Le tourisme connaît une année compliquée. Les professionnels du secteur semblent encore naviguer dans des eaux troubles. Entre suspension de vols et manque de clarté de la part du gouvernement, le tourisme ne semble pas se remettre des blessures causées par la crise du coronavirus. La hausse des cas en Europe n'arrange la situation. La reprise sera-t-elle encore compromise par la pandémie ? Le tourisme au Maroc est confronté à de sévères restrictions depuis la propagation du coronavirus. Avec les récentes suspensions de vols, les experts du tourisme ont déclaré que Marrakech et sa région ont le plus souffert des suspensions. Marrakech, Essaouira et El Haouz comptaient sur le retour des touristes pour une reprise économique dans la région, mais l'industrie touristique au Maroc peine encore à rebondir en raison de la suspension constante des vols internationaux. Par ailleurs, l'aéroport de Marrakech-Menara connaît une baisse continue du nombre de vols hebdomadaires. Il est passé de 655 vols hebdomadaires à la mi-octobre à 516 vols dans la semaine du 15 au 21 novembre, puis à 488 vols cette semaine (du 22 au 28 novembre). Une situation qui continue de peser lourd chez les professionnels du tourisme, comme l'explique à Hespress Fr, Zoubir Bouhoute, expert en tourisme et directeur du Conseil Provincial du Tourisme (CPT) d'Ouarzazate. « Depuis la suspension des vols et la hausse des cas du coronavirus en Europe, la reprise du tourisme est compromise. Il y a eu d'abord la décision du Maroc de suspendre des vols avec plusieurs pays comme la France, la Russie, les Pay-Bas, l'Allemagne ou encore l'Angleterre. Ces participent à hauteur de 40 % du volume des touristes internationaux », déclare l'expert. L'Europe, un marché qui se perd pour le tourisme marocain La pandémie qui reprend de plus belle en Europe ne semble pas arranger les affaires des opérateurs touristiques au Maroc. En effet, l'Europe vit une cinquième vague dans l'épidémie de coronavirus. Après une accalmie cet été, le nombre de cas est en très forte augmentation. De nombreux pays prennent des mesures de restrictions, d'autres obligent à la vaccination. L'Autriche reconfinée, couvre-feu aux Pays-Bas, durcissement des restrictions dans d'autres pays de l'Union européenne, l'Europe est redevenue l'épicentre de l'épidémie de Covid-19. L'Autriche, encore elle, devenue le premier pays de l'UE à rendre la vaccination obligatoire pour toute la population, à partir de février. La France, elle, impose une troisième dose de vaccin aux plus de 65 ans pour l'instant, sous peine de perdre leur pass sanitaire. Mais, elle refuse l'idée d'un confinement des personnes non vaccinées, mesure « pas nécessaire en France » pour Emmanuel Macron. « La pandémie commence à regagner du terrain en Europe, comme on l'a vu en Autriche qui reconfine. Le cas de la France, dont le nombre de nouveaux cas a quadruplé et dépasse les 40 000 cas par jour, a déjà fait l'objet d'une suspension des vols par le Maroc », regrette Bouhoute. « Ce volume de contaminations en Europe, premier marché du tourisme pour le Maroc, fait souffrir le secteur qui aujourd'hui peine à reprendre une activité normale », a-t-il ajouté. Selon lui, « le Maroc, avec les nouvelles conditions d'accès au territoire, ne facilite pas les choses pour le tourisme ». « Les décisions hâtives prises par le Maroc en un laps de temps court, comme la suspension des vols, ne laissent pas le temps aux professionnels du secteur de trouver des solutions. La décision de basculer des pays vers la liste B et d'imposer de nouvelles conditions pèse également lourd. Cela crée un climat de méfiance pour les personnes désireuses de se rendre au Maroc qui craignent des fermetures soudaines », estime-t-il. L'expert dresse une triste conclusion pour le tourisme cette année et estime que les chiffres seront aussi bas que l'année 2020, considérée comme la pire pour le secteur lors de cette dernière décennie. « Nous allons conclure l'année 2021 comme on a conclu celle de 2020, avec une chute par rapport à 2019. En 2020, il s'agissait d'une perte de 80 % d'activité. Cette année ne sera pas meilleure, malgré une légère amélioration compte tenu de l'opération Marhaba. Elle a permis d'accueillir 2 millions de MRE », constate Zoubir Bouhoute. Des recettes touristiques en hausse, mais toujours insatisfaisantes Selon la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), les recettes touristiques se sont élevées à 15,9 milliards de dirhams (MMDH) au titre du troisième trimestre de 2021. Une hausse de 202 % par rapport au même trimestre de 2020. Ces recettes demeurent, toutefois, en baisse de 40,2 % comparativement à la même période de l'année 2019, relève la DEPF dans sa note de conjoncture de novembre 2021. Compte tenu de ces évolutions, le repli, en glissement annuel, de ces recettes s'est atténué à -6,1 % au titre des neuf premiers mois de 2021, après -58,1 % au premier semestre 2021. Comparées à leur niveau à fin septembre 2019, elles ont reculé de 58,9 %. Pour le seul mois de septembre 2021, ces recettes ont poursuivi leur amélioration entamée en juin dernier, enregistrant une appréciation, en glissement annuel, de 158,4 %, après +289,7 % en août, +144,2 % en juillet et +15,2 % en juin. Pour ce qui est des nuitées et des arrivées touristiques, elles ont atteint 2,9 et 1,63 million respectivement lors des deux premiers mois du troisième trimestre 2021. L'an dernier, elles atteignaient 1,08 et 1,58 million et 5,52 et 3,87 millions en 2019. À fin août 2021, le nombre des arrivées s'est renforcé, en une année, de 16,2 % à 2,1 millions, alors que celui des nuitées a accusé une légère baisse de 0,5 % à 5,6 millions.