Le ministre marocain des Affaires Etrangères Nasser Bourita, a réaffirmé que le Maroc se réservait le droit de réagir avec « la plus grande sévérité », et en « légitime défense », contre toute menace à sa sécurité. Dans une interview accordée au bimensuel européen « The Parliament Magazine », le chef de la diplomatie marocaine est revenu sur les récents agissements criminels des milices séparatistes du mouvement polisario dans la zone tampon El Guerguerat. En réponse à la question du journaliste qui lui demandait quelle était la position du Maroc sur le cessez-le-feu dans la région qui a été violé par les rebelles sahraouis et le conflit avec les milices du front polisario, le ministre marocain a tenu à clarifier la situation et à remettre les événements dans leur contexte face au flot de fake news propagées par les réseaux séparatistes et l'Algérie. « Tout d'abord, a-t-il mis en avant, nous devons comprendre la menace réelle du cessez-le-feu. Depuis 2016, les milices du polisario ont perpétré à plusieurs reprises des actes illégaux, notamment du racket et du banditisme dans la zone tampon de Guerguerat et à l'est de la berme de sécurité, en violation des accords (de cessez le feu, ndlr) et au mépris flagrant des appels à l'ordre du Secrétaire général de l'ONU et des résolutions du Conseil de sécurité ». Mais, ces violations et provocations ont pris une nouvelle forme le mois dernier lorsque les « milices ont pris la décision d'intensifier encore leur mépris du droit international en bloquant la circulation des biens et des personnes entre l'Europe et l'Afrique de l'Ouest, via le Maroc à Guerguerat », a fait ramarquer Nasser Bourita. En effet, les milices armées du mouvement séparatiste soutenu par l'Algérie, ont traversé la zone tampon sous contrôle de la mission de l'ONU, la Minurso, et ont bloqué le passage de 1.500 routiers dont des marocains et des mauritaniens dans cette zone de commerce international d'où transitent des produits frais en provenance du Maroc et d'Europe vers les pays de l'Afrique de l'Ouest. « Le Maroc a fait preuve d'une extrême retenue et continue en fait de faire preuve de retenue, non pas par faiblesse mais plutôt parce qu'il est un acteur responsable qui favorise le traitement multilatéral et institutionnel des questions d'importance stratégique pour la région« , a déclaré le chef de la diplomatie marocaine, rappelant que le royaume qui a rétablit le passage dans la zone, l'a fait dans une opération « non offensive, sans aucune intention belliqueuse » et « a été menée selon des règles d'engagement claires, pour rétablir la libre circulation », sans plus. D'ailleurs, avant de rétablir la circulation dans la zone qui était encerclée par des milices armées et où des femmes et enfants sahraouis ont été envoyés et installés dans des camps de fortune, afin d'en faire de chair à canon, le Maroc a déployé toutes les voies diplomatiques pour le règlement de cette situation qui durait depuis 24 jours déjà. « Nous nous sommes engagés directement avec le secrétaire général de l'ONU, les membres du Conseil de sécurité et au-delà, en cherchant à mettre fin au comportement belliqueux des milices du polisario », a expliqué à cet égard le chef de la diplomatie marocaine. « Après l'échec de ces tentatives, le Maroc a décidé d'agir dans le cadre de ses droits et devoirs« , a-t-il ajouté. Le Maroc qui est un acteur majeur de la stabilité dans la région du Sahara et du Sahel, face à la recrudescence de la menace terroriste, aux crimes en bande organisée et du trafic, a donc réagi dans la continuité de ses efforts visant à stabiliser la région en empêchant que ces milices organisent des crimes et des actes de piraterie face à des civils. Si le Royaume a fait preuve de beaucoup de maturité, de diplomatie et de sagesse dans sa gestion de cette crise, et a réaffirmé son attachement au cessez-le-feu et au processus politique pour le règlement du conflit, il se réserve toutefois « le droit de réagir avec la plus grande sévérité, et en légitime défense, contre toute menace à sa sécurité », a rappelé le ministre. Outre le Sahara, « le Maroc n'a ménagé aucun effort pour contribuer à la stabilité et au développement du Sahel », a indiqué le diplomate en chef, qui a expliqué que le pays a privilégié à cet égard, une « approche multidimensionnelle pour faire face aux multiples défis sécuritaires, humanitaires et environnementaux auxquels la région du Sahel est confrontée ». Et de conclure que le Royaume du Maroc, dont les liens avec les pays du Sahel sont historiques, a toujours préconisé « la coopération régionale » qui est « particulièrement importante pour la gestion des frontières dans la lutte contre le terrorisme et pour le maintien de l'intégrité territoriale ».