Un rapport intitulé « Saisir les opportunités et renforcer les alliances en Afrique du Nord-Ouest. Idées pour la politique américaine à l'égard du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie » du Washington Institute For the Near East Policy (WINEP), dans son troisième volet (Transition 2021) en a dit long sur la politique générale des Etats-Unis quant au Maroc, l'Algérie et la Tunisie. Fondé en 1985 sous la direction de Barbi Weinberg, l'institut a pour mission d'anticiper les intérêts des Etats-Unis dans la région MENA. Elle permet aux experts – venant de divers milieux (militaire, économie, politique ...) – de publier des études et de conseiller les décideurs américains. Ils travaillent notamment sur la montée de l'islam politique et du terrorisme, ainsi que le rôle des puissances régionales. Cette dernière cuvée donc destinée à l'administration de Joe Biden, examine les opportunités et les défis auxquels les Etats-Unis pourraient être confrontés dans la région. Le rapport, sous forme d'une série de mémos, rédigé par le politologue américain Robert Satloff et la chercheuse israélienne Sarah Feuer se penche sur les relations des Etats-Unis avec le Maroc, l'Algérie et la Tunisie. Pris dans son ensemble, le rapport présente une approche globale pour faire avancer les intérêts américains en matière de sécurité et de paix dans cette région vitale mais instable selon les auteurs. Dans ce contexte, Robert Satloff, une référence en matière de politique du monde arabo-musulman et de surcroit directeur exécutif de WINEP et de la politique des Etats-Unis au Moyen-Orient, a exprimé son vif désaccord face à la démarche du sénateur républicain et fervent défenseur du polisario, Jim Inhofe, exhortant le président Joe Biden à revenir sur la reconnaissance de la marocanité du Sahara. « Je pense que c'est la mauvaise approche au sujet de la question Sahara », a réagi sur Twitter le directeur exécutif de l'Institut de Washington pour la politique au Proche Orient. Cela étant pour en revenir au rapport de WINEP, «Contrairement à de nombreuses autres régions du Moyen-Orient, l'Afrique du Nord-Ouest offre un domaine dans lequel des investissements relativement modestes en capital diplomatique américain, en aide économique et en aide à la sécurité peuvent générer des rendements substantiels, et le point de départ de l'engagement bilatéral de la nouvelle administration sera , pour la plupart, non pas une tension mais plutôt une opportunité », écrivent les auteurs Dans le but de renforcer la position stratégique américaine en Afrique du Nord-Ouest, le Washington Institute For the Near East Policy souligne que parmi les trois pays faisant l'objet du rapport et sans surprise, l'Algérie a traditionnellement été la moins encline à entretenir des liens avec les Etats-Unis. La troisième série de notes de service Transition 2021 acte toutefois tout en soulignant la détérioration de l'économie et de la crise sanitaire, que les décideurs politiques d'Algérie sont, suite à cette situation socio-économique précaire, prédisposés à ouvrir leur économie au monde pour ne pas s'effondrer et les Etats-Unis y voient une opportunité de nourrir un début d'une éventuelle coopération si l'Algérie revenait à de meilleures intentions. Ce peu d'engouement envers l'Algérie s'explique par la mainmise et parrainage d'autres grandes puissances concurrentes sur le pays. Washington compatit toutefois, au ressentiment du régime algérien qui a interprété comme un geste hostile le fait qu'ils aient reconnu la souveraineté du Maroc au Sahara, cependant pour autant, il n'y a pas de contradiction entre la reconnaissance de la revendication du Maroc sur le Sahara. Aussi, le soutien à la mission d'un nouveau médiateur de l'ONU que Washington devrait presser à nommer est d'actualité pour le think tank américain. « L'administration Biden devrait réaffirmer son soutien à la fois à une résolution négociée du conflit du Sahara et à la poursuite des opérations de la mission de maintien de la paix des Nations unies (MINURSO) dans cette région et à la nomination d'un nouvel envoyé de l'ONU ». Pour l'administration Biden, estime le WINEP, « revenir sur la décision de la marocanité du Sahara saperait les relations avec deux alliés clés (Maroc et Israël) et commencer un mandat présidentiel en répudiant un engagement clé de son prédécesseur ne serait pas convenable ». Le rapport qui in fine, est peu favorable au régime algérien, préconise par contre, l'approfondissement du partenariat avec le Maroc et le soutien démocrate en Tunisie. Sûr que le Royaume est perçu par les Etats-Unis, aujourd'hui plus que jamais comme un allié stratégique surtout pour ce qui est de la lutte contre le terrorisme au Sahel, après les retraits annoncés des grandes puissances de la région. Bref, pour le WINEP, le Maroc, l'Algérie et la Tunisie sont confrontés certes à des défis de taille, allant des tensions économiques exacerbées par la pandémie à une instabilité potentielle découlant des conflits au Sahara occidental et en Libye. Mais la région offre également des opportunités stratégiques pour l'administration Biden afin d'aider ces pays et, faire avancer un éventail d'intérêts clés des Etats-Unis. Des relations bilatérales des Etats-Unis avec ces trois pays, c'est le Maroc qui jouit le plus du capital sympathie dans cette région si l'on peut dire ainsi et les préserver et les développer pour le nouveau gouvernement américain ne va donc que dans l'ordre naturel des choses.