Les troubles de cette semaine à Dakar en particulier et au Sénégal en général ont été les pires jamais vus depuis des années dans un pays réputé pour sa stabilité. Quatre morts sont à déplorer depuis le début des manifestations qui ont éclaté mercredi dernier. C'est le bilan avancé, hier vendredi 5 mars au soir, par les autorités. Les violences liées à l'arrestation de l'opposant Ousmane Sonko, se poursuivent donc toujours au Sénégal où des milliers de personnes ont protesté dans les rues du pays et plus particulièrement à Dakar. La police a encore tiré des gaz lacrymogènes dans la capitale sénégalaise devant le tribunal pour disperser les partisans protestataires du principal leader de l'opposition du pays, qui a comparaissait pour la première fois vendredi depuis sa détention il y a deux jours. Ousmane Sonko est accusé de troubles à l'ordre public. Ce samedi, la tension restait forte à Dakar. Dans une courte déclaration, le ministre de l'Intérieur a affirmé la veille que le gouvernement emploiera « tous les moyens nécessaires » pour ramener l'ordre ». Les manifestations avaient commencé mercredi avant la comparution de Sonko au tribunal pour interrogatoire sur des accusations de viol et de menaces de mort. Trois personnes ont été tuées à Dakar jeudi et une autre vendredi. Dans le capitale sénégalaise des panaches de fumée noire montaient dans le ciel alors que des véhicules blindés parcouraient les rues. Après un moment d'accalmie (prière du vendredi) les manifestants ont réapparu pour se confronter aux autorités qui répliquaient en lançant des bombes lacrymogènes. Tous les commerces du centre-ville ont été fermés, aucune circulation, si ne sont des pickups non immatriculés chargés de jeunes casqués ou de blindés des forces de l'ordre et la tension palpable, avec des mouvements de groupes régulièrement dans différents quartiers, bref, des scènes de guérilla urbaine. Des incidents ont été signalés tout au long de la journée, à l'université Cheikh-Anta-diop, à la Médina, vers la place de l'Obélisque, à Colobane. Parallèlement, plusieurs magasins appartenant à la grande chaîne d'épicerie, Auchan, ont été pillés et incendiés. Les stations-service Total ont également été visées dans ce qui semblait être des attaques contre des entreprises ayant des intérêts français. Les manifestants ont également attaqué la Rfm et le journal gouvernemental Le Soleil. Le ministre sénégalais de l'Intérieur, Antoine Felix Diom, tout en annonçant la mort d'un quatrième manifestant vendredi dans la capitale à la suite d'affrontements entre les jeunes et les forces de défense et de sécurité, s'est prononcé contre le pillage et a déclaré que le gouvernement allégerait les couvre-feux imposés en raison de la pandémie de coronavirus à mesure que la campagne de vaccination se poursuivrait. Il a condamné la violence et a déclaré que «les instigateurs, les auteurs et les complices» seraient poursuivis. Les autorités ont suspendu deux chaînes de télévision privées pendant 72 heures, accusant Sen TV et Walf TV d'inciter au désordre public pour avoir diffusé du contenu qui «défendait explicitement ou implicitement la violence». NetBlocks, qui surveille Internet, a déclaré que les applications de messagerie et de médias sociaux, notamment WhatsApp, Facebook et Youtube, étaient restreintes vendredi et que samedi il n'y avait toujours pas de changement notable. Sonko, 46 ans, fervent opposant au président Macky Sall depuis 2012 et troisième aux élections de 2019, a été accusé de viol le mois dernier par une employée d'un salon de beauté. Il a été convoqué pour interrogatoire après la levée de son immunité parlementaire la semaine dernière. Amnesty International a condamné ce qu'elle a appelé des arrestations arbitraires d'opposants et de militants et a appelé les autorités à «respecter la liberté de réunion pacifique».