Avec une diminution des contaminations et une légère baisse des entrées à l'hôpital, l'évolution de la situation sanitaire reste maîtrisée à l'approche des vacances. L'épidémie de la Covid-19 a marqué une relative accalmie la semaine dernière, avec une baisse des nouvelles contaminations et une légère diminution des décès, une évolution qui provient à l'approche des fêtes de fin d'année. Le Maroc compte annoncer réduire les déplacements et les rassemblements durant cette période, selon les sources de Barlamane.com Les autorités sanitaires marocaines ont annoncé, dans la soirée du dimanche 20 décembre, que plus de 6 950 personnes étaient mortes de la Covid-19 depuis le mois de mars. Le bilan des contaminations, lui, s'élève désormais à 417 125 cas, dont 1 869 survenues au cours des vingt-quatre dernières heures. En réaction aux annonces britanniques sur la nouvelle souche de la Covid-19, le gouvernement marocain a suspendu, dimanche 20 décembre, tous les vols de passagers en provenance du Royaume-Uni. Des experts et des professionnels de la Santé réunis dimanche autour d'un webinaire sur la campagne de vaccination anti-Covid19 au Maroc, ont appelé à l'impératif «de dissiper les doutes autour de la vaccination afin d'inciter les citoyens à se faire vacciner». Ils ont également souligné, lors de cette rencontre, organisée par la Société marocaine d'anesthésie, d'analgésie et de réanimation (SMAAR) et la Société marocaine de médecine d'urgence (SMMU), «que les différentes phases du vaccin ont été respectées malgré l'accélération du processus, ajoutant que les résultats à court terme sont encourageants pour les trois phases jusqu'à maintenant et qu'aucun incident grave n'est survenu au cours des essais cliniques». Lors de cette occasion, le président de la SMMU, Pr. Lahcen Belyamani, a incité la population marocaine à se faire vacciner, «étant donné que le vaccin chinois de Sinopharm, à l'instar des autres vaccins, a présenté une innocuité et une efficacité attestées jusqu'à nos jours, évoquant à cet égard la dernière étude effectuée par le laboratoire "Moderna Therapeutics" qui a démontré qu'à 119 jours il y a toujours des anticorps neutralisants». «La modélisation de la courbe de Moderna nous donne espoir que les anticorps neutralisants peuvent rester jusqu'à 3 à 5 ans, même si elle préconise qu'on doit vacciner les sujets à risque après une année», a-t-il fait savoir. M. Belyamani a dans ce sens appelé à la nécessité «de dissiper les doutes et la peur autour de la vaccination auprès des citoyens afin de les encourager et qu'ils aient envie de se vacciner». Le secrétaire général du Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM), Pr. Najib Amghar a pour sa part rappelé «la place importante de la vaccination dans la stratégie de prise en charge de l'infection au SARS-COV 2, affirmant qu"il n'y a eu aucun progrès en matière de traitement spécifique de cette infection, puisque tous les efforts ont été soldés par des échecs"». Néanmoins, la plupart des experts ont constaté des mécanismes physiopathologiques qui ont amélioré la prise en charge des patients notamment en ce qui concerne les phénomènes de thrombose artérioveineuse par la prescription prophylactique des anticoagulants. Dans un exposé intitulé "Campagne de vaccination anti-Covid au Maroc : Point de vue du CNOM", il a estimé que le seul espoir qui reste c'est celui de la vaccination pour freiner la propagation de cette maladie, faisant observer que "la mise en point d'un vaccin constitue certes un processus très long et complexe qui dure des années, mais heureusement dans le cas de Covid-19, ce processus a été déclenché très tôt depuis le début de la crise sanitaire contrairement à ce qui s'est passé en 2003 avec le SARS-Cov et en 2012 au Moyen-Orient avec le MERS-Cov". Le Pr. Azzedine Ibrahimi, directeur du laboratoire biotechnologie médicale à la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, a de son côté expliqué qu'un vaccin est une substance qui va induire une réaction immunitaire, sans développement de pathologie, notant que la plupart des vaccins sont développés avec une conception biotechnologique. Dans une communication intitulée "Conception biotechnologique des vaccins anti-Covid-19′′, il a