Les Algériens ont voté ce samedi lors d'élections législatives anticipées pour élire leurs députés. En effet, quelque 24 millions d'électeurs étaient appelés à élire les 407 députés de l'Assemblée populaire nationale pour cinq ans. Ils devaient choisir parmi 2 288 listes, dont plus de 1 200 s'affichaient en tant qu'« indépendantes ». Les urnes ont été nettement boudées, rejetées en cela par le mouvement contestataire du Hirak et une partie de l'opposition. Ils ont été moins de 4 millions d'électeurs à daigner se déplacer. Le principal enjeu pour le régime la participation ! Eh bien à trois heures de la fermeture normale des urnes, (19heures locales puis repoussée à 20 heures) il était s'annoncé à nouveau faible, comme pour les précédentes consultations électorales, la présidentielle de 2019 et le référendum constitutionnel de 2020, marquées par une abstention historique et était au niveau national de 14,47 %, un score très bas, selon le président de « l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) », Mohamed Chorfi. Cependant, quel que soit la participation le pouvoir s'accommodera. « Pour moi, le taux de participation n'a pas d'importance. Ce qui m'importe, c'est que ceux pour lesquels le peuple vote aient une légitimité suffisante« , affirmait ce matin le président au nom imprononçable après avoir voté à Alger. Il en aura eu pour son compte malgré la décision repousse d'une heure, à 20H00 locales (19H00 GMT) la fermeture des bureaux de vote. Les résultats officiels sont attendus en principe pour dimanche. Les opérations de vote se sont déroulées généralement dans le calme à Alger, où les électeurs étaient rares, les Algérois ont défilé au compte-gouttes dans les isoloirs et en province, sauf en Kabylie, région frondeuse où la participation a été quasi nulle lors des précédents scrutins. Pire en Kabylie, à l'est d'Alger, la quasi-totalité des bureaux de vote étaient fermés à Béjaïa et Tizi Ouzou, les villes les plus peuplées de la région berbérophone, le taux de participation était quasiment nul avec moins d'un point, selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) et le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). En Kabylie, la participation a été à « la fermeture des bureaux » de 0,79 % à Béjaïa et 0,62 % à Tizi Ouzou. Des protestations et des échauffourées ont eu lieu samedi en Kabylie, dans le nord-est de l'Algérie, à l'occasion des élections législatives, a indiqué une ONG en faisant état de dizaines d'interpellations. Dans la wilaya (préfecture) de Béjaïa, il y a eu des émeutes à El Ksar et à Tichy, des échauffourées à Amizour et à Tazmalt selon la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH). « À Bouira, le climat a été tendu dans plusieurs localités. Il y a eu des émeutes à El Asnam, et Bechloul ». Face aux manifestations et arrestations de vendredi, de nombreux bureaux de vote ont dû fermer les urnes dans cette région berbérophone traditionnellement frondeuse vis-à-vis du pouvoir central. Pour illustrer, à Béjaïa ce matin, 17 centres de vote ont ouvert sur les 500 dans les 52 communes et à 11h00 il ne restait plus que deux bureaux ouverts. A 14h00 on fermait boutique, l'ensemble des bureaux étaient fermés », selon LADDH. A Tizi Ouzou 136 centres de vote et 229 bureaux ont été fermés à cause d'incidents, dont des saccages d'urnes malgré l'arsenal juridique de lutte contre toute infraction visant à perturber le déroulement du scrutin qui prévoit des peines allant de quelque mois jusqu'à 20 ans de réclusion. Aussi, la Kabylie doit se préparer aux premiers procès, avec de lourdes condamnations selon les nouvelles lois du Code pénal » s'est inquiété sur sa page Facebook, Kaci Tansaout, porte-parole du Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Le CNLD a aussi fait état, de plusieurs interpellations car plusieurs échauffourées ont éclaté dans plusieurs localités kabyles et les forces de l'ordre ont procédé à des dizaines d'interpellations, selon les ONG, CNDL et LADDH. Des images de bulletins de vote jonchant les rues en Kabylie ont circulé sur les réseaux sociaux malgré que les autorités aient fait d'usage de leur pouvoir pour bloquer internet par -ci et par-là. Le CNLD a également fait état d'arrestations à Alger et dans la ville voisine de Boumerdès. La veille de ces élections, vendredi, le Hirak, qui réclamait en vain un changement radical du « système » de gouvernance en place depuis l'indépendance (1962), avait dénoncé une « mascarade électorale ». Grosso modo, le Hirak, l'opposition laïque et de gauche et la majorité silencieuse ont boycotté le scrutin. Le régime militaire d'al Mouradia lui, est déterminé à imposer sa « feuille de route » électoraliste, en ignorant les revendications du Hirak qui sont : Etat de droit, civil, transition démocratique, souveraineté populaire, justice indépendante.