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Pression au sein des services Covid, pas de prime Covid, dépression : Les infirmiers ont manifesté devant le ministère de la santé
Khadija KHETTOU
Publié dans
Hespress
le 14 - 11 - 2020
Le mouvement des infirmiers et techniciens de santé du Maroc (MITSM), ne semble pas satisfait des conclusions du dialogue social les concernant. Pour exprimer leur mécontentement quant à la négligence de leur tutelle face à leurs revendications en plus de la pression de la pandémie qu'ils subissent, le mouvement a tenu un sit-in, ce samedi 14 novembre, devant le siège du ministère de la Santé à
Rabat
.
« Ce sit-in est intervenu suite à l'impasse du dialogue social et les conclusions qui ressortent et qui vont être envoyées aux finances. À notre grande surprise, la prime de risque que nous considérons comme l'une de nos revendications phares, n'a pas été citée dans les conclusions de ce dialogue », a déclaré à Hespress Fr la coordinatrice du comité média au sein du Mouvement des infirmières et des techniciens de santé (MITSM), Fatima-Zahra Belline.
© Mounir Mehimdate
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© Mounir Mehimdate
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Dans les détails, notre interlocutrice nous explique que les conclusions du dialogue social » évoquent une catégorie d'infirmiers dont le nombre est de 5.000, à savoir les infirmiers diplômés de l'Etat et titulaires de diplômes Bac+2″.
Une catégorie de professionnel de santé qui est, selon Fatima-Zahra Belline, « dans leur majorité soit à la retraite, soit en cours de retraite ou des personnes âgées qui n'ont pas participé au combat face à la pandémie, alors que plus de 25.000 infirmiers et techniciens étaient au front. Finalement, nous n'avons rien obtenu. Ni la prime de risque n'a été modifiée ni la prime spéciale Covid-19 n'a été perçue », se désole-t-elle.
Avec cette deuxième vague qui s'annonce féroce, le personnel de santé est « épuisé, déprimé et au bord du Burn Out », confie cette infirmière. « Nous prenons soin d'un patient, pour qu'à la fin de la journée il fasse un arrêt cardiaque. Ça nous bouscule. Surtout le personnel qui est aux soins intensifs et en réanimation. Ils sont au bout de la dépression suite à ce qu'ils voient, vu le nombre de décès qui augmente, le manque d'équipements et le remplissage des lits de réanimations », confie-t-elle.
La situation dans les hôpitaux publics peut malheureusement être comparée aujourd'hui à celle des établissements italiens au début du confinement. Le manque de lits de réanimation et la saturation des hôpitaux ont poussé le personnel de santé à faire des choix. « Aujourd'hui, nous sélectionnons au sein de la réanimation les personnes qui pourront vivre en ayant cette place, pour ne pas gaspiller