Fortes rumeurs de délocalisation au Maroc, fermeture provisoire du site de Eisenach pour cause de pénurie de puces électroniques, projets de restructuration juridique... pour toutes ces bonnes raisons le puissant syndicat IG Metall a appelé à une journée d'action et de manifestation sur les sites d'Opel en Allemagne hier, vendredi 29 octobre. Selon le syndicat la journée a mobilisé près de 50 000 manifestants à travers l'Allemagne. A Frankfort, ils étaient quelque milliers à rallier la ville pour protester contre le démantèlement d'Opel. IG Metall a demandé plus de soutien Cela fait du remous, la classe politique demande à Stellantis de respecter les engagements sur l'emploi et IG Metall plus de soutien du futur gouvernement à les maintenir en Allemagne. Les salariés du constructeur allemand Opel racheté par PSA espéraient énormément de cette opération. Malheureusement, moins de cinq ans plus tard c'est la désillusion. Pénurie de semi-conducteurs, transferts de production vers d'autres sites, chômage partiel et les rumeurs persistantes stipulant une délocalisation de la production au Maroc, où le centre d'ingénierie et de production de Kenitra pourrait être agrandi, ont eu raison du sentiment de confiance dans le dénouement favorable d'une situation qui va en s'empirant pour les employés d'Opel. Par ailleurs, il est une autre inquiétude quant à l'aspect juridique de la chose et à l'indépendance des usines. Une fois réalisée les ateliers devraient être rattachés à des entités appartenant à Stellantis et non plus à Opel Automobile GmbH. Les syndicalistes y voient là un tremplin vers la fermeture des usines en Allemagne et à une délocalisation à grande échelle de l'activité industrielle d'Opel. «Les scissions et les délocalisations ne seront pas acceptées sans résistance», a prévenu Jörg Köhlinger, responsable d'IG Metall. Selon lui, la restructuration juridique est surtout un moyen d'échapper au système de cogestion, qui impose aux grandes entreprises que 50 % des sièges du conseil de surveillance reviennent aux représentants des salariés. «Stellantis continue d'imposer des décisions sans consulter les structures de négociation collective, a-t-il affirmé. La direction agit de manière opaque, ce qui alimente la peur des travailleurs». Il est également reproché de la part du syndicat chrétien CGM en Hesse cette crainte « que les sites de production allemands soient trop coûteux et qu'ils soient tout simplement vendus grâce à leur indépendance juridique » Durement affecté par la pénurie de semi-conducteurs, le groupe Stellantis a vendu 1 131 000 véhicules entre juillet et septembre 2021 pour un chiffre d'affaires ayant atteint 32,6 milliards d'euros au troisième trimestre de 2021, soit 27% de moins qu'au troisième trimestre de 2020 ce qui représente 14% sur un an. Les autres constructeurs ont également fait état de résultats moroses. Des résultats qui correspondent avec la chute de la production de 30% liée à la pénurie de semi-conducteurs. Cette dernière a engendré une perte de production de plus d'un demi-million de véhicules pour le groupe Stellantis au T3 2021. Et comme pour achever la bête, Stellantis a officialisé l'installation de sa troisième usine de batteries en Italie. Le constructeur automobile ne compte pas à s'arrêter en si bon chemin, le groupe Stellantis avait annoncé au début de l'été qu'il visait la construction de cinq usines de production de batteries en Europe et en Amérique du Nord. A l'horizon 2025, le groupe né de la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler Automobiles (FCA) compte investir plus de 30 milliards d'euros dans sa stratégie d'électrification et les logiciels.