Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a procédé mardi soir à un un remaniement ministériel partiel qui vise les finances et l'énergie, deux secteurs clés alors que l'Algérie, hyper dépendante de la rente pétrolière, fait face à un risque de marasme économique. La plupart des ministères régaliens – Affaires étrangères, Intérieur et Justice – conservent leur titulaires, à l'exception des portefeuilles stratégiques de l'Énergie et des Finances. Le premier revient à Abdelmadjid Attar, ancien PDG du géant pétrolier public algérien Sonatrach (1997-2000), qui remplace Mohamed Arkab, propulsé à la tête du ministère des Mines, précise un communiqué laconique de l'agence de presse officielle APS publié tard mardi soir. Le deuxième changement majeur concerne le ministère des Finances, où Abderrahmane Raouya cède son fauteuil au gouverneur de la Banque centrale, Aymen Ben Abderrahmane. La réorganisation du gouvernement – dont la rumeur courait ces derniers jours à Alger – touche également l'enseignement supérieur, l'agriculture, les transports et le tourisme. L'Algérie, très vulnérable à la chute des prix du pétrole et confrontée à une crise du système politique doublée d'une urgence sanitaire, voit s'approcher la menace d'un krach financier et de troubles sociaux. La Banque centrale vient de publier des chiffres alarmants sur la chute des liquidités bancaires. Quant aux réserves de change, elle fondent. Elles sont tombées sous les 60 milliards de dollars (55 milliards d'euros) fin mars, contre 79,88 milliards de $ (73 G€) fin 2018 et 97,22 G$ (88,8 G€) fin 2017. Selon certains économistes, ces réserves pourraient s'épuiser à très court terme. Compte tenu de l'effondrement des cours du brut ces derniers mois, le prix de référence du baril de pétrole a été revu à la baisse de 50 à 30 dollars (de 45 à 27 euros) dans la récente loi de finances complémentaire. L'Algérie est tout particulièrement exposée aux fluctuations du prix du baril du fait de sa dépendance à la rente pétrolière, qui représente plus de 90% de ses recettes extérieures, et de la faible diversification de son économie. Pour faire face à cette situation préoccupante, le gouvernement a décidé de réduire de moitié le budget de fonctionnement de l'État et a annoncé une réduction de l'énorme facture des importations de 41 à 31 milliards de dollars (38 à 28 milliards d'euros). Alger a également renoncé à recourir aux cabinets d'expertise étrangers pour ses grands projets. Et le géant public des hydrocarbures Sonatrach va réduire son budget 2020 de 50%. Le président Tebboune, qui a exclu au nom de la « souveraineté nationale » de contracter des prêts auprès du FMI et des organismes financiers internationaux, a lui-même reconnu « la vulnérabilité » de l'économie algérienne « en raison de notre négligence pendant des décennies à la libérer de la rente pétrolière ». Selon des prévisions du FMI, l'Algérie devrait connaître une récession en 2020 (- 5,2%) ainsi qu'un déficit budgétaire parmi les plus élevés de la région en raison de la crise pétrolière et de la pandémie de coronavirus.