indiqué que face à une pandémie, il existe trois approches à savoir, le confinement et les gestes barrières, la recherche de médicament et le vaccin qui brise la chaine de circulation du virus", notant qu'un vaccin idéal serait un vaccin immunogénique avec une bonne innocuité stable, et avec une seule dose idéalement et un prix raisonnable. Dr. Ibrahimi a par ailleurs souligné qu'il existe plus de 230 vaccins qui sont en train d'être développés dans le monde, dont 61 sont arrivés aux essais cliniques et quelques-uns qui sont mis sur le marché notamment le vaccin chinois de Sinopharm qui a été autorisé aux Émirats arabes unis. Sur la conception du vaccin, l'expert a précisé qu'au Maroc, le vaccin le plus rapide a été mis sur le marché au bout de quatre ans parce que les plateformes étaient prêtes. "Pour le cas du vaccin anti-Covid19, il y a eu une accélération et une rapidité dans les processus, mais nous n'avons pas brûlé les étapes puisque la rigueur scientifique a été respectée", a-t-il dit. Il a aussi fait observer que beaucoup de temps est perdu en matière de levée de fonds lors du développement d'un vaccin. Dans sa communication intitulée "Résultats des phases de recherche des vaccins anti-Covid19", le professeur Saïd Moutaouakkil a pour sa part, estimé qu'à défaut d'avoir un médicament efficace contre la Covid-19, le vaccin reste le seul espoir pour vaincre la maladie. Il a dans ce sens souligné que la production d'un vaccin en moins d'un an ne veut en aucun dire "que les étapes ont été brûlées, mais on a juste profité des plateformes déjà mises en place et des expériences cumulées", faisant savoir que l'ensemble des vaccins développés à l'aide de techniques de virus atténués ou inactivés, de protéines, ou de vaccins développés à partir de vecteurs viraux ADN ou ARL, disposent d'une réponse immunitaire humorale et cellulaire et ont moins d'effets secondaires. Dr. Moutaouakkil a en outre fait savoir que cette année de crise a fait exploser le nombre de publications et de recherches essentiellement dans le domaine du coronavirus, étant donné que plus de 90.000 articles ont été produits en la matière. Sur le "Déroulement de l'essai clinique vaccinal anti-Covid19 au Maroc", le Professeur Redouane Abouqal, au CHU Ibn Sina à Rabat, a indiqué que les essais cliniques de la phase I et phase II, auxquelles le Royaume a participé, ont fait l'objet d'une publication dans le "Journal of the American Medical Association" (JAMA), ajoutant que le vaccin Sinopharm de Wuhan, utilisé aux EAU, a suivi les mêmes procédures scientifiques et de transparence (96 patients durant la phase I et 224 dans la phase II). Il a également expliqué que l'immunogénicité, c'est-à-dire l'apparition et l'augmentation des anticorps neutralisants étaient présents dans 97 à 100% des patients durant ces deux phases et que la sécurité avec deux injections (J-0 et J-21) était tout à fait acceptable avec très peu d'effets indésirables et aucun effet secondaire grave n'était survenu. La 3e phase des essais cliniques du vaccin chinois inactivé se déroule actuellement aux EAU avec 31 000 patients et au Pérou avec 12 000, tandis que le Maroc a participé avec 600 volontaires. Parce qu'il s'agit d'une étude à part entière où on évalue en plus de l'efficacité clinique et la sécurité, l'efficacité sérologique, a souligné Pr. Abouqal. Pour ce qui est des effets indésirables, ce vaccin pourrait entraîner une douleur qui disparait dans quelques heures, une éruption cutanée, une fièvre, une diarrhée, une anorexie, une nausée, des céphalées ou une petite fatigue, a-t-il fait observer. Dr. Meriem El Beghdadi, de la Direction du médicament et de la pharmacie au ministère de la Santé, s'est attardée notamment sur les modalités de commercialisation ou de distribution d'un médicament et les modalités d'obtention de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) des médicaments à usage humain. Elle a aussi mis en avant les critères d'octroi qui se résument à la qualité, l'innocuité et l'efficacité, ajoutant que le contrôle se fait par le laboratoire national de contrôle des médicaments selon les standards internationaux relatifs à la qualité chimique, biologique ou microbiologique, la substance active et le produit fini.