Nombre de Marocains angoissent à l'idée que la nouvelle administration américaine puisse revoir la décision prise récemment par le président Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Royaume sur son Sahara. Si ça peut rassurer les sceptiques c'est une décision à valeur juridique non législative mais revêtant la forme d'actes délégués et d'« executive order ». Son côté « politiquement correct » devrait le rester par contre. Les démocrates n'ayant aucun intérêt à changer la donne d'une administration qui se veut indépendante de la couleur politique du moment et particulièrement celle du Département d'Etat qui quoique sous coupole des attributs présidentiels, place les intérêts des USA avant toute considération. Cependant au regard du tri des dossiers dans lequel s'est déjà engagée la nouvelle équipe Joe-Biden- Kamala Harris, (accords climatiques de Paris, programme nucléaire iranien), le Marocain reste méfiant. Si Rabat se félicite de la décision de Donald Trump, les experts géopolitiques et géostratégiques s'osent à dire qu'« un travail acharné attend cependant la diplomatie marocaine pour consolider ce succès ». Concernant le futur ou le sort de la décision américaine sur le Sahara marocain après le président Donald Trump et les solutions des prochaines administrations, le professeur universitaire, expert en droit international, en stratégie et sécurité, Cherkaoui Roudani, estime que la question est liée à « un Etat maestro dans la symphonie des relations internationales, notamment au Conseil de sécurité et dans une politique multilatérale ». L'analyste considère que « le Royaume du Maroc a des relations stratégiques multidimensionnelles avec Washington, et il est donc important de reconnaître l'impossibilité pour tout président américain d'annuler de tels décrets et décisions liés à de grandes équations en liaison avec des relations internationales et bilatérales des Etats-Unis pour plusieurs considérations politiques et stratégiques nationales ». L'expert en droit international passe en revue ces considérations, de sorte que « la décision est caractérisée par le pragmatisme et les Etats-Unis ne prennent pas des décisions sous les effets des émotions ». « Tout est étudié méticuleusement », dit-il, soulignant que « la différence entre républicains et démocrates reste dans le style et l'évaluation des conditions temporelles. Mais l'objectif reste le même, à savoir les intérêts et la sécurité nationale des Etats-Unis». Puis Cherkaoui Roudani étaye ce propos en disant: « Dans les dossiers de la plupart des administrations américaines, la stratégie reste spécifique et non sujette à discussion, étant donné qu'elle a fait l'objet d'une évaluation complète par l'ensemble des institutions formant l'épine dorsale des administrations américaines, alors que la tactique ne peut que rarement changer et seulement dans certains cas, en fonction du temps et de l'espace ». L'expert en affaires stratégiques a en outre, précisé que « le Royaume du Maroc reste central dans l'ingénierie diplomatique et militaire de Washington au Moyen-Orient, en Méditerranée et en Afrique. Par conséquent, la décision a des dimensions géostratégiques et géopolitiques», notant qu'une « telle action aura de graves répercussions sur le niveau politique interne des Etats-Unis d'Amérique, ce qui pourrait ouvrir un conflit majeur qui aura des répercussions ». Un autre déterminant que défend le déclarant concerne « la crédibilité des Etats-Unis, au niveau international. Un revirement n'encouragerait pas un climat de confiance entre Washington et ses partenaires stratégiques tels que la Corée du Sud, le Japon, les pays du Pacifique, l'Asie de l'Est et les pays du Golfe ». Roudani soutient de même que « le retrait de la reconnaissance américaine du Sahara serait un cadeau à la Russie, voire à la Chine, qui se renforceraient dans de telles situations et cela constituerait une victoire pour les approches de Moscou dans ses équations et ses relations avec ses alliés traditionnels dans le Caucase et les lieux de conflit avec Washington, ce qui porterait un coup dur à la souveraineté de la décision américaine ». D'un autre côté l'analyste s'agace de la comparaison que certains font entre la décision du président Trump (accords climatiques de Paris, question nucléaire iranienne...), sur des événements temporels spécifiques et liés à une politique multilatérale avec ses dimensions et ses impacts géostratégiques précis sur la sécurité nationale américaine et entre la Sahara marocain. Roudani in fine, conclut que « le Royaume du Maroc a des relations avec les institutions étatiques à Washington, qui aspirent à créer l'équilibre des pouvoirs dans la région MENA et en Afrique. Par conséquent, l'ouverture d'un consulat à Dakhla fait partie d'une stratégie globale pour les Etats-Unis dans le sud du Maroc et l'ensemble du continent ».