Le tribunal est allé au-delà des réquisitions : dix-huit mois de prison avec sursis avaient été requis contre l'ancien chargé de mission de l'Elysée, dont la peine d'emprisonnement ferme pourra être effectuée à domicile, sous bracelet électronique. Il a été au cœur d'une tempête politique majeure du quinquennat Macron. Le tribunal de Paris a condamné, vendredi 5 novembre, Alexandre Benalla à trois ans de prison, dont un an ferme, sous bracelet électronique. L'ex-chargé de mission de l'Elysée était notamment poursuivi pour «violences en réunion» et «immixtion dans la fonction de policier» lors de la manifestation de la Fête internationale des travailleurs de 2018 dans la capitale. Le jugement va bien au-delà des réquisitions du parquet : lors du procès, en septembre, le procureur avait demandé dix-huit mois d'emprisonnement avec sursis contre l'ancien proche collaborateur d'Emmanuel Macron, désormais reconverti dans le privé. M. Benalla était en outre mis en cause pour avoir porté un pistolet sans autorisation en 2017 à Poitiers, ainsi que pour avoir utilisé, après son licenciement, deux passeports diplomatiques lors de onze voyages et réalisé un faux document afin d'obtenir un passeport de service. Lors de l'audience, le parquet avait requis des peines complémentaires de 500 euros d'amende, une interdiction de toute fonction publique pendant cinq ans et de port d'arme pendant dix ans. Trois autres prévenus étaient poursuivis : deux policiers, Maxence Creusat et Laurent Simonin, ainsi que Vincent Crase, ami d'Alexandre Benalla et ancien employé de La République en marche. Vincent Crase, qui était absent au tribunal vendredi, a été condamné à deux ans d'emprisonnement avec sursis, assortis de l'interdiction de porter une arme durant dix ans et de 500 euros d'amende, selon les mêmes sources. Le ministère public avait requis en septembre un an de prison avec sursis à son encontre. Maxime Creusat est condamné à 5 000 euros d'amende, et Laurent Simonin écope de trois mois d'emprisonnement avec sursis ; ces deux peines ne seront pas inscrites à leur casier judiciaire. Passeports diplomatiques Décrivant un «raz-de-marée médiatique», un «cataclysme» pour un homme qui a été «diabolisé», la défense de l'ancien membre du cabinet d'Emmanuel Macron avait plaidé la relaxe pour toutes les infractions, à l'exception de l'utilisation frauduleuse – reconnue – des passeports diplomatiques. Ses avocats ont soutenu que lui et M. Crase avaient «aidé à interpeller» les auteurs d'un délit «flagrant», comme la loi l'autorise dans certaines circonstances, arguant que leurs gestes étaient «proportionnés». Prolixe à la barre, Alexandre Benalla a assuré avoir été «réglo, loyal, honnête» et a contesté toute «violence volontaire», affirmant avoir voulu « interpeller » des « agresseurs de policiers ». Le chargé de mission avait été identifié, le 18 juillet 2018, sur une vidéo dans laquelle il apparaissait, coiffé d'un casque des forces de l'ordre, en train de brutaliser une femme et un homme, place de la Contrescarpe à Paris, à l'issue d'une journée du 1er-Mai émaillée de violences. Membre du cabinet présidentiel, le jeune homme de 26 ans avait été intégré ce jour-là dans le dispositif policier en tant que simple observateur. L'article avait déclenché un séisme politique dont les répliques avaient secoué pendant de longs mois le sommet de l'Etat, de révélations de la presse en commissions parlementaires.