un peu plus, on leur a demandé de nous définir les éléments qui les rendent fiers du Maroc, ils nous ont ainsi cité l'institution royale ou la monarchie en la personne de Sa Majesté le Roi, ils nous ont parlé de la culture marocaine, riche et variée et des avancées réalisées dans différents domaines, notamment les infrastructures et les droits de la femme« , poursuit le président. Quant aux problèmes rencontrées ainsi que les attentes des MDM, Réda Chami précise que les réponses étaient variées et reposaient surtout sur le côté culturel puisque ces derniers trouvent toujours des difficultés à faire apprendre l'arabe à leurs enfants, également sur les services administratifs et consulaires « même s'ils se sont améliorés mais nécessite encore plus de travail à faire » et notamment sur les difficultés à investir au Maroc et souligne en ce sens qu'il faut créer un fond « pour accueillir les contributions et donc qui permettra d'investir dans les domaines productifs ». Mounir Mehimdate « C'est pour cela que nous avons fait des propositions intéressantes dont le schéma institutionnel. Aujourd'hui, il y a plusieurs intervenants avec des compétences qui se recoupent parfois, avec le manque de coordination et beaucoup de moyens qui sont là, mais qui ne sont, peut-être, pas utilisés et pour ce, nous disons qu'il faut un ministre délégué en charge des MDM auprès du ministère des affaires étrangères. C'est lui qui établit la stratégie et qui se charge de son implémentation« , ajoute Réda Chami en indiquant qu'il faut également créer un portail unique « marocdumonde.ma » pour que chaque MDM puisse y trouver tout dont il a besoin. A cet égard, le président du Conseil a recommandé d'ériger la Fondation Hassan II pour les MRE en tant qu'établissement public stratégique, qui représentera l'opérateur et le bras opérationnel de la mise en œuvre de la stratégie MDM, en concertation avec les autres acteurs et parties prenantes, ainsi que la création des antennes de l'institution publique stratégique au sein des Ambassades du Royaume chargées du déploiement de la stratégie MDM au niveau du pays hôte. Souhail Rmidi Ainsi, Fouad Ben Seddik, membre du Conseil, Catégorie des Experts et qui s'est occupé de la rédaction de l'avis a expliqué à Hespress FR que le rapport a été organisé en quatre parties, « la première a porté sur l'amélioration, autant que possible, de la connaissance de la situation des MDM, et surtout sur une exploration de leurs attentes, de leurs perceptions. Nous avons fait cela à partir d'un questionnaire en ligne sur la plateforme Ouchariko où nous avons reçu pas mal de réponses, et de ce point de vue c'est un succès technique pour le Conseil« . Grâce au questionnaire, « nous avons pu dégagé un certain nombre de constats. Les Marocains sont, et demeurent, où qu'ils soient dans le monde, profondément attachés à la pérennité des liens avec leur pays d'origine, mais leurs aspirations changent. Ils veulent des liens rénovés même si la plus grande partie d'entre eux n'aspire pas à retourner s'installer définitivement au Maroc mais aspire à des liens réguliers qui peuvent être économiques ou culturels« , clarifie Ben Seddik. Mounir Mehimdate L'expert met en avant le fait qu'il y a des marocains « qui réussissent et il faut favoriser leur contribution au développement du pays, il y a aussi des marocains qui sont en difficulté et qu'il faut accompagner, protéger et assister« , notant qu'il existe « des mécanismes financiers qui, aujourd'hui, sont complètement caducs et très insuffisants. Il faut savoir que les MDM contribuent à 7,5% du PIB et représentent 15% de la population et il est possible d'avoir une contribution plus durable à la condition d'améliorer ces mécanismes« .