Avec l'enregistrement du premier cas de coronavirus dans le Royaume, le ministre de la santé, Khalid Ait Taleb, avait affirmé lors d'un point de presse conjoint avec le chef du gouvernement, que le Maroc est prêt à affronter l'épidémie. Les hôpitaux du Royaume ont été aménagés et les mesures de contrôle et de prévention mises en place. Toutefois, ce constat est loin d'être partagé par le corps médical du public. En effet, une petite enquête menée par Hespress Fr, a permis de rencontrer des médecins et infirmiers au sein des hôpitaux publics qui ont affirmé pâtir d'un manque fragrant d'équipement. Ils en veulent pour exemple le stock de 12 millions de masques médicaux, annoncé par Ait Taleb, et dont les infirmiers « n'en ont vu aucun ». Selon une source médicale bien informée, « les hôpitaux publics enregistrent une pénurie de bavettes médicales et de gel antiseptique ». « Il y a une rupture de stock pour ces deux produits indispensables pour l'exercice de nos tâches médicales et pour éviter les infections, alors que nous sommes les plus exposés et les premiers confrontés aux patients suspectés ou confirmés Covid-19 », nous confie notre source. Notre interlocuteur poursuit dans ce sens que « le ministère de la Santé interdit aux hôpitaux d'en acheter auprès des pharmacies leur indiquant que c'est au ministère de distribuer les dotations nécessaires pour chaque structure. Mais le problème persiste toujours malgré l'enregistrement de 6 cas confirmés de Coronavirus ». Pour étayer ses dires, il rappelle la récente manifestation des médecins et infirmiers de Tanger qui ont protesté contre le manque d'équipements nécessaires. « La tutelle a interrompu la vente des masques médicaux pour justement les distribuer de manière équitable et selon le besoin au niveau des hôpitaux, et éviter que les grossistes et les sociétés ne monopolisent ces produits et les revendent à des prix exorbitants. Mais aujourd'hui, et depuis l'annonce du stock de 12 millions de masques médicaux par Khalid Ait Taleb, rien n'a été fait », ajoute-t-il. La formation absente également Par ailleurs, et concernant la préparation et la formation du corps médical en matière d'accueil et de prise en charge des patients suspectés ou affectés par le virus, notre source indique «qu'une formation de quelques jours a été dispensée au personnel de santé, juste après la confirmation du premier cas, mais uniquement dans quelques structures de santé. Tous les hôpitaux et centres hospitaliers du Royaume n'ont pas été impliqués dans cette formation». Cependant, notre source insiste sur le fait que « l'accent a spécialement été mis sur les hôpitaux équipés d'unités de réception des patients confirmés ou suspectés porteurs du coronavirus ». Maintenant, ajoute-t-elle, le département de Khalid Ait Taleb « est en phase d'organiser une formation au profit d'une catégorie du personnel, dont la sélection a déjà démarré, pour la prise en charge des cas urgents covid-19 ». Le corps médical national « est loin d'être en état de panique« , tient à souligner notre source, qui relève qui'il « faut juste que les choses soient bien organisées et que le corps médical dispose des équipements nécessaires. Par exemple, pour la personne qui fait les prélèvements pour les patients suspectés covid-19, il faut qu'elle soit munie d'un kit complet de protection. Mais dans le cas contraire, il serait normal de paniquer ». « Les médecins et infirmiers vivent au quotidien avec des virus et des maladies chroniques, comme la méningite chronique, plus dangereuse que le Coronavirus et qui fait un nombre de décès incroyable, mais continue d'assurer son service, tout ce qu'ils réclament c'est des conditions appropriées», met-elle en avant. Interrogée sur le crédit devant être accordé aux déclarations officielles sur les cas de contamination, notre source est catégorique: Le ministère de la Santé n'a aucun intérêt à cacher la vérité à l'opinion publique. La tutelle « sait que le personnel parle, que tout le monde parle. Et pour éviter que l'information soit fuitée, et donc mise en doute, elle préfère communiquer et déclarer les cas confirmés au fur et à mesure».