Après l'assaut contre la clôture séparant Nador du préside occupé de Melilla, perpétré le 24 juin dernier, par un groupe de migrants, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) a dépêché une mission d'information pour s'enquérir de la situation sur place. La mission a élaboré des conclusions préliminaires, communiquées ce mercredi 13 juillet par la présidente du Conseil, Amina Bouayach, lors d'une conférence de presse. Dans ses conclusions, la mission a notamment tenu à lever toute ambigüité concernant certaines informations qui ont eu pour effet de créer une profonde confusion auprès de l'opinion publique nationale et internationale. Le Conseil réfute à cet égard toutes les allégations liées à l'utilisation des balles réelles et aux insuffisances des soins médicaux, regrettant en ce sens que ces affrontements douloureux et regrettables aient été accompagnés par la dissémination de fake news, de fausses images et de publications mensongères sur les réseaux sociaux. Les forces de l'ordre ont utilisé des matraques et du gaz lacrymogène, insiste le rapport sur la base de témoignages recueillis sur place. Tout en soulignant que cet incident « constitue un précédent eu égard à la stratégie adoptée, l'ampleur et le nombre de migrants impliqués et le nombre de victimes et de blessés, etc », le CNDH rappelle que 23 migrants sont décédés et 217 personnes ont été blessées, dont 140 parmi les membres des forces de l'ordre et 77 parmi les migrants. Les forces de l'ordre ont eu recours au gaz lacrymogène et autres armes non létales pour faire face aux tentatives massives, relève le rapport de la mission, notant que les migrants ont utilisé des pierres, des bâtons et des outils tranchants pour prendre d'assaut la clôture séparant Nador et Melilla. Selon les conclusions de la mission, les données collectées et les témoignages recueillis sur les méthodes adoptées pour franchir la clôture métallique ont permis d'élaborer un cadre général chargé d'enseignements relatifs aux formes, évolutions et mutations qui caractériseront inévitablement les futures tentatives menées par les migrants. Ainsi, soutient le rapport, les décès enregistrés ont été causés par asphyxie mécanique sur suffocation provoquée par la bousculade et l'agglutination du nombre important de victimes dans un espace hermétiquement clos (catastrophe de masse), avec mouvement de foule en panique. Les soins médicaux nécessaires ont été apportés aux blessés et les interventions chirurgicales ont été assurées au Centre Hospitalier Régional de Nador et au CHU Mohamed VI d'Oujda, assure encore la mission, qui relève, à l'opposé « la réticence des autorités espagnoles à fournir l'assistance et les secours nécessaires ». « Selon des informations recueillies, en particulier de la part d'organisations non gouvernementales, la commission invoque l'hypothèse de survenance de violences derrière la clôture en raison de la réticence ou de l'hésitation des autorités espagnoles à fournir l'assistance et les secours nécessaires, malgré les bousculades et l'accrochage des migrants devant les portes tourniquets restés hermétiquement fermées, ce qui a eu pour effet probable une aggravation du nombre de décès et de blessées », fait noter le rapport. Par ailleurs, citant des témoignages le Conseil note l'émergence d'un changement fondamental marquant les tentatives de passage de Nador à Melilla, en lien essentiellement avec la forme adoptée, à savoir un assaut soudain, bien organisé et inhabituellement mené durant la journée, ayant ciblé le passage et non la clôture grillagée et ayant tenté de forcer le passage au lieu d'escalader le grillage. Et de souligner que les affrontements, qui constituent un précédent inédit au niveau des tentatives visant à franchir la clôture séparant Nador et Melilla ont été caractérisés par une violence aigue simultanément perpétrée par un très grand nombre de migrants (estimés à environ 2000 personnes) armés de bâtons, de pierres et d'armes tranchantes.