Les hôpitaux publics du Royaume agonisent. Alors que le nombre de personnes infectées par le COVID-19 augmente de manière exponentielle, les structures hospitalières ont du mal à gérer la surcharge au vu de la pénurie des ressources humaines, mais aussi des équipements. Si le matériel biomédical est plutôt disponible au sein des hôpitaux publics, les lits de réanimation sont, eux, indisponibles. Selon le bilan épidémiologique quotidien fourni par le ministère de la santé, le taux de remplissage des lits de réanimation dédiés aux patients COVID-19 étai ce mercredi 18 novembre, de 38%. Mais si on se réfère aux nombreux témoignages collectés par Hespress Fr, auprès d'infirmiers et médecins opérant au niveau d'hôpitaux publics à Rabat et Casablanca, il y a un manque flagrant de lits de réanimation depuis des semaines déjà. La situation est devenue malheureusement semblable à celle du voisin européen, l'Italie. Comment ? Sous couvert de l'anonymat, une infirmière opérant au CHU Ibn Rochd de Casablanca a confié à Hespress Fr, qu'au vu du manque des lits de réanimation, le personnel de la santé s'est retrouvé face à la douloureuse tâche de choisir entre un patient qui peut-être sauvé et admis en réanimation, et un patient dans un stade critique. « Les patients qui arrivent chez nous en stade critique sont de plus en plus nombreux. Et vu le manque de lits de réanimation, nous sommes arrivés au stade de devoir faire un choix. Si nous avons par exemple un patient âgé souffrant de plusieurs maladies chroniques et qui a besoin de réanimation ainsi qu'un patient jeune, nous sauvons le jeune car nous savons que pour l'autre patient quoi que nous fassions, son sort est déjà connu. Nous faisons bien évidemment de notre mieux pour sauver tous les patients sans discrimination, mais face à cette situation de manque de lits, il faut faire un choix », nous explique notre interlocutrice. Même son de cloche à l'hôpital Moulay Youssef de Rabat, dont le personnel et les patients ont été transférés dans un centre de santé, le temps de finaliser les travaux au sein de l'hôpital. Le personnel soignant de cet établissement se trouve dans la même situation que leurs confrères de Casablanca, souligne une autre infirmière de la capitale, sous couvert de l'anonymat. Mais l'autre problématique que connaît cet établissement de Rabat, est la probable rupture de stock des médicaments dédiées aux patients COVID-19. « On travaille maintenant dans un petit centre où nous recevons une centaine de patients infectés ce qui nous expose encore plus au risque de contracter le virus. Outre cette problématique, nous commençons à constater une faiblesse dans nos stocks de Zinc, de vitamine C et d'oxygène. Et il se peut que d'ici quelques semaines nous n'ayons plus rien. Même les pharmacies connaissent une pénurie de ces produits. On se demande comment on va faire, face à des citoyens malades et en colère contre un système de santé défaillant dont ils nous tiennent pour responsables », déplore notre interlocutrice.