Le Maroc a toujours été attaché à son identité africaine. Il s'est battu pour regagner sa place avec fierté et honneur au sein de l'Union Africaine en 2017 et réaffirme encore et toujours son attachement à la mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Dans le carde de « Questions à un expert« , Jamal Machrouh, Senior Fellow au Policy Center For The New South (PCNS) et professeur en relations internationales répond à la question des défis sécuritaires auxquels le continent africain fait face, et s'ils ne constituent pas un frein à la réalisation des objectifs de la ZLECAF. En premier lieu, l'expert rappelle que « la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine constitue un événement géoéconomique majeur. C'est la plus grande Zone de libre échange du monde en termes de nombre des pays membres », notant que « les opportunités économiques que recèle la ZLECAF sont considérables ». Toutefois, dit-il, les obstacles qui peuvent entraver la concrétisation et les performances de la Zone sont nombreux, dont ceux d'ordre sécuritaire auxquels le continent fait face. « Il est notoire que le volet économique est fortement impacté par le sécuritaire et vice-versa. C'est, d'ailleurs, la raison pour laquelle l'Union africaine (UA) a adopté depuis 2002 une Architecture de Paix et de Sécurité Africaine. Une telle architecture a réalisé des avancées importantes sur les plans institutionnel et normatif. Le côté opérationnel laisse encore à désirer« , avance Jamal Machrouh. Sur la question de l'état actuel de l'intégration régionale en Afrique, et si elle affecte la crédibilité de la ZLECAF au niveau international, il explique que les projets d'intégration régionale en Afrique sont anciens et surtout multiples. Il indique ainsi que « huit Communautés économiques régionales (CER) sont reconnues par l'Union africaine et beaucoup d'autres communautés sont opérationnelles. Toutefois, ce que retiennent les experts internationaux, africains y compris, c'est le faible degré d'intégration généré par ces Communautés. Les Africains ne commercent entre eux qu'un peu moins de 15% de leur commerce total, contre plus de 60% en Europe« . L'autre question soulevée dans cette analyse c'est de savoir si la ZLECAF pourrait être un outil puissant pour rendre la politique étrangère marocaine plus continentale. Pour Jamal Machrouh, « la politique étrangère marocaine, depuis voilà plus de vingt ans, est déjà fortement tournée vers l'Afrique. Les échanges commerciaux du Maroc avec les autres pays africains et les IDE marocains en Afrique ont connu des avancées remarquables. Maintenant, ce que la ZLECAF pourrait ajouter à cet acquis c'est la possibilité de placer la politique économique africaine du Maroc sous une dimension globale et continentale pour renforcer sa dimension régionale« .