Fatima Hamed est la première femme à diriger un groupe politique à Sebta, le Mouvement pour la dignité et la citoyenneté en l'occurrence. Elle est musulmane et le fait savoir du reste, lors de la session plénière de l'Assemblée à Sebta, elle est la seule femme à porter le hijab ou voile. Elle se définit comme progressiste. Sur son compte Instagram, on la voit participer à des manifestations féministes avec son voile de couleur violet et qui rappelle curieusement un parti marocain. Le 23 juillet dernier, la session plénière de la ville de Sebta avait déclaré le leader d'extrême droite Santiago Abascal persona non grata. Fatima Hamed était à l'origine de cette initiative. Cette dernière {l'initiative} a rallié dix voix qui ont été ajoutées par les représentants du PSOE, le groupe Mouvement pour la dignité et la citoyenneté et le parti Caballas (maquereaux) nom populaire attribué aux habitants de Sebta. Seul Vox a voté en faveur de sa tête de rang, tandis que le PP s'est abstenu permettant ainsi d'approuver une décision historique. Cette abstention décisive a provoqué une grave rupture entre le PP et Vox au point que les dirigeants du PP à Madrid ont dû venir à la rescousse d'une bonne entente avec le parti d'extrême droite. Dans le même temps, le président de la Junta de Andalucía, le populaire Juan Manuel Moreno Bonilla, craignait que le battement d'ailes du papillon à Sebta ne puisse provoquer un tremblement de terre politique indésirable en Andalousie où il gouverne avec le soutien extérieur de Vox et ce, après que le parti d'Abascal, eusse déclaré avoir rompu les relations avec le Parti populaire. Ensuite, les porte-parole de Vox eux-mêmes ont été chargés par la haute autorité du parti, d'atténuer la menace, laissant le temps faire, jusqu'à ce qu'elle semble avoir été complètement oubliée. Fatima Hamed, citoyenne espagnole, née dans le quartier Los Rosales de Sebta, était la promotrice de cette proposition politique contre le leader ultra. Sa carrière politique dans la ville autonome a toujours été entourée de difficultés supplémentaires dues à son statut de femme, de musulmane et de membre d'une famille très modeste dans un quartier également modeste de la ville autonome, ce qui ne l'a pas empêchée d'obtenir un licence en droit de l'UNED. Elle a commencé comme membre du parti Caballas et c'est d'ailleurs là, qu'elle a pu obtenir pour une première fois, un siège lors de la législature de 2011, avant la fin du mandat de l'assemblée – qui fait office de gouvernement régional et local-. Elle a quitté ensuite les rangs de Caballas pour fonder en 2014 le Mouvement pour la dignité et la citoyenneté, un parti progressiste qu'elle dirige depuis. Lorsqu'elle a quitté le parti de Caballas en 2014, elle a dû passer le restant de son mandat sous silence en séance plénière car le reste des groupes lui avait refusé le droit d'intervenir jusqu'à ce qu'un juge ne lui rende le droit à parole. La récente crise avec le Maroc provoquée par la présence de, Brahim Galí, accueillie avec l'approbation du gouvernement espagnol, a alimenté le feu latent dans lequel coexiste une société diversifiée comme à Sebta où cohabitent dans un espace restreint, plusieurs religions et cultures. Profitant de ce brasero, en pleine crise et avec des milliers de jeunes Marocains dans les rues de la ville, le leader de Vox, Santiago Abascal est venu accuser directement les citoyens de Sebta d'être « le cinquième chroniqueur du Maroc ». Mal lui en prit ! Car en fait, ce n'était pas la première fois que Vox suggérait une telle idée. Le porte-parole de ce parti à l'assemblée de Sebta, ajoutant de l'huile sur le feu, est venu remettre en cause l'espagnolité de Fatima Hamed. Vox, contrairement au reste des formations politiques, de Caballas au PP, est le seul parti dont les représentants à l'assemblée portent tous des patronymes d'origine chrétienne. Dans un pays de plus en plus diversifié comme l'Espagne, la vision de Vox est conflictuelle, mais à Sebta, c'est de la pure dynamite sociale. Et c'est la raison pour laquelle l'initiative de Fatima Hamed a pu faire son chemin même avec l'abstention du groupe populaire dirigé par le président de la ville autonome, Juan Jésus Vivas, qui avait avoué qu'il ne pouvait rien faire d'autre pour la coexistence dans sa ville. Pour autant la bataille n'est pas terminée. En effet, en septembre, Vox veut apporter à la plénière une déclaration qui retire à Abascal son titre de citoyen non grata. Fatima Hamed a déjà dit qu'il s'y opposerait. La balle est désormais dans le camp des représentants du PP qui du dilemme « entre les deux mon cœur balance » devront trancher. Mais à Sebta Abascal n'est pas vu du meilleur œil, aussi, l'espoir demeure donc, de ne plus le revoir de ce côté-ci de la rive.