L'Aid Al Adha est connu pour être la fête religieuse où on se régale en famille au « Boulfaf« , brochettes et autres mets à base de viande de mouton. Mais c'est aussi une période où des familles, à faible revenu, s'endettent pour faire plaisir à leurs enfants, ou bonne figure devant les voisins. Une charge (lourde) à assumer avant d'être rattrapé par les frais de la rentrée scolaire. En effet, lorsqu'on sait que le prix du « sacrifice » d'Aid Al Adha vaut au moins le SMIG, on comprend mieux la réalité et la galère annuelle de plusieurs familles qui doivent, soit épargner tout au long de l'année pour acheter le mouton, soit recourir à la dette pour ce faire. Joint par Hespress Fr, Bouazza Kherrati, président de l'Association marocaine de protection et d'orientation du consommateur (AMPOC) avance d'emblée que cette question d'Aid Al Adha « commence à poser un sérieux problème sociétal« . Pourquoi ? Selon lui, « la pression de la société, et en particulier celle de la famille et des voisins, fait que le chef de famille, la maman ou le papa, se trouve dans l'obligation d'acheter un mouton même s'il n'a pas les moyens pour« . « On a remarqué qu'avant le COVID-19, un phénomène a vu le jour au Maroc. Celui des familles qui achètent des parties du mouton, au lieu d'en acheter un tout entier, et d'autres qui préfèrent carrément aller passer cette fête religieuse en famille dans des hôtels ou auberges. Mais depuis l'avènement du Covid-19, cette catégorie de citoyens a repris ses anciennes habitudes, celles de fêter à la marocaine Aid Al Adha« , analyse Bouazza Kherrati. Sur la question de l'endettement des familles auprès d'organismes de crédit pour l'achat du mouton, le président de l'AMPOC estime qu'il s'agit « d'une exploitation de la faiblesse du consommateur par quelques organismes de crédit dont la marge de bénéfice dépasse les 14 % ». En plus, déplore-t-il, « le consommateur doit également affronter le chaos des Souks où il doit faire face aux « Chennaka » (intermédiaires ndlr), aux voleurs et aux arnaqueurs. En somme, le consommateur est pris d'assaut par tous les côtés« . « Là, la victime n'est pas le mouton, mais le pauvre consommateur qui se trouve endetté jusqu'au coup à toutes les occasions religieuses (Ramadan, Aid Al Fitr ….) sans oublier la rentrée scolaire qui vient le mettre au pied du mur vu son faible salaire qui ne connait aucune augmentation. Ce consommateur subit également la flambée des prix des produits essentiels« , nous explique Kherrati, avant de s'interroger « jusqu'à quand cette opération d'Aid Al Adha, qui intervient chaque année, continuera à se faire dans l'anarchie?« . Dans ce sens, le président l'Association marocaine de protection et d'orientation du consommateur a lancé un appel à l'Etat marocain pour intervenir et régler cette situation une fois pour toutes. « Le Maroc a mis en place l'opération Marhaba pour gérer le retour des MRE. Je pense qu'il faut qu'il y ait également une opération Aid Al Adha pour encadrer cet évènement à tous les niveaux », estime-t-il. Il explique: « Il faut que la période de l'Aid Al Adha soit étudiée de manière très approfondie, notamment son côté religieux, économique, social et même sociologique, puisque cette approche nous fournit le diagnostic de la société ». « Après, le chiffre dégagé pendant cette fête dépasse les 70 milliards de centimes. Une opération de cette envergure et les opportunités de travail qu'elle procure, ne peut pas rester sans encadrement strict et rigoureux« , conclut notre interlocuteur.