Décidément la diplomatie algérienne ne semble pas avoir peur de s'encombrer d'ennemis. Après le coup de gueule de 2016 avec Paris, c'est au tour de la Suisse de faire les frais de la foudre d'Alger. Motif : La justice suisse aurait l'intention de rouvrir le dossier des poursuites à l'encontre du général Khaled Nezzar. Du coup, l'Algérie a décidé de réduire au niveau le plus bas ses relations avec la Confédération helvétique. Le site d'information algérien TSA, rappelle à cet égard que Khaled Nezzar avait été interpellé en Suisse en octobre 2011 après une dénonciation d'une association suisse et deux plaintes déposées par des supposées victimes des années noires. Il avait été placé en garde à vue pendant 36 heures. Le 4 janvier 2017, le ministère public de la Confédération (MPC) clôt l'instruction et refuse de retenir la notion de conflit armé non international pour qualifier la situation régnant en Algérie durant les années 1990 et classe l'affaire. Le 6 juin 2018, coup de théâtre ! Le Tribunal pénal fédéral (TPF) annule l'ordonnance de classement reconnaissant qu'un conflit armé existait bel et bien en Algérie au début des années 1990 et que le Général Khaled Nezzar « était conscient des crimes massifs commis sous ses ordres ». En novembre 2017, le quotidien suisse Le Temps révélait que le pouvoir algérien avait fait pression sur la Suisse afin que soient abandonnées les poursuites lancées contre le général Nezzar. De son côté, l'ambassadeur de Suisse en Algérie, Muriel Berset Kohen, a carrément parlé de « bombe à retardement » en évoquant cette affaire en mars 2016 lors d'une réunion avec le ministère public de la Confédération helvétique. Pour elle, l'affaire Nezzar représente « une bombe à retardement en ce qui concerne les relations bilatérales entre la Suisse et l'Algérie, un handicap que la Suisse aurait à gérer dans ses relations diplomatiques ». C'est que le Général Nezzar n'est pas n'importe qui, et politiquement parlant, son affaire est très sensible. Nezzar, que les les Algériens surnommaient « Rab Dzaïr – le dieu de l'Algérie », incarne, en fait, le choix fait par l'Algérie de lutter contre les terroristes pendant les années noires (...) Ce choix a été fait par le pouvoir qui est toujours en place actuellement. Donc difficile à gérer tout ça. Pour le moment, les relations diplomatiques sont froides, mais elles sont là, pas de rupture et pas de rappel. Un niveau réduit de représentation, mais on ne sait pas à quel point. Par contre, les liens économiques eux semblent réellement souffrir de la crispation, en ce sens que des dossiers économiques qui étaient en cours, n'ont pas avancé depuis le déclenchement de cette affaire. Pour rappel, un vent de froid avait soufflé sur les relations, pourtant solides, entre Alger et Paris, en avril 2016. Le chef de gouvernement de l'époque, Manuel Valls, venait d'achever une visite à Alger, au cours de laquelle il avait été reçu par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. Geste maladroit ou sournois ? Toujours est-il que Valls avait eu la bonne (ou mauvaise ?) idée de publier un tweet de cette entrevue et qui avait été jugé « ridiculisant le président algérien » car montrait un Bouteflika visiblement très affaibli. Echanges économiques, humains et sécurité : la relation franco-algérienne est forte, historique et stratégique. pic.twitter.com/7w640KQyNI — Manuel Valls (@manuelvalls) April 10, 2016 La toile avait vite réagi entre défenseurs du chef de l'Etat et mécontents qui l'accusaient, lui, de ridiculiser tout le pays. Réaction d'Alger : La Présidence algérienne a décidé de transférer Abdelaziz Bouteflika de sa clinique parisienne Val-De-Grâce, vers un autre établissement, cette fois-ci.... en Suisse.