L'invitation du Maroc à la nouvelle conférence organisée par l'Allemagne dans le dossier Libyen pet être considérée comme un « premier pas positif » vers la réconciliation entre Berlin et Rabat. Toutefois, estime le politologue marocain Tajeddine El Houssaini, il doit être suivi par d'autres. Revenant sur le fond de la crise diplomatique entre l'Allemagne et le Maroc, Tajeddine El Houssaini a affirmé que « le problème ne se résume pas seulement à la non invitation du Maroc à la conférence de Berlin », mais trouve son origine dans des choses « plus profondes » et spécialement en ce qui concerne la question de l'intégrité territoriale du Maroc « qui va au delà du dossier libyen ». « Lorsque l'Allemagne s'est empressée d'appeler à une réunion d'urgence du Conseil de sécurité après la reconnaissance des Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, cela a été pris par la diplomatie marocaine comme une réaction très négative », a-t-il expliqué dans une déclaration à Hespress FR. Le politologue a par ailleurs évoqué, comme autre raison de la colère de Rabat contre Berlin, les dysfonctionnements enregistrés dans les relations des institutions et organisations allemandes au Maroc qui travaillent et coopèrent avec le Royaume et « qui trouvent Rabat disposée à partager et à travailler conjointement, pour au final rédiger des rapports fallacieux sur la situation du développement dans le pays, qui touchent au cœur de la souveraineté du Maroc ». En commentant la deuxième invitation du Maroc à une réunion sur la Libye par l'Allemagne (la première a été déclinée par Rabat, ndlr), El Houssaini a estimé que « cette tentative de réconciliation (lancée à l'initiative de l'Allemagne) a son importance, c'est un élément positif. Mais il n'annule pas les autres éléments ». Et d'ajouter que cette invitation est aussi tributaire de la réponse du Maroc, s'il accepte, et selon lui, cela va également dépendre du type de dialogue qu'il y aura lors de cette conférence et à quel niveau le Maroc sera représenté. Selon lui, la décision sur le niveau de représentation sera déterminante pour l'ouverture (ou non) d'une « voie de discussion directe entre les deux parties ». « En somme, je pense qu'il s'agit d'un premier pas positif, qui devra être suivi par d'autres étapes nécessaires pour améliorer les relations entre les deux pays », a conclu le politologue au sujet de l'invitation de Berlin. Alors que le Maroc n'a pas été convié à la première conférence de Berlin, cette non invitation a été perçue comme une volonté de minimiser le rôle du Royaume dans le règlement du conflit, d'autant plus que le pays adoptait une vision différente pour le règlement de la question, notamment en refusant les ingérences étrangères et en prônant un dialogue inter-libyen avec des pays amis qui n'ont pas d'intérêts stratégiques en Libye. Tajeddine Al Houssaini a rappelé en ce sens que le Maroc s'est distingué par son approche inclusive qui a écouté toutes les parties au conflit en Libye. « Le Maroc a travaillé avec toutes les parties, que ce soit celles de Benghazi ou celles de Tripoli, et je pense, estime-t-il, que c'est ce qui a donné à l'intervention du Maroc, depuis le début de la médiation, cette qualité ayant permis la signature de l'accord de Skhirat en premier lieu », un accord reste jusqu'à aujourd'hui le cadre de référence pour une « stratégie efficiente pour le futur de la Libye ». En conclusion, indique notre interlocuteur, à l'heure actuelle, le Royaume a deux priorités, dont la première est la garantie d'une situation de paix et de stabilité qui doit être le fondement de tout dialogue, « en d'autres termes, la réaffirmation et l'appui du maintien du cessez-le-feu », et la seconde est de faire sortir les forces étrangères présentes en Libye ainsi que les milices, « ce qui pourra créer une atmosphère plus apaisée et paisible surtout si des élections doivent être organisée dans le respect du calendrier arrêté », à savoir en décembre 2021.