Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a annoncé vendredi dernier la nomination d'Alexander Ivanko, de la Fédération de Russie, en tant que nouveau Représentant spécial pour le Sahara et chef de la Mission des Nations Unies (Minurso). Il succède au Canadien Colin Stewart. Ivanko a servi comme chef d'état-major de la Minurso depuis 2009. Il cumule plus de 30 ans d'expérience dans les affaires internationales, le maintien de la paix et le journalisme, selon un communiqué de l'ONU. Cela étant, Mohamed Talib, membre du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (CORCAS) que Hespress.fr a sollicité, nous a entretenu sur la désignation d'Alexander Ivanko qui, in fine, aura été préféré à la Canadienne Elizabeth Sephar (Cheffe de l'UNFICYP (Forces des Nations Unis pour le maintien de la paix à Chypre) dont on disait qu'elle était la favorite. Représentant spécial : chercher l'erreur ! « D'aucuns n'ont pas fait la différence entre le représentant spécial et envoyé spécial et il est donc, de bon ton, de corriger la confusion. Le représentant spécial et Chef de la Minurso est désigné par le Secrétaire général de l' ONU, il a un statut d'envoyé permanent du SG et il est également chef de la mission, tandis que l'Envoyé spécial est élu par le SG et le Conseil de sécurité. En d'autres termes l'un est un gestionnaire administratif et l'autre est politique si l'on peut dire ». Ceci dit, poursuit notre interlocuteur, « le mandat du Canadien Colin Stewart étant terminé, il a fallu le remplacer. Le Secrétaire Général Antonio Guterres après l'avoir rencontré a, en toute logique, désigné Alexander Ivanko qui au passage était le Chef d'Etat-Major de la Minurso et donc, connait le terrain et maîtrise bien le dossier. Il aura un rôle de gestionnaire pour tout ce qui est du personnel, matériel, logistique, gestion administrative du contingent militaire, contingent civil, les audits... et il aura en charge de présenter des rapports entre les sessions du Conseil de sécurité sur le déroulement de la mission ». Et revenant sur l'envoyé spécial du SG de l'ONU, qui, au demeurant, n'a toujours pas été désigné, « il aura pour sa part un rôle de médiateur pour rapprocher les points de vue divergents entre les parties concernées ». Mohamed Talib, commentant la phrase de Omar Hilale « pour le Maroc, le différend régional autour du Sahara marocain est définitivement réglé. N'en déplaise à l'Algérie, le Sahara marocain a été totalement décolonisé », a eu cette réplique, « Oui bien sûr ! nous sommes sur le terrain et on le maîtrise, on a fait d'énormes avancées en tous points de vue. Même ce que nous appelons la zone tampon (1991), nous la maîtrisons, c'est fini le temps où les mercenaires pouvaient y entrer et se déplacer à leur guise, Lagouira et Guergarate c'est terminé elle sont entièrement sécurisées ». « Tout ce qui leur reste, dit-il, c'est une petite zone d'une quinzaine de kilomètres entre nous et le territoire algérien. Je ne veux pas anticiper mais il est fait état, d'une éventuelle opération pour repousser le mur de défense. Donc, ils ne leur restera désormais que l'Algérie qui s'en retrouvera face au mur –dans les deux sens du terme- et en cas d'hostilité du territoire algérien le Royaume pourra user de son droit de poursuite ». Le développement ennemi du Polisario et de l'Algérie « Ces deux dernières années, avec la volonté royale de transformer le sud du pays en +moteur de développement régional et continental+, le Maroc a fait une percée extraordinaire aussi bien diplomatiquement que sur le terrain. Silencieusement le Maroc va bon train dans son programme de développement et particulièrement dans ses régions du Sud (la double voie Tiznit-Dakhla en voie de finition, projet du train, le port Dakhla Atlantique, Gazoduc Nigéria-Maroc...). Voilà, construction de routes, aménagement des villes et des ports, création de parcs industriels, liaisons aériennes, sûr le développement est l'ennemi numéro un de l'Algérie et du Polisario. A un certain moment, le Royaume par rapport à son Sahara était sur la défensive, dans l'expectative de ce que dira, l'Algérie, les Etat-Unis, le CS ou l'ONU, aujourd'hui nous sommes sortis de cette philosophie en étant devenus actifs sur le terrain dans notre Sahara, nous décidons car nous détenons les ficelles ». Puis Mohamed Talib évoquant l'actualité de l'heure, à savoir, les élections, aura cette impertinence « On aura tout vu avec le Polisario protestant contre leur organisation, le Maroc lui délivre ce message on ne peut plus clair : c'est dans les régions du Sahara marocain qu'il y a le plus grand taux de participation. « Lors cette période il y a une ambiance et une effervescence ainsi qu'une rivalité politique loyale et passionnée entre candidats comme nulle part dans le Royaume. Au Sahara marocain, c'est la société tribale qui est dominante et les Sahraouis sont parfaitement intégrés dans le tissu politique marocain, aussi, à l'Est on n'aime pas cela. Cela se comprend pour le Polisario qui veut se considérer comme le seul représentant du peuple sahraoui car ça l'enrage quand les urnes sortent deux présidents Sahraouis de pure souche, des deux Régions sahraouies, Laayoune et Dakhla, sans compter les Législatives et les Communales où ce sont des Sahraouis qui veillent aux affaires de leurs administrés. De quelle représentativité parle le Polisario ? On sait comment cela se passe du côté de Tindouf, c'est l'Algérie qui décide de tout », conclut notre interlocuteur.