Il est à l'origine du premier séisme qui a ébranlé la Macronie, l'ancien chargé de mission de l'Elysée, Alexandre Benalla, visé par six enquêtes judiciaires, dont une classée sans suite, devra répondre à partir d'aujourd'hui et durant douze jours jusqu'au 1er octobre, de « violences volontaires en réunion » et « immixtion sans titre dans l'exercice d'une fonction publique ». Autrement dit, il devra s'expliquer aux côtés de trois autres prévenus pour avoir brutalisé un couple lors des manifestations du 1er mai 2018 et utiliser des passeports diplomatiques. Il encourt jusqu'à sept ans de prison et 100 000 euros d'amende. Les déboires, d'Alexandre Benalla débutent le 20 juillet 2018, après la révélation par Le Monde de son intervention le 1er mai place de la Contrescarpe. En effet, il avait été identifié par le journal sur une vidéo où il apparaissait avec un casque des forces de l'ordre, brutalisant une femme et un homme, place de la Contrescarpe à Paris, à l'issue d'une journée de manifestation émaillée de heurts. En réalité c'est sur les réseaux sociaux qu'est née l'affaire Benalla. Le soir du 1er mai 2018, le journaliste Taha Bouhafs (reporter du site d'information Là-bas si j'y suis) poste la vidéo d'une scène de « violences policières ». Une silhouette trapue, sous un casque de maintien de l'ordre, se détache d'un groupe de CRS, place de la Contrescarpe (Paris, Ve), et saisit brutalement une jeune femme par le cou. Puis rosse un jeune homme à genoux, pourtant maitrisé par les CRS. « J'ai péché par ignorance et par naïveté », concédera, Alexandre Benalla dans son livre intitulé Ce qu'ils ne veulent pas que je dise, en martelant toutefois qu'il n'a rien fait de répréhensible ce jour-là. Des « gestes nécessaires » et non un « tabassage », a-t-il toujours affirmé. Il soutient avoir eu un « réflexe citoyen » en « interpellant » des « agresseurs de policiers ». A la fin du mois de décembre 2018, l'affaire prend une nouvelle ampleur avec Mediapart quand ce dernier révèle qu'Alexandre Benalla réalisait de nombreux voyages avec un passeport diplomatique, malgré son limogeage de l'Elysée. Une enquête est ouverte par le parquet de Paris dans la foulée. Aujourd'hui âgé de 30 ans, Alexandre Benalla s'est reconverti dans le privé (société de conseil en sécurité en Afrique avec Comya, une SARL fondée au Maroc en novembre 2018). Il assure que Comya emploie cinq salariés à temps plein et qu'elle lui a rapporté 450 000 euros en 2018. « Le but de Comya est d'être présent dans les 54 pays d'Afrique », déclare-t-il au Nouvel économiste. Alexandre Benalla est attendu à 13 h 30 au tribunal correctionnel de Paris pour une première audience consacrée aux questions de procédure et à un résumé des investigations. Quand l'affaire avait éclaté on l'avait dénoncée en tant qu'« affaire d'Etat ». Elle avait empoisonné l'exécutif pendant des mois, à la faveur de révélations dans la presse et des auditions de commissions d'enquêtes parlementaires. « Des erreurs ont été commises évidemment, par moi, c'est certain, mais il semble malgré tout que j'aie le dos bien large. Et je suis loin d'être le seul responsable de ce naufrage. Je suis le fusible utile du pouvoir », écrivait-il dans son livre paru fin 2019. Sa défense, devrait invoquer pour le premier chef d'inculpation une disposition du Code de procédure pénale autorisant, dans certaines circonstances, un citoyen à appréhender l'auteur d'un « délit flagrant ». Alexandre Benalla devra en outre répondre de l'utilisation de deux passeports diplomatiques après son limogeage de l'Elysée, lors de voyages en Afrique et en Israël. Il est aussi soupçonné d'avoir obtenu un passeport de service en produisant un faux, ce qu'il conteste, reconnaissant toutefois cette évidence. « Je suis borderline, c'est vrai. »