Le vendredi 12 février 2021 les pays membres de la Cour pénale internationale (CPI) ont élu un avocat britannique de 50 ans, Karim Khan. Choisi face à trois autres candidats européens au second tour du scrutin en remportant 72 voix sur les 122 exprimées, il succèdera le 16 juin prochain en tant que procureur général à la très controversée Fatou Bensouda. Mais qui est ce troisième procureur général du CPI ? Karim Khan est un spécialiste des droits humains. Avocat de formation, il a récemment dirigé une enquête spéciale de l'ONU sur les crimes du groupe Etat islamique. Lors de cette enquête, il avait appelé à des procès semblables à celui qu'ont connu les dirigeants nazis à Nuremberg. Karim Khan, a été avocat de la défense dans de nombreuses affaires de la CPI, dont celle de Seif al-Islam, fils de l'ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Il a débuté en droit international en se faisant les dents à l'ancien Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie où il a été conseiller juridique au bureau du procureur. Il est ensuite passé à la défense et a représenté le vice-président kényan William Ruto devant la CPI. Le Britannique a aussi été avocat de la défense de l'ex-président libérien Charles Taylor devant un tribunal spécial pour la Sierra Leone et avocat au Tribunal spécial pour le Liban basé à La Haye, créé pour traduire en justice les assassins du libanais Rafic Hariri en 2005. La CPI, basée à La Haye, ne compte au total que 123 membres sur les 193 qui composent les Nations unies. Les Etats-Unis, la Russie, la Chine, ou encore Israël, n'en font pas partie. Le mandat du procureur est de neuf ans. Celui qui sera le troisième procureur de la Cour depuis sa création en 2002 aura en charge des dossiers volumineux et des affaires complexes, dans un tribunal dont la légitimité est en permanence remise en cause. Les premières responsabilités du nouveau procureur consisteront à décider des prochaines étapes de l'enquête sur les crimes de guerre en Afghanistan et sur le conflit israélo-palestinien de 2014 à Gaza. Bien qu'il ne soit pas certain qu'il décide véritablement de changer l'orientation de la Cour et qu'il est probable qu'il entame des enquêtes sur le comportement d'Israël dans la bande de Gaza, notamment dans ses guerres contre le Hamas, les Israéliens voient plutôt d'un bon œil sa nomination. Dans l'affaire, Israël se félicite plutôt du départ de l'ancienne procureure en charge de son dossier, Fatou Bensouda.Une parlementaire israélienne, Michal Cotler-Wunsh (Kakhol lavan), chargée des questions liées à la CPI au sein de la Knesset, a déclaré récemment que la nomination de Khan « laisse entrevoir la possibilité pour la CPI de remplir son importante mission : défendre, promouvoir et protéger les droits de tous ceux qui en ont besoin comme tribunal de dernier recours ». Selon certains observateurs Khan ne fait pas de politique contrairement à Bensouda. Ils avancent l'idée que Bensouda fut nommée sous la pression des Etats africains de la Cour, qui considéraient que la CPI ne se focalise que sur des affaires africaines au détriment d'autres régions. L'accusation des Etats africains est toujours d'actualité. En 2015, malgré l'annonce publique de Bensouda précisant que des enquêtes internationales étaient en cours en Afghanistan, en Irak, en Colombie, en Palestine et en Ukraine, une part importante des Etats africains membres de la cour, ont continué à porter l'accusation selon laquelle la CPI ne visait que l'Afrique. Aussi l'attente est grande. Khan se doit donc de recrédibiliser la cour en la dépolitisant et en rappelant à ses Etats-membres que la CPI s'occupe uniquement de crimes de guerre. Quel que soit la voie que Khan décidera de suivre, d'aucuns des experts pensent qu'il fera un procureur très efficace car Karim Khan connait tous les dossiers et surtout toutes les astuces des accusés et de leur défense.