Lorsque j'analyse l'évolution de l'enseignement marocain durant ces dernières décennies, je constate une aggravation progressive de ses troubles qui le conduisent sombrement vers un trouble encore plus grave, la pathologie anti-sociale. Le début de la maladie de l'enseignement marocain remonte à sa dichotomie en école privée et école publique. La première souffre de sadisme et la deuxième de masochisme. Toutes deux, participent à la déstructuration de la société et son anéantissement. Evidement je ne parle pas du développement technologique, économique ou bien du nombre grimpant de bachelier, de licencier, ou d'ingénieur et de docteur, car ceci n'est pas garant d'une société saine. J'évoque plutôt le bien être de la société qui fait défaut et sans une société saine, l'aliénation est assurée clé en main. 1- Le sadisme de l'école privée La ligne directive de ce type d'enseignement est de transformer l'enfant en un citoyen « robot » super puissant cérébralement, complètement égocentrique, une machine impitoyable qui broie tout ce qui lui permet de s'enrichir, quelqu'un qui « réussit bien sa vie en exploitant les autres» ! L'école privée est tellement sadique qu'elle inflige aux enfants l'installation de tous les logiciels qui configurent le cerveau en une machine à succès. Hélas, elle éjecte de son système tout enfant dont le cerveau est incompatible avec ses logiciels sadiques et l'abandonne impitoyablement au bord de la route. Finalement l'école privée nous produit des citoyens qui n'ont aucun sens d'appartenance sociale marocaine. Plutôt la société n'est qu'un marché qu'il faut le coloniser et l'exploiter jusqu'au dernier souffle. 2- Le masochisme de l'école publique L'école publique se voit victime de la colonisation de l'enseignement privé et le souvenir de la torture de la colonisation est ainsi réactivé. D'un côté la puissance et la richesse et de l'autre la faiblesse et la pauvreté. Il s'agit d'une société fracturée et brisée en deux rives. Se faire encore plus de mal et sentir la douleur de la victimisation, est le seul moyen instinctif qui permet à l'école publique de survivre. 3- Le chasseur et le gibier, point d'accord de ces deux systèmes Cette réalité de l'enseignement marocain ressemble à celle de la chasse des nobles dans le temps. L'école privée prépare des chasseurs excellents, des tireurs de mire qui attendent tranquillement dans leur confort le gibier dirigé et orienté soigneusement vers eux afin de l'achever et le savourer. En l'occurrence, dans cette métaphore, l'école publique prépare le gibier à avancer volontairement afin de savourer la douleur infligée par les chasseurs sadiques. Ainsi le cercle vicieux de l'enseignement marocain à l'image de la chaine alimentaire est bouclé. 4- Le buvard de la religion La religion joue un rôle inestimable dans ce chaos de la dichotome sociale. Elle absorbe la douleur infligée à l'école publique, elle prend soins des victimes et reconnait leur souffrance, leur échec et leur pauvreté. Elle joue le rôle de l'éponge, elle transforme leur misère en épreuves divines et elle fait d'eux les aimés de Dieu. Elle installe à son tour dans leurs cerveaux atrophiques le logiciel du destin divin et la récompensassion éternelle dans l'autre monde. Elle fait d'eux des personnes qui souffrent matériellement mais très heureux spirituellement. En gros, la religion les aide à accepter leur destin et à baisser d'avantage leurs têtes. 5- La fausse équation Cette fausse équation dont est victime la société marocaine est insoluble, mais que devient-elle une fausse équation ? L'enseignement marocain actuel fabrique sourdement des citoyens antisociaux dans les deux rives, telle une carie qui ronge les dents sans bruit jusqu'au jour où une douleur aigue se déclare brutalement tel un tonner dans un ciel serein ! psychiatre, psychanalyste de la société marocaine