Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, n'a cessé d'affirmer, et toute récemment encore, qu'il ne soutiendrait jamais le référendum d'autodétermination de la Catalogne, région indépendantiste en Espagne. Un discours qui tranche avec les manœuvres de son gouvernement visant à saper l'intégrité territoriale du Maroc dans le dossier du Sahara. En Espagne, dans le dossier du séparatisme, c'est le deux poids deux mesures. Pedro Sanchez dont le gouvernement avait fait dissoudre l'exécutif régional de la Catalogne, appliqué les sanctions les plus sévères contre les indépendantistes accusés de sédition, après le référendum d'autodétermination, a clairement déclaré qu'il était contre un nouveau référendum d'autodétermination. Pourtant, une écrasante majorité de Catalans veulent cette indépendance. Et c'est cette même population catalane qui s'était exprimée pour l'indépendance lors du référendum de 2017 , jugé illégal étant donné que la justice espagnole ne l'avait pas permis. Si aujourd'hui, en perte de vitesse et de popularité le parti socialiste, le PSOE, et à sa tête Pedro Sanchez, ont tenté la réconciliation avec la région dissidente en graciant les membres du gouvernement régional pour « tourner la page », le problème reste toujours présent. « Concentrons-nous sur les solutions et cherchons des points de rencontre », a-t-il déclaré mardi à l'issue du Conseil des ministres ayant donné son feu vert à cette grâce, voulant ainsi prôner « l'harmonie » et « tourner la page » de l'étape de la « punition ». « C'est une décision au profit des Catalans », a déclaré le Premier ministre conscient que l'emprisonnement des chefs catalans a irrité la population de la région en cherchant à mettre fin à « l'affrontement ». Il s'est rendu à l'évidence, « il n'y a pas de garanties définitives », en faisant référence au potentiel succès de cette démarche de grâce. Et de préciser que « le pardon, contrairement à l'amnistie que certains demandent, ne nie pas l'existence du crime. Cela signifie seulement le pardon » . « Il n'y aura pas de référendum d'autodétermination » en Espagne Le chef du gouvernement espagnol a rappelé quelques heures seulement après sa rencontre avec Pere Aragonès, le président catalan, qu'il « il n'y aura pas de référendum d'autodétermination », au moment où l'Espagne tente de saper les efforts du Maroc visant à trouver une solution politique à un conflit similaire, dans ses provinces du sud, à savoir le Sahara. Le Maroc lui aussi, refuse le référendum d'autodétermination mais pas pour les mêmes raisons que l'Espagne. Si en Espagne, la population catalane est bien recensée et le référendum peut se faire sans aucun problème, au Maroc, le conflit du Sahara a été fabriqué, et alimenté et instrumentalisé par d'autres parties pendant plus de trente ans. Au Maroc, les populations sahraouies sont issues de différentes familles et ethnicités, et les séparatistes du Polisario, de l'aveu même d'anciens partisans ont admis que la plupart des « sahraouis » des camps de réfugiés de Tindouf en Algérie sont originaires du Mali et d'Algérie et n'ont aucune relation avec le Sahara. Et l'Algérie, qui accueille les séparatistes, refuse que les populations soient recensées. Pendant plus de 30 ans, Brahim Ghali, le chef des séparatistes aidé des généraux algériens ont manigancé pour exterminer les populations sahraouies d'origine dont certains possédant la nationalité espagnole du temps de la colonisation espagnole. Et c'est tout l'objet des nombreuses plaintes pour tortures, disparitions forcées et meurtres qui ont été déposées par les victimes et familles de victimes en Espagne, mais que la justice espagnole ne veut pas considérer et qui a permis début juin à Brahim Ghali de retourner en Algérie en homme libre et innocent. L'Espagne qui rejette avec force le séparatisme sur ses terres, le cultive ailleurs, au Maroc. L'accueil du chef des séparatistes en Espagne qui fait l'objet de nombreuses plaintes, sous une fausse identité et en indiquant qu'il fait partie du personnel diplomatique algérien pour tromper la douane espagnole, et ne pas passer de contrôle d'identité, le prouve. Face à la crise diplomatique sans précédent entre Madrid et Rabat, le secrétaire d'Etat Manuel Muñiz a récemment indiqué que son pays soutient « depuis le début ce que le Conseil de sécurité des Nations Unies a demandé, à savoir qu'un dialogue soit mené entre les parties sahraouie et marocaine sur le statut de la région » qu'il soit fait sous les auspices de l'ONU, de la Mission onusienne Minurso, ne reconnaissant pas la réelle partie adverse, l'Algérie, qui guide les séparatistes comme des pantins et que l'ONU a déterminé comme une partie du problème. Pour Sanchez, pour qu'il y ait un référendum d'autodétermination en Espagne, il faudrait que « ceux qui la défendent parviennent à convaincre les 3/5 de l'Assemblée et que les Espagnols la ratifient ensuite par leur vote », affichant une volonté d'inclure toute la population espagnole au vote, chose qui n'est pas permise dans le cas du Maroc, sans oublier que l'Algérie a refusé la prise en compte des populations locales du Sahara ne voulant comptabiliser que les voix dissidentes au Maroc, celles qui ont subi des lavages de cerveau et ont été conditionnées à réclamer l'indépendance pour des terres qu'elles n'ont jamais habitées. Et alors que l'Espagne rejette en bloc l'indépendance de la Catalogne, il s'agit du pays, en dehors de l'Algérie, qui accueille le plus de séparatistes du Maroc dont de nombreux sont d'origine algérienne, en leur offrant le statut de réfugiés. C'est aussi le pays qui offre aux enfants des camps de Tindouf des programmes de vacances d'été chez les familles espagnoles, et c'est aussi le premier pays qui est allé se plaindre à la nouvelle administration Biden de la décision de la précédente administration de reconnaitre la souveraineté du Maroc sur le Sahara, c'est également le pays qui a poussé l'Allemagne à demander une réunion d'urgence du conseil de sécurité à ce propos.