Quelques jours avant le début de la COP 26 à Glasgow, en Ecosse, la Commission africaine de l'énergie (AFREC) (a) a voulu souligner que le gaz naturel pouvait jouer un rôle important dans le paysage énergétique africain. Le 25 octobre, l'AFREC a publié un communiqué de presse pour mettre en valeur une « note d'orientation politique sur l'énergie'' « qui avait été achevée en juillet 2021. Le changement climatique est largement causé par la production et la consommation massive des énergies fossiles, le pétrole, le charbon et le gaz naturel par ordre décroissant dans la consommation mondiale d'énergie. Dans le débat sur cette question clé, certains entendent donc réduire le plus fortement et le plus rapidement possible la part des combustibles fossiles, dont le gaz naturel, dans le bilan énergétique mondial. D'autres estiment que le gaz naturel est nécessaire dans la transition énergétique, car il génère moins d'émissions de CO2 que le pétrole et nettement moins que le charbon alors que le monde ne pourra pas se passer rapidement des énergies fossiles. Dans cette perspective, il vaut mieux favoriser le gaz, notamment pour le substituer au charbon dans la production d'électricité. Gaz naturel et bien-être à long terme L'AFREC a clairement pris position pour la seconde option dans ce débat très actuel. Commissaire aux Infrastructures et à l'Energie à la Commission de l'Union Africaine (UA), Amani Abou-Zeid a souligné que l'Afrique avait des ressources abondantes d'énergie, dont le gaz naturel, et que ces ressources pouvaient « transformer les vies et les opportunités économiques du continent ». Ces ressources peuvent être une source de prospérité, renforcer les liens entre pays africains par le biais du commerce, faire progresser le développement social et permettre à l'Afrique de moins dépendre du charbon de bois et du bois de chauffage, ce qui pourrait avoir des conséquences sanitaires favorables, en particulier pour les femmes et les enfants. Des ressources telles que le gaz naturel peuvent être utilisées pour « promouvoir le bien-être à long terme dans le cadre de la transition énergétique », a ajouté Mme Abou-Zeid. Le directeur exécutif de l'AFREC, Rashid Ali Abdallah, estime que le gaz naturel pourrait contribuer à améliorer de façon importante l'approvisionnement de l'Afrique en électricité. Mais certaines conditions doivent être remplies pour cela, dont le développement des infrastructures de transport, la création de marchés plus performants, l'intégration des niveaux nationaux, régionaux et continental pour la valorisation du gaz et l'accroissement de la connectivité gazière. Plus de pays africains doivent pouvoir profiter des avantages du gaz naturel Selon l'AFREC, les pays africains qui utilisent le gaz comme source de production d'énergie ont vu leur approvisionnement en électricité augmenter trois fois plus rapidement, au cours des dix dernières années, que ceux qui n'ont pas eu recours à ce combustible. Il est donc important pour l'AFREC de chercher à faire bénéficier un plus grand nombre de pays du continent du gaz naturel. La Commission appelle à juste titre les Etats africains à coopérer davantage pour construire les infrastructures requises en vue de développer les réseaux gaziers et les interconnexions électriques. Cela permettrait d'accroître l'accès des populations africaines à l'énergie tout en réduisant la dépendance du continent envers le pétrole et le charbon, donc en réduisant les émissions de CO2. L'AFREC appelle les pays africains à trouver un équilibre entre la volonté de vendre du gaz naturel à l'étranger pour accroître leurs recettes d'exportation et l'avantage que représente l'utilisation interne du gaz pour ''booster'' leurs économies. Elle demande également à ces pays de veiller à minimiser le gaspillage du gaz, tant au niveau de la production que de l'utilisation, ce qui inclut, bien sûr, le torchage du gaz associé au pétrole, un gaspillage économique et une source de pollution locale et globale. Il y a, donc, des conditions à remplir pour augmenter de façon très significative la contribution du gaz naturel à la satisfaction des besoins énergétiques de l'Afrique. Mais les Etats du continent ont bien l'intention de bénéficier des avantages du gaz. Juste avant la COP26, qui a débuté le 31 octobre, leur message était très clair. * Senior Fellow au Policy Center For The New South