L'ancien secrétaire général du Parti de la justice et du développement, Abdelilah Benkirane, n'est pas le seul à appeler Saâdeddine El Othmani à démissionner de la présidence de la formation islamiste, après la cuisante défaite aux élections du 8 septembre. Les résultats officiels, sur la base du comptage de 96% des voix, ont montré un Parti de la justice et du développement (PJD) en chute libre. La formation islamiste est passée de la première place aux élections législatives de 2016, avec 125 sièges à la Chambre des représentants, à la huitième avec 12 sièges seulement. Après dix ans à la tête du gouvernement, la Lampe se trouve avec un score qui ne lui permettra même pas de constituer un groupe parlementaire. Le site Internet du parti n'a encore publié ni les résultats des élections, ni un commentaire de son secrétaire général, Saâdeddine El Othmani. Avant l'annonce officielle des résultats, celui qui est également chef du gouvernement s'est plaint hier de certaines violations. Au final, ni le numéro un du PJD, ni son adjoint Slimane El Amrani n'ont pu recueillir le nombre suffisant de votes pour conserver leurs sièges de députés. Commentant la défaite historique du PJD aux élections générales du 8 septembre, son prédécesseur, Abdelilah Benkirane, a considéré important que «le secrétaire général assume ses responsabilités et présente sa démission de la direction du parti». En attendant la tenue d'un congrès, c'est le vice-secrétaire général qui devrait prendre les commandes. Benkirane : El Othmani doit quitter son poste à la tête du PJD A son tour, la dirigeante du parti, Amina Maelainine, a appelé El Othmani à démissionner. «La réalité est que notre parti était une grande formation avec une petite direction au cours de la période précédente. Le secrétaire général doit admettre la défaite du parti, présenter sa démission et appeler à une véritable pause d'évaluation», a-t-elle écrit, sur sa page Facebook. Un appel à la remise en question au sein du parti islamiste La députée a qualifié les résultats du PJD aux élections de «choquants, cruels et inattendus même pour les plus pessimistes». «Il faut être à la hauteur de l'événement : le parti doit admettre sa défaite et examiner avec audace et courage les causes sous-jacentes et apparentes», a-t-elle insisté. «Les Marocains ont sanctionné le Parti de la justice et du développement. C'est la vérité qu'il faut bravement reconnaître pour un début de réconciliation avec eux et avec soi-même. Il nous faut refléchir sur le comportement des électeurs dans les villes, en particulier dans la circonscription de Rabat-Océan.» Amina Maelainine Selon Maelainine, les citoyens «ont ressenti un abandon de la part du parti concernant les vraies batailles, avec un abandon de la politique et une direction aussi absente que silencieuse et hésitante sur la plupart des sujets fondamentaux». Par ailleurs, Amina Maelainine a reproché au Chef du gouvernement d'avoir permis «l'adoption de lois électorales désastreuses». Pour elle, «il a fait des concessions irréfléchies et a refusé de mettre en œuvre des exigences constitutionnelles qui auraient pu sauver le parti. Il a également adopté une logique d'exclusion de fer au sein du parti». Sur sa page Facebook, l'adjoint au maire de Rabat, Lahcen Lamrani, soutien de la liste PJD dans la circonscription de Rabat-Océan a déclaré : «Nous avons été battus aux élections et nous devons le reconnaître, tirer les conséquences nécessaires et surtout prendre les mesures pratiques qu'il faut». Tout en qualifiant la défaite de «douloureuse», il a estimé que ce n'était pas non plus «la fin du parcours». Egalement dirigeant au sein du PJD, Abdelali Hamieddine a appelé à «l'autocritique». Il s'agit du pire résultat enregistré par le PJD depuis sa première participation aux élections de 1997, au cours desquelles il avait remporté neuf sièges.