Depuis décembre 2019, le monde et le Maroc avec, tourne au rythme d'une pandémie (Covid-19) qui a bousculé les habitudes, et contraint les Etats, tant puissants que pauvres ou émergents, à changer de politique aussi bien économique que sociale. Un nouveau jargon est né, et les mots Coronavirus, Covid-19, confinement, quarantaine, PCR, distanciation sociale... ,sont devenus les plus répandus et les plus utilisés au quotidien. En effet, le « confinement », mesure de restriction prise par de nombreux gouvernements dans le monde pour empêcher l'expansion de la pandémie de coronavirus, a même été choisi mot de l'année 2020 par le dictionnaire anglais Collins, parmi une liste de dix autre mots, dont plusieurs liés à la pandémie. Mais tout récemment, le terme qui est sur toutes les lèvres, et sur toutes les tables de responsables et décideurs de par le monde, est «vaccin ». « Aucun vaccin dans l'histoire de la médecine n'a été aussi attendu que celui pour protéger contre le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2) », assure à ce propos Pr Lahcen Belyamani, président de la Société marocaine de médecine d'urgence (SMMU). Il est vrai que face à une pandémie qui prend de l'ampleur chaque jour davantage, et qui a fait pas moins de 1.332.470 morts, et infecté quelque 55,34 millions de personnes (55 341 042) dans le monde, le seul espoir demeure le développement et la mise sur le marché d'un vaccin. Pour Hespress Fr, Pr Belyamani a bien voulu expliquer, en langage simple et compréhensible par tut citoyen, en quoi consiste un vaccin, une vaccination, comment et pourquoi ?. « La vaccination est largement considérée comme la seule véritable stratégie de sortie de la pandémie qui se propage actuellement dans le monde. Mais vu la situation critique de la pandémie et malgré que les vaccins nécessitent généralement des années de recherche et de tests avant d'arriver à la pratique clinique, il est fort probable que plusieurs vaccins anti-coronavirus 2, sûrs et efficaces soient développés et autorisés avant la fin de l'année en cours« , souligne-t-il. Il précise qu'actuellement, plus de 52 vaccins sont en cours de test dans le cadre d'essais cliniques sur des humains alors que plus de 87 vaccins sont en cours d'investigation dans au cours de la phase précliniques. Pourquoi un vaccin « L'objectif principal de produire un vaccin capable de stimuler le système immunitaire pour produire des anticorps efficaces contre le virus, est de casser la chaine d'infection inter-humaine », nous répond le président de la SMMU, qui rappelle que « les premiers essais cliniques chez l'homme ont commencé en mars dernier avec plus de 10 qui ont atteint la phase finale 3 de ces études. Cependant certains de ces essais échoueront, d'autres peuvent se terminer sans résultat clair ». L'intérêt d'un vaccin est d'injecter de manière inoffensive des parties du virus afin que le système immunitaire puisse les identifier comme envahisseur et apprenne à le combattre. Cependant, il existe de nombreuses façons de le faire et les chercheurs utilisent différentes approches. Les principaux prétendants à la phase finale des tests sont developpés essentiellement par 4 pays qui sont les états unis d'amériques (Pfizer, Johnson&Johnson, Moderna), la chine (Sinopharm, Sinovac et CanSino), L'allemeagne (Biointec), le Royaume Uni (AstraZeneca) et la Russie avec celui de Gamaleya Research Institute. Technologies pour développer les vaccins anti-covid : Vaccins Génétiques : Une technique complètement révolutionnaire utilisées pour la première fois pour produire des vaccins et qui est basée sur le pouvoir de délivrer un ou plusieurs gènes du coronavirus dans nos cellules pour provoquer une réponse immunitaire (Moderna et Biointec-Pfizer) Le 9 novembre, le laboratoire Pfizer avait déclaré que son vaccin candidat s'est avéré efficace à plus de 90% dans la prévention du COVID-19 chez les participants sans preuve d'infection antérieure par le SRAS-CoV-2 dans la première analyse d'efficacité intermédiaire, rappelle notre interlocuteur. Il détaille: L'étude a recruté 43 538 participants, dont 42% avaient des antécédents divers, et aucun problème de sécurité sérieux n'a été observé ; des données d'innocuité et d'efficacité supplémentaires continuent d'être collectées. Le vaccin utilise une approche totalement expérimentale, qui