Des rapports parus récemment sur l'Algérie, celui de la Banque Mondiale (BM), du Fonds Monétaire International (FMI) et tiens même ! celui de "Institue For Security Studies" (ISS) décrivent une politique économique qui conduit le pays voisins vers lendemains peu sûrs et pas des meilleurs. Nombre d'Algériens avec la chute de Bouteflika avaient espéré un changement mais les chiffres sont là et ils mettent en garde contre une grave crise économique. La pandémie de coronavirus a durement touché les Algériens, exacerbant les malheurs d'une économie dominée par l'Etat, déjà meurtrie par des années de chute des prix du pétrole et de restrictions des investissements locaux et étrangers. Cela se ressentait même pré-Covid où près d'un tiers des jeunes Algériens étaient déjà au chômage alors qu'ils avaient énormément espéré un changement après les manifestations du Hirak. Les autorités ont beau étouffer la dissidence, elles savent bien que les conditions de vie sont de plus en plus dures pour les Algériens qui souffrent sous l'effet conjugué des lockdowns, des fermetures d'entreprises et de l'inflation. En effet, les gouvernements successifs ont brûlé les réserves de devises étrangères, qui ont sombré de 200 milliards de dollars en 2014 à 47 milliards de dollars en 2020. Aussi, avec une économie peu diversifiée, qui dépend uniquement des exportations de pétrole et de gaz, et des réserves de devises étrangères, au demeurant en voie d'épuisement, l'Algérie pourrait bientôt faire face à une catastrophe économique, préviennent ces Instances. Avec ces dernières, peu de gens en Algérie ou ailleurs, pensent que les politiciens sous l'ère peu libre, d'Abdelmadjid Tebboune puissent apporter un changement significatif, au regard de la faible participation aux élections du 12 juin dernier et des magouilles politiciennes dans lesquelles ne manqueront pas de baigner ou s'impliquer et, l'armée et, sa marionnette de président mal élu. Pour le régime soutenu par les militaires, les analystes estiment que tout ce qui résulte des urnes ne devrait pas ébranler le moins du monde la bonne marche du statu quo en Algérie. « La tendance économique est extrêmement négative », a déclaré Riccardo Fabiani, directeur pour l'Afrique du Nord à l'International Crisis Group, une organisation spécialisée dans la résolution des conflits. « Il y a une crise de liquidités dans les banques et les entreprises locales. Dans le secteur de la construction, le plus grand secteur après le pétrole, il y a eu un nombre record de faillites. Le pays pourrait se diriger vers un désastre économique avec un lourd coût social ». Compte tenu de son manque de dette extérieure et de la hausse du prix du pétrole, le régime algérien peut encore gagner « un an ou deux », a encore noté Fabiani. Il pourrait recourir à des emprunts bilatéraux auprès de la Chine ou du Golfe. Abdelmadjid Tebboune, le président mal élu, a exclu l'année dernière, un prêt du FMI, suggérant que cela limiterait la capacité du pays à avoir une politique étrangère indépendante. « La grande question reste de savoir ce que le nouveau gouvernement va faire », a déclaré Fabiani ajoutant « Auront-ils de nouvelles idées ? » L'économie s'est contractée de 6 % l'an dernier, selon le FMI qui prévoit un déficit budgétaire de 18,4 % du produit intérieur brut en 2021. Pour équilibrer son budget, le prêteur a déclaré que l'Algérie avait besoin d'un prix du pétrole de 169,6 dollars le baril, soit plus du double du prix actuel qui tourne autour des 70 dollars. La chute des prix du pétrole a mis à mal les finances du gouvernement et a limité sa capacité à créer des emplois pour sa population majoritairement jeune. L'Institue For Security Studies (ISS) quant à elle, a été missionnée par le gouvernement des Pays-Bas, la Fondation Hanns Seidel et l'Agence suédoise de coopération internationale pour le développement, afin d'étudier la « trajectoire de développement de l'Algérie à l'horizon 2040 ». L'ISS a conclu à « la bureaucratie inefficace, la corruption et le népotisme ». L'étude souligne que « C'est l'un des plus grands défis pour le progrès de l'Algérie », car « l'hyper-régulation de l'environnement des affaires entrave le potentiel économique de l'Algérie » et « le système de subventions qui doivent être revues profitent aux riches et a créé une économie de dépendance rigide et lourde ». L'Algérie est pénalisée, par des facteurs de mauvaise gouvernance du pouvoir en place et va évoluer encore en 2021 « dans un contexte de pertes d'emplois et de revenus et de faible confiance des consommateurs et des entreprises », selon la Banque Mondiale qui a publié le 14 juin une note de conjoncture démentant ainsi les annonces faites récemment par le ministère algérien des Finances qui s'était réjoui d'un retour à la croissance en Algérie et d'une amélioration notable de la situation financière du pays. La Banque Mondiale a affirmé que « la pandémie de Covid-19 a déprimé l'économie algérienne en 2020 ». « On estime que la croissance du PIB réel s'est contractée de 5,5% en raison de mesures de verrouillage strictes pour contenir le Covid-19 et d'une baisse simultanée de la production d'hydrocarbures, la production pétrolière tombant en dessous du quota OPEP de l'Algérie. Cela « fait suite à cinq années consécutives de ralentissement de la croissance du PIB (2015-2019) en Algérie, tirée par un secteur des hydrocarbures en contraction, un modèle de croissance labyrinthique et mené par le public, et un secteur privé qui peine à devenir le nouveau moteur de la croissance économique », relève à ce sujet la Banque Mondiale. « L'industrie des hydrocarbures, qui représentait 20 % du PIB, 41 % des recettes fiscales et 94 % des recettes d'exportation en 2019, connaît un déclin structurel », avertit encore la Banque Mondiale.