Lors de la réception royale que la délégation israélienne a reçue lors de sa première visite au Maroc, la prééminence du lien populaire qui caractérise les juifs marocains a été remarquable dans leurs relations avec leur patrie. Le chef de la délégation, Meir Ben-Shabbat, fils de parents nés au Maroc et conseiller à la sécurité nationale en Israël, qui a insisté pour adhérer au protocole purement marocain et aux considérations culturelles qui caractérisent le trône royal l'a illustrée magistralement. Ben-Shabbat, qui s'est exprimé lors de cette visite qui aura duré environ une heure, d'abord en ''darija'' ou arabe dialectal marocain puis en hébreu. Il a déclaré que « les liens normalisés avec Rabat ont plus qu'une valeur « diplomatique et économique » pour les centaines de milliers d'Israéliens d'origine marocaine. « Comme moi, les nombreux immigrants de deuxième et troisième générations du Maroc, qui vivent en Israël, s'accrochent à la croyance en l'héritage de nos pères et le perpétuent ». Le chef de la délégation israélienne utilisait la «darija» histoire de dire son sentiment et sa joie quant à la reprise des relations officielles entre Tel Aviv et Rabat, reflétant ainsi, le lien de certains juifs marocains avec leur patrie et leur histoire -malgré « l'absence »- et de la dimension géographique et culturelle. Ben-Shabbat dans son discours lors de la visite des délégations d'Israël et des Etats-Unis au Palais royal pour y rencontrer le roi Mohammed VI et signer l'accord tripartite entre le Maroc, Israël et les Etats-Unis, ne s'était pas départi d'expressions chaleureuses « Nos frères marocains, que la paix soit sur vous et que Dieu augmente votre bonté », ou encore « Nous remercions Dieu et le remercions pour cette journée. Nous ne pouvons pas cacher notre joie », ou, « Dieu a accompli le bien et nous a tous rendu heureux ». L'analyste et politologue Moulay Hicham Moatadid a déclaré à cet égard à Hespress : « La visite de la délégation israélienne au Maroc a été organisée selon des rituels spéciaux et des considérations culturelles et sociales qui respectent les particularités du peuple marocain et l'esprit de la nation marocaine en fonction du sentiment de ce que les juifs marocains résidant en Israël ont envers le Royaume et la famille royale ». L'analyste et expert des Nations Unies (ONU) a expliqué que « la volonté d'Israël, de choisir le conseiller à la sécurité nationale, Meir Ben-Shabbat, à la tête de la délégation israélienne, n'était pas dictée seulement par sa position dont il jouit dans la hiérarchie du pouvoir israélien, mais également par son affiliation à la communauté juive d'origine marocaine en Israël ». L'expert en relations internationales a estimé que « ce choix traduit la volonté d'Israël et de ses décideurs du succès de la série de déclarations conjointes avec le Royaume du Maroc et les Etats-Unis », déclarant que « Meir Ben Shabbat s'est appliqué à prononcer la majeure partie de son discours en dialecte marocain pour exprimer son affiliation originelle et sa fierté envers le patrimoine culturel marocain » . L'analyste a ajouté que le responsable israélien a souligné que le salut de loyauté en tant que citoyen juif marocain a été rendu au roi Mohammed VI avant de s'asseoir à ses côtés, en tant que chef de la délégation israélienne, considérant que « le contenu du discours adopté par la délégation israélienne exprime le grand respect que les Juifs marocains ont pour leur patrie, et la profonde reconnaissance que voue la communauté marocaine en Israël au peuple marocain ». Et notre interlocuteur de poursuivre « Outre le grand statut politique dont jouissent les juifs israéliens d'origine marocaine au niveau de la prise de décision politique et souveraine en Israël, leur ferme adhésion à la famille royale et leur loyauté sincère envers le roi du Maroc les rendent très désireux de réussir la reprise des relations entre Rabat et Tel Aviv ». Le politologue Moulay Hicham Moatadid en concluant a évoqué ce qu'il considérait comme « la supériorité du lien populaire de la délégation israélienne sur les intérêts communs lors de cette première visite de reprise des relations entre les deux pays, ce qui explique le grand désir des Israéliens, en particulier de la communauté juive marocaine résidant en Israël, de renforcer ses liens culturels avec sa mère patrie et son empressement à contribuer au développement économique et social entre les deux pays, tout de responsabilité et de transparence ». Outre les projets de réouverture des bureaux de liaison, Israël et le Maroc ont signé quatre protocoles d'accord sur différents sujets afin de consolider leur accord de normalisation. Les accords portent sur l'aviation civile, la recherche sur les ressources en eau et les finances. Un quatrième a établi que les deux pays renonçaient à l'obligation de visa pour les titulaires de passeports diplomatiques et de service ; les titulaires de passeports ordinaires auront toujours besoin d'un visa. Les Etats-Unis et le Maroc ont également signé deux protocoles d'accord, dans lesquels Washington s'est engagé à investir massivement dans le pays avec plus de 4 milliards de dollars en fonds divers.