consiste à injecter une partie du code génétique du virus à l'homme, afin de stimuler le système immunitaire. L'efficacité vaccinale, selon l'étude publiée, est obtenue à 7 jours après la deuxième dose. Cela signifie une protection à 28 jours après le début de la vaccination, selon un schéma à 2 doses. Le laboratoire Pfizer estime pouvoir fournir 50 millions de doses d'ici la fin de l'année et environ 1,3 milliard de doses d'ici la fin de 2021. Vaccins vectoriels viraux: Vaccins contenant des virus conçus pour transporter des gènes de coronavirus. Certains vaccins vecteurs viraux pénètrent dans les cellules et les amènent à fabriquer des protéines virales. D'autres vecteurs viraux se répliquent lentement, portant des protéines de coronavirus à leur surface (AstraZenica, Gamaleya et Cansino). Vaccins anti-coronavirus inactivés ou atténués Vaccins créés à partir de coronavirus affaiblis ou de coronavirus dont la virulence a été atténuée par des procédés chimique ou physique. Dans ce sens deux firmes chinoises ont pris le lead et proposent des vaccins d'origine virale sous forme atténuée. Pr Belyamani fait, en outre, noter que le Maroc a fait le choix stratégique d'acquérir de diversifier le choix des vaccins en acquierant les vaccins de AstraZenica et de Sinopharm en réalisant aussi des essais cliniques de phase 3 sur ce dernier. Les premiers résultats des essais cliniques réalisés sur les 3 centres du Maroc (2 à Rabat et 1 à Casablanca) viennent d'être dévoilés à la réunion de la commission nationale scientifique covid-19. Pour sa part, Pr Azeddine Ibrahimi, directeur du laboratoire de biotechnologie relevant de la faculté médecine et de pharmacie de Rabat, a précisé à ce propos que le « vaccin inactivé a été bien toléré dans tous les groupes de doses selon différentes procédures d'injection, sans événement indésirable grave lié au vaccin. L'effet indésirable le plus courant étant une douleur au site d'injection, légère et spontanément résolutive ». Le taux d'incidence des effets indésirables dans l'étude actuelle (15,0% parmi tous les participants) était inférieur à celui des autres vaccins candidats, a-t-il ajouté, notant qu'il s'agissait d'une analyse intermédiaire de 2 essais randomisés contrôlés par placebo sur 96 adultes en bonne santé dans un essai de phase 1 et 224 adultes en bonne santé à la phase 2. Résultats préliminaires des essais cliniques Sinopharm au Maroc En effet plus de 600 volontaires Marocains ont reçu, au cours de la phase 3 des essais cliniques, des doses d'un vaccin chinois élaboré par le laboratoire « Sinopharm ». Ces essais ont montré peu d'effets indésirables et une efficacité jugée acceptable. Il s'agit du même vaccin qui a été testé sur 50.000 personnes en dehors de la Chine (Maroc, Emirats, Bahreïn, Pérou et Argentine) et près 100.000 personnes en Chine. Stratégie de Vaccination de Masse L'objectif étant de s'approvisionner de 10 millions de doses avant fin 2020. Cette vaccination consiste à recevoir 2 prises séparées de 21 jours ; donc pour les 10 millions de doses prévues, on ne vaccinera que 5 millions d'individus. Ce qui rendra très complexe l'organisation de la compagne de vaccination. Selon le président de la SMMU, « il serait donc judicieux de commencer par le personnel de santé, les forces de sécurité, les services publics et les catégories vulnérables (sujets âgés et/ou ayant des maladies chroniques) ». Tout le monde ne réagit pas de la même manière à la vaccination, soutient le spécialiste, soulignant que les gens suivront de près les résultats chez les personnes âgées, car elles sont les plus exposées au virus. Toutefois, relève-t-il, l'histoire suggère également que tout vaccin pourrait être moins efficace chez les personnes âgées parce qu'un système immunitaire âgé ne répond pas aussi bien à la vaccination. Nous voyons cela chaque année avec le vaccin antigrippal annuel. « Il peut être possible de surmonter cela en administrant des doses multiples ou en les accompagnant d'un produit chimique (appelé adjuvant) qui stimule le système immunitaire. Pour ce faire, un comité technique et scientifique de vaccination devra être nommé afin de superviser l'opération et avoir la latitude de calculer la population cible, les priorités, les gens à vacciner, la durée de l'opération et la période à choisir », conclut Pr Belyamani.