Jason Burke journaliste au « The Guardian » un journal d'information britannique fondé en 1821 et dont la ligne éditoriale penche profondément vers le social-libéralisme, a commis dimanche un article pour le moins bien intrigant, sur le site internet d'un des journaux électroniques les plus lus au monde. « Mehdi Ben Barka, l'activiste marocain assassiné à Paris en 1965 était un héros de la lutte mondiale contre l'impérialisme », nous dit-il sauf que « des dossiers de services secrets tchécoslovaques jettent le doute sur le caractère notoire de cette icône politique » que nombre de Marocains aiment encore en tant que leader de l'opposition marocaine de naguère et héros de la "gauche" internationale. Mais il faut se placer dans l'espace et le temps pour cerner, cette gauche internationale de l'époque, du temps de Mehdi Ben Barka justement. Mis à part, la Chine dont on craignait l'éveil, il y a avait Cuba et son Fidèle Castro, le Vietnam qui a eu raison des Etats-Unis ainsi que d'autres pays encore. Mais à dire vrai, on y voyait plutôt le bloc de l'Est qui désignait l'ensemble des régimes communistes instaurés après la Seconde Guerre mondiale dans les pays d'Europe, placés sous le contrôle plus ou moins direct de l'Union soviétique (URSS) et situés à l'Est du Rideau de fer, et dont la Tchécoslovaquie, aujourd'hui scindée, faisait partie intégrante. Par ailleurs toujours dans ce contexte, l'Internationale socialiste se reconstitua après la Seconde Guerre mondiale, elle le fit sur une base clairement anticommuniste. La déclaration de son congrès constitutif (Francfort, 1951) dénonçait le communisme international comme « un nouvel impérialisme » fondé sur une « bureaucratie militariste et une police terroriste ». Le congrès exprima en outre sa solidarité avec tous les peuples souffrant sous la dictature, « qu'elle soit fasciste ou communiste », et luttant pour la liberté. Par la suite, l'Internationale socialiste salua les crises récurrentes à l'Est en condamnant la répression qui s'ensuivit (RDA en 1953, Hongrie en 1956 et la Tchécoslovaquie en 1968 lors du printemps de Prague. L'Internationale socialiste qui se plaçait sans ambiguïté dans le camp de la démocratie occidentale, ne faisait pas la différence pour le pouvoir tchécoslovaque communiste et qui s'en prenait à son peuple. Aussi, indexer Mehdi Ben Barka d'espionnage est un petit jeu en l'absence de clartés d'autres agences de renseignements, comme celle de la France plus impliquée qu'on ne le pense, des Etats-Unis et de la CIA d'aucuns prennent pour responsables, de l'URSS ou du Mossad que l'on a pointé à maintes reprises comme partie prenante dans son assassinat et qui n'ont pour l'heure guère l'intention de dévoiler les dossiers classifiés à propos. Notre journaliste se base sur les dires de Dr Jan Koura, professeur adjoint à l'Université Charles de Prague, qui aurait eu accès semble-t-il, au dossier de Ben Barka et en aurait recoupé 1.500 pages. Koura révèle que de nouvelles recherches dans les archives des anciens Etats satellites soviétiques sans pour autant les citer, ont révélé que l'intellectuel charismatique, propagandiste et organisateur politique pourrait également avoir été un espion. Pour nous autres ici-bled, c'est du remâché. Cela fait lurette que des infos quant à cela ont fuité sans que personne n'y voit une quelconque crédibilité. «Ben Barka est souvent décrit comme un combattant contre les intérêts coloniaux et pour le tiers-monde, mais les documents révèlent une image très différente : un homme qui jouait de plusieurs côtés, qui en savait beaucoup et savait aussi que l'information était très précieuse en cette période de guerre froide. C'était un opportuniste qui jouait à un jeu très dangereux », aurait déclaré le Dr Jan Koura qui aurait ajouté: « Il n'y a aucun doute sur la connexion tchèque. Tous les documents le confirment ». Les accointances entre Ben Barka et le StB (services secrets tchécoslovaques) cela fait à peu près une quinzaine d'années que l'on nous rabâche cela sans qu'aucun début de preuve n'ait été fourni. Et Koura de nous conter que les relations Ben Barka avec le StB ont commencé en 1960, lorsqu'il a quitté le Maroc pour échapper au régime de plus en plus autoritaire. Jan Koura après en avoir conté des vertes et des pas mûres dira in fine: « Ben Barka n'a jamais admis qu'il collaborait [avec les services de renseignement], et le StB ne l'a jamais répertorié comme un agent, juste comme un +contact confidentiel+. Mais il fournissait des informations et était payé ». Il remet une couche en ajoutant: « Il était très intelligent, un gars très intelligent. Il n'y a pas de document avec sa signature, il n'y a pas d'échantillons de son écriture. Il a été interrogé oralement pendant des heures... Parfois, il utilisait une machine à écrire mais refusait d'écrire quoi que ce soit à la main ». Pourtant Koura est moins convaincu de l'altruisme de Ben Barka. « Il y avait à la fois du pragmatisme et de l'idéalisme. Je ne le condamne pas. La guerre froide n'était pas seulement en noir et blanc », a-t-il déclaré. On retiendra cependant cette chute, « le StB a amené Ben Barka à Prague pour une semaine de formation en communications, codes, surveillance et contre-surveillance. C'était trop peu, trop tard, toutefois. Une semaine après avoir demandé une arme de poing au StB, Ben Barka a été enlevé et tué ». Les conclusions restent aux yeux de nombre de Marocains bien trop controversées. Cela étant, Ben Barka reste toujours un héros pour beaucoup à gauche, et sa famille nie catégoriquement toute accusation selon laquelle il aurait été impliqué dans l'espionnage ou aurait eu des liens étroits avec un Etat .