L'Algérie qui dépend entièrement de ses hydrocarbures y croit toujours, pour ce qui est de l'acheminement de son gaz vers l'Espagne et le Portugal via le gazoduc Maghreb Europe qui passe par le Nord du Maroc. C'est autant crucial que vital pour renflouer des caisses vidées par une gouvernance rentière et toute de corruption. En effet, la stabilité de l'Algérie n'est pas assurée, ni par les mécanismes de la démocratie libérale, ni par des traits culturels, mais par un Etat rentier et ses institutions qui puisent la majeure partie de leurs revenus à l'étranger, sous forme de rentes. Réputés autonomes et peu dépendants de la société dont ils sont issus, quand ils le sont, les régimes algériens ont de tous temps utilisé les activités d'exportation, la structure de la taxation, les investissements publics -qu'ils gardent en chantier-, dans un cadre législatif strict et autoritaire mettant en lumière la dynamique spécifique de l'Etat rentier et dictatorial. Cela étant, le PDG de la Sonatrach, Toufik Hakkar, a déclaré que « l'Algérie avait pris ses précautions dans le cas où le contrat d'acheminement du gaz via le Maroc ne serait pas renouvelé », rappelant au passage que « l'approvisionnement de l'Espagne en gaz algérien était soumis à des contrats dont certains arrivent à échéance au mois d'octobre prochain ». Ces dernières coïncidant avec la fin du contrat qui lie l'Algérie au Maroc sur le pipeline qui traverse le Royaume et relie l'Espagne. « L'Algérie a pris ses dispositions dans le cas de non-renouvellement du contrat avec le Maroc, même si la demande espagnole est en augmentation » déclare le bonhomme allusion faite au gazoduc Medgaz, qui relie directement l'Algérie au port d'Almeria en Andalousie fournissant 60% des besoins de l'Espagne en gaz. Pour l'heure le Maroc n'a encore pipé mot quant à la reconduction, ou renouvellement ou non du contrat gazier avec l'Algérie. Et si d'aucuns insistent pour dire que c'est pratiquement de l'acquis à titre de représailles contre les accointances délibérées des voisins du Nord et de l'Est, il se susurre, cependant que les négociations se poursuivent ne leur en déplaise et que le deal (en vigueur depuis 1996) pourrait avoir de beaux jours la Sonatrach étant dans une perspective d'urgence pour renflouer des caisses vidées par l'exécutif et l'armée. C'est que par les temps qui courent, le pétrole algérien qui est sur le déclin a plombé l'économie de l'Algérie qui ne bégaie guère plus, que par ses exportations du gaz. On peut donc aisément comprendre le désarroi algérien. Aussi, que Hakkar se rassure, le Maroc n'est pas dépendant de ce gazoduc car il y a lurette que le Royaume a diversifié ses revenus et que le gazoduc Maghreb Europe malgré quelques belles miettes recueillies (en 2020, un demi-milliard de dirhams de redevances) ne devrait pas trouer les poches du Maroc en cas de non reconduction. « Autant en emporte le vent et le gaz ! », pour nous autres à l'Ouest c'est le refrain de gradins, du club gagnant qui ne demande qu'à en finir avec la partie. Même plus, à la date d'expiration du contrat le gazoduc deviendra la propriété du Maroc. Le Royaume récupérera à travers 540 kms de gazoduc, une infrastructure qui servira très certainement avec ou sans gaz algérien au regard de certaines perspectives gazières dans cette région du Maroc. L'Algérie par la voix du PDG de Sonatrach, n'a pas voulu donner d'indications sur l'avancée des négociations avec le Maroc. Ce dernier a affirmé selon la presse algérienne que « l'Algérie n'allait pas se soumettre à un quelconque chantage de la partie des autorités marocaines en une période de grandes tensions entre les deux pays qui se livrent, une guerre diplomatique et médiatique sur fond du conflit du Sahara ». Effectivement, depuis l'avènement de Tebboune, le régime militaire dont il dépend n'a de cesse de dépenser sans compter dans une guerre médiatique contre le Royaume.