Entre autres dirigeants du PJD, Amina Maelainine et Abdelali Hamidine se sont distingués par l'acceptation de la défaite et l'appel à un moment d'évaluation et d'autocritique. Les réprouvés du PJD et les pro-Benkirane critiquent d'une manière acerbe la direction d'El Otmani après la déroute du 8 septembre. Dès l'annonce des résultats préliminaires actant une division par dix du score électoral du Parti Justice et Développement (PJD), passant de la première place avec 125 sièges en 2016 à 12 (13 sièges selon les chiffres actualisés), les réactions de certains dirigeants, notamment, les « réprouvés » ont enflammé la toile. Précis et concis, le membre du secrétariat général, Abdelali Hamidine, a souligné la nécessité pour le PJD de s'inscrire dans un effort d'autocritique après la déroute du 8 septembre. Lahcen Elomrani, premier vice-président du Conseil communal de Rabat, qui a été le premier à réagir juste après l'annonce des résultats a déclaré : « Nous avons perdu électoralement, et nous devons l'admettre, tirer les enseignements nécessaires, et surtout prendre les mesures pratiques nécessaires… La défaite est douloureuse, mais ce n'est pas la fin du chemin ». Pendant ce temps, la figure féminine des islamistes modérés Amina Maelainine a affirmé que « les Marocains ont sanctionné le PJD ». Maelainine prône une autocritique Considérant ces résultats comme « choquants, durs et inattendus même de la part des plus pessimistes », Maelainine a tenu à souligner qu'il s'agit « d'une description et pas d'une position » et que « la prise de position doit être à la hauteur de l'événement : le parti doit admettre sa défaite et étudier avec audace et courage ses causes profondes et apparentes ». « L'usage de l'argent et la non-remise des procès-verbaux sont des raisons, même si elles sont justes, qui ne peuvent en aucun cas justifier cette triste défaite d'un parti que la direction actuelle a pris grand, fort et cohérent, et qu'elle remet aujourd'hui faible et brisé », a lancé Maelainine à El Othmani. Avec son franc parler inégalé au sein de la formation islamiste, Maelainine a assuré que «la vérité est que notre parti était, au cours de la période écoulée, un grand parti avec une petite direction. Le Secrétaire général doit admettre la défaite du parti, présenter sa démission (ndlr ce qui a été fait) et demander un arrêt pour dresser le véritable bilan ». Loin de toute autoflagellation Tenant à souligner qu'il ne « s'agit pas d'une autoflagellation ou d'une tentative d'attribuer les échecs à la direction du parti », Maelainine a mis en garde contre « la création d'une nouvelle polarisation entre un courant qui critique la direction et un courant qui la défend ». « Nous avons expérimenté cette option et nous devons tirer les enseignements des résultats », a-t-elle soutenu. Pour elle, « le moment est celui de la reconnaissance des erreurs et de l'adoption de la vertu de la critique. Car, affirme-t-elle, aujourd'hui, il n'est plus possible d'exclure ceux qui adoptent cette option ou d'en abuser et de les harcelerau sein de l'organisation. « Ce fut l'une des raisons de la défaite : la sourde oreille face aux critiques sincères et l'accueil des voix d'acclamations et l'applaudissement d'un slogan politiquement et moralement lâche intitulé « le silence et la réalisation », a analysé Maelainine. Maelainine : il s'agit d'un vote sanction « Les Marocains ont sanctionné le PJD. C'est un fait qu'il faut bravement reconnaître comme début d'une réconciliation avec eux et avec soi. Pensons au nombre de voix et au comportement de l'électeur dans les villes, surtout dans la circonscription Rabat Océan », a-t-il dit faisant allusion à la défaite du SG Saâd Eddine EL Othmani à Rabat. « Les gens ont ressenti l'abandon par le parti des vraies batailles et son abandon de la politique avec une direction retirée, silencieuse et hésitante sur la plupart des questions fondamentales, alors ils l'ont abandonné », a affirmé cette pro-Benkirane. « La compétition n'était pas honnête, et le Chef du gouvernement a autorisé l'adoption de lois électorales désastreuses, il a également fait des concessions irréfléchies et a refusé de mettre en œuvre des exigences constitutionnelles qui auraient pu sauver le parti, et il a également adopté une logique d'exclusion de fer au sein du parti », a noté Maelainine en responsabilisant El Otmani et insinuant qu'il a une personnalité effacée. Les vrais partis s'affaiblissent, mais ne meurent pas « Nous avons besoin de sagesse et de perspicacité dans ces moments difficiles pour notre parti et nos militants, et il ne suffit pas de dénoncer les violations électorales, qui sont réelles et claires et n'honorent pas notre pays, mais les affronter aurait dû être avant aujourd'hui avec force, audace et clarté, car les mains tremblantes ne font pas l'histoire », a-t-elle dit accablant davantage El Otmani. « Nous devons saluer les militantes et les militants honnêtes du parti qui ont insisté à mener une campagne propre, même si la plupart d'entre eux n'étaient pas satisfaits des choix et de la ligne de la direction du parti depuis le dernier congrès », a-t-elle poursuivi. « Il faut faire preuve de considération et de solidarité pour surmonter cette circonstance difficile afin de réussir à reconstruire notre parti sur de nouvelles bases avec une nouvelle thèse et de vraies révisions, car les vrais partis s'affaiblissent, mais ne meurent pas », a conclu Maelainine.