Après un week-end de mobilisation dans tous les camps, place lundi à la campagne officielle, qui laisse aux candidats – dont le favori Emmanuel Macron- deux semaines pour sensibiliser des Français jusqu'ici plutôt en retrait. A treize jours du premier tour de la présidentielle le 10 avril, rien n'est encore plié. Mais les sondages d'intentions de vote se succèdent et placent, selon la dernière enquête Ipsos-Cevipof publiée lundi, le président sortant (environ 28%) loin devant la candidate d'extrême droite Marine Le Pen (17,5%). Celle-ci est talonnée par le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon (14%), l'ex-polémiste Eric Zemmour (11,5%) et la candidate de la droite Valérie Pécresse (10%) se disputant les quatrième et cinquième places. Près de quatre électeurs sur dix sûrs d'aller voter n'ont cependant pas encore fait leur choix. « Quand je vois ce niveau d'intérêt pour la campagne si faible, quand je vois un quart des Français qui pourrait encore changer d'avis (...), les choses peuvent quand même bouger », souligne le directeur de l'Ifop, Frédéric Dabi, sur Public Sénat, en ajoutant qu' »il pourrait y avoir encore des surprises ». L'abstention qui pourrait battre un record plane aussi ostensiblement sur cette présidentielle atypique. La crise sanitaire liée au Covid-19 et la guerre sur le continent européen, en Ukraine, ont écrasé une campagne qui a tardé à vraiment décoller, malgré des candidats faisant feu de tout bois. Macron en terre socialiste Quand Jean-Luc Mélenchon, le mieux placé à gauche selon les sondages, réunissait dimanche des milliers de personnes sur le Prado à Marseille, l'un de ses rivaux, Yannick Jadot, remplissait le Zénith à Paris pour le plus gros meeting de l'histoire de l'écologie française avec entre 3.500 à 4.000 personnes. Le leader Insoumis a mis en garde contre « un second tour low-cost » entre Macron et Le Pen, lui qui avait raté de justesse la marche du second tour en 2017. Le candidat d'extrême droite Eric Zemmour a fait le plein pour son rassemblement dimanche au Trocadéro, émaillé cependant de cris de « Macron assassin » qu'il n'a pas stoppés. « Soit Eric Zemmour n'a pas d'autorité sur ses militants, soit il cautionne ce type de propos; dans les deux cas, c'est assez inquiétant sur sa capacité à exercer les fonctions de président de la République », a estimé lundi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. La candidate du RN a elle vécu un week-end chahuté pour son premier déplacement en Guadeloupe, tandis que Valérie Pécresse, qui a contracté le Covid-19, a appelé lundi sur BFMTV et RMC à faire mentir « le scénario écrit d'avance », en marquant ses différences avec Emmanuel Macron et les candidats d'extrême droite. Dans ce contexte tendu, Emmanuel Macron se déplace lundi à Dijon, ville dirigée par le socialiste François Rebsamen qui a rallié le candidat, à la rencontre de lycéens. Il a fait de l'éducation l'un de ses axes prioritaires d'un éventuel second mandat. Dans la ville bourguignonne, il a aussi prévu une « déambulation » à la rencontre d'habitants et de commerçants, une première pour lui dans cette campagne a minima. Le candidat n'a tenu jusqu'ici que deux rencontres avec le public, à Pau et à Poissy, et organise son premier, et peut-être dernier, grand meeting samedi prochain à l'Arena de Paris. Temps de parole et affiches Temps de parole, affiches officielles, clips: avec le début de la campagne officielle lundi, les candidats sont tenus de respecter des règles strictes. Fini les affichages sauvages ou les interviews tous azimuts. Le temps de parole des douze candidats à la présidentielle, du président Macron à la candidate de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud, est désormais décompté selon le principe d'égalité stricte, chacun disposant du même temps d'antenne dans les médias. Les candidats avoisinant les 1 ou 2% dans les sondages dénoncent cette difficulté à faire entendre leur voix, à l'image de Nicolas Dupont-Aignan qui a affirmé lundi sur France Inter qu'il menait « probablement » sa dernière campagne présidentielle. Lundi commence aussi le temps des clips de campagne sur les radios et télévisions, ainsi que des professions de foi dans les boîtes aux lettres des quelque 48,7 millions de Français inscrits en mars 2022 sur les listes électorales, selon l'Insee. La campagne officielle se termine le 9 avril à 00h00, soit la veille du scrutin. Le second tour est prévu le 24 avril.