Le Wali de la banque centrale marocaine, Abdellatif Jouahri, a annoncé que le Maroc se dirigeait vers l'instauration d'un cadre réglementaire pour les cryptomonnaies. Un comité spécialisé est en train de réfléchir à ce sujet. Plus de 6 millions de dollars de Bitcoin sont échangés au Maroc, et plus de 2 millions de dirhams chaque semaine en autres cryptomonnaies. Lors d'un point de presse à l'issue de la deuxième réunion trimestrielle de 2022 de Bank Al Maghrib, le chef de la banque centrale a confirmé que la réglementation des cryptomonnaies avait dépassé le stade de l'étude, et qu'un avant-avant projet de loi existait déjà. En outre, un comité est en train de travailler à la question, cela en permettant la protection du consommateur et en permettant le développement de la technologie et de l'innovation. M. Jouahri a déclaré à ce titre, que pour mettre en œuvre ce projet, plusieurs éléments seront pris en compte, tels que les expériences mondiales en la matière. Il a indiqué qu'un travail comparatif est en train de se faire en collaboration avec le fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, avec qui, les autorités marocains sont en consultations. Estimant que de nombreux experts internationaux exhortent à créer une réglementation mondiale en termes de monnaies numériques, le chef de BAM, a expliqué que la mise en place d'un cadre réglementaire, déjà au au niveau nationale, permettra de mettre à jour la législation relative à la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Ces dernières semaines, Bank Al Maghrib, le Ministère de l'Économie et des Finances, et l'Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) ont tous les trois alerté sur les risques des monnaies numériques, notamment pour les consommateurs. Parmi les sources d'inquiétudes, le vide juridique ne protège pas les consommateurs contre les arnaques, la volatilité du cours des monnaies par rapport aux monnaies traditionnelles, et le détournement de ces monnaies pour financer des activités criminelles ou terroristes. Les autorités marocaines avait manifesté un intérêt pour encadrer le secteur par une loi déjà en janvier ainsi que lors de la première réunion trimestrielle du Conseil de Bank Al Maghrib. Ces échos ont été entendus autant par le Wali de Bank Al Maghrib que par la ministre de l'économie, Nadia Fettah Alaoui. L'intérêt grandissant des autorités porté aux monnaies numériques s'explique par un marché en développement au Maroc en dépit du fait que ces monnaies soient interdites depuis 2017. En effet, il s'agirait de 2% de la population marocaine qui possède des cryptomonnaies, ce qui représenterait 900.000 Marocains, selon la plateforme spécialisée Triple A. Le Maroc est également classé au 24e rang du classement 2021 de l'indice d'adoption globale des cryptomonnaies de la société américaine de recherche Chainalysis. Seulement au niveau du Bitcoin, le pays a enregistré un volume d'échange de 6 millions de dollars, soit le niveau le plus élevé de la région Afrique du Nord Au niveau continental, le Maroc est classé à la 4ème place, derrière le Nigeria, l'Afrique du Sud et le Kenya. Une place portée notamment par un volume d'échanges et de transactions de plus de 2 millions de dirhams chaque semaine via un seul et même site, et toutes monnaies numériques confondues.