Le rideau est tombée sur la campagne betteravière de la région Doukkala Abda, enregistrant un total de 800.000 tonnes de betterave à sucre traitées, soit près de 75 T/ha. Un bilan légèrement en hausse par rapport à l'année précédente, malgré une conjoncture particulièrement difficile, marquée par une pénurie d'eau, mais aussi par une diminution du nombre d'agriculteurs et par la hausse des prix des engrais azotés. Lancée le 21 mai pour une durée de deux mois, la campagne a concerné une superficie cultivée de 12.840 ha, répartis sur 3.444 parcelles, affirme Abdelkader Kandil, président de l'Association des Producteurs de Betterave Doukkala Abda. Et d'ajouter que le déficit pluviométrique bien élevé par rapport à la campagne agricole précédente, n'a pas été sans impact. « Il s'est fait ressentir principalement sur les cultures sucrières, dont le programme a été réduit, pour bénéficier uniquement aux agriculteurs en périmètre irrigué à partir des eaux souterraines ». Pour sa part, Abdelhadi Hasnaoui, directeur de sucrerie des Doukkala, a indiqué que face au manque de pluie « la Cosumar a déployé d'énormes efforts en termes de financement des puits, mais aussi de l'énergie électrique et d'autres matériaux de pompage, pour assurer le bon déroulement de la campagne betteravière 2021-2022 ». Par ailleurs, face à la diminution du nombre d'agriculteurs, à la pénurie d'eau d'irrigation, à la hausse du prix de l'azote, ainsi qu'à sa sous-utilisation, la Cosumar a mis en place un système basé sur la technique de la condensation des cultures. Celle-ci consiste à « augmenter le peuplement par hectare, diminuant ainsi l'espacement entre les plantes afin de réduire les pertes en tonnage à hauteur de 20% », a assuré, de son côté, Omar Amrani, agriculteur à Oulad Amrane. Commentant les prix particulièrement élevée des engrais azotés (notamment l'urée 46), Abdelhak Grich, producteur de betterave à Sidi Bennour, a souligné qu'entre mars 2021 et mars 2022, le prix de l'urée 46 a en effet grimpé de 225% sur le marché mondial. Cependant, le taux de sucre enregistré lors de cette campagne reste, selon la quasi totalité des producteurs approchés, l'une de leurs rares consolations. Avec un taux de sucre de l'ordre de plus 18% contre 17% et 16%, respectivement en 2020 et 2021, le stress hydrique a en effet eu un impact positif sur la betterave sucrière. « La pénurie d'eau par plante, lui a permis de sécréter une plus grande quantité de sucre », s'est réjoui Omar Amrani.