L'annonce de la reprise des relations entre Rabat et Tel -Aviv, a pris son monde de court, dans la soirée du jeudi 10 décembre. Les réactions ont fusé de part et d'autre. Des dirigeants des quatre coins du monde ont salué la décision du Maroc, annoncée par le président américain Donald Trump , dans le sillage de la reconnaissance par les USA de la pleine marocanité du Sahara et l'ouverture d'un consulat US à Dakhla. L'opinion publique nationale a également réagi à la nouvelle, au vu de l'affection que porte le peuple marocain à la cause palestinienne. Sur ce point, le Roi Mohammed VI a fermement réitéré l'attachement du Maroc à la question palestinienne et ses positions constantes et équilibrées à ce sujet. Les parties politiques représentés au Parlement et leurs partisans n'ont pas manqué d'applaudir la décision royale, en publiant, à l'issue de réunions extraordinaires de leurs bureaux politiques, des déclarations louant la décision royale qui invoque les intérêts de la cause nationale en premier lieu à savoir le Sahara marocain. Mais du côté du parti de la justice et du développement (PJD), c'est le silence radio. Il faut dire que les frères sont dans un véritable « dilemme idéologique ». Le parti qui conduit la coalition gouvernementale, se retrouve dans une mauvaise posture après cette décision, ne sachant où donner de la tête. Ayant auparavant multiplié les déclarations hostiles à toute forme de normalisation, on se demande quelle sera la réaction des dirigeants du PJD qui siègent au gouvernement, face à de futures réunions « diplomatiques » obligatoires, avec les dirigeants Israéliens. À la lumière du retard de la publication d'une position officielle du Parti de la Lampe, un certain nombre Pjdistes ont implicitement exprimé leur critique vis-à-vis de cette démarche. L'adjoint du Maire de Salé et président de l'association des ingénieurs du PJD, Abdellatif Soudou, a republié sur sa page Facebook une ancienne déclaration de Saad Eddine El Otmani où il avait assuré : « Nous rejetons toute forme de normalisation avec l'entité sioniste car cela l'encourage à violer les droits des Palestiniens ». Pour sa part, Abdeslam Ballaji. Président de l'Association Marocaine d'Economie Islamique et député au parlement a déclaré: « Oui à la marocanité du Sahara, non à la normalisation avec l'entité sioniste (…) Nous avons gagné la reconnaissance par l'Amérique du caractère marocain du Sahara, et c'est important. Mais nous devons lutter pour faire tomber la normalisation et expulser les sionistes du Maroc et de la Palestine ». Toujours sur la plateforme Facebook, la parlementaire Pjdiste Amina Maalainine, a écrit : « Les Marocains n'abandonneront pas le peuple palestinien et ses revendications justes et légitimes, et la normalisation ne peut réussir dans une structure qui lui résiste depuis des décennies avec détermination (…) ». « Toute tentative de créer un parallélisme entre la question du Sahara marocain et la cause palestinienne ne peut que nuire à la cause nationale …« , a ajouté la parlementaire. Quant à l'organisation « Tajdid Toulabi« , affiliée au PJD, elle considère la reprise des relations entre Rabat et Tel-Aviv comme une «terrible chute indigne de la glorieuse histoire du Royaume, de sa réputation morale et politique et de sa renommée internationale». Dans une réaction pouvant assimilée à celle émanant du front séparatiste, la branche étudiante du parti islamique a considéré que le décret émis par le président Américain Donald Trump « n'a aucune force juridique ou politique contraignante, attestant de la reconnaissance par les Etats-Unis d'Amérique de la souveraineté marocaine sur ce que Washington appelle Sahara occidental« , et que « le consulat US à la ville de Dakhla, sera dédié principalement des tâches économiques ». Les réactions islamiques critiques à l'égard de la décision royale sont survenues malgré l'assurance donnée par le Roi Mohammed VI au président de l'Autorité nationale palestinienne, Mahmoud Abbas, de sa « position inchangée sur la question palestinienne ». Une position que le Roi Mohammed VI a héritée de Son père feu le Roi Hassan II. Le Roi a également souligné que le Maroc soutient la solution à deux Etats et que les négociations entre les parties palestinienne et israélienne sont la seule voie pour parvenir à une solution définitive, durable et globale à ce conflit. En sa qualité de Président du Comité Al-Qods, émanant de l'Organisation de la coopération islamique, le Roi a d'ailleurs insisté sur la nécessité de préserver le statut spécial de la ville d'Al Qods Acharif et de respecter la liberté de pratiquer les rites religieux pour les adeptes des trois religions monothéistes, ainsi que le cachet musulman d'Al-Qods Acharif et de la mosquée Al-Aqsa. Le Maroc place toujours la question palestinienne au même rang de la question du Sahara marocain et l'action du Royaume pour consacrer sa marocanité ne se fera jamais, ni aujourd'hui ni dans l'avenir, au détriment de la lutte du peuple palestinien pour ses droits légitimes, a encore affirmé le Souverain. En attendant une « sortie » officielle du parti, les frères multiplient les réactions qui reflètent clairement la « contradiction politico-idéologique » à laquelle la Lampe doit faire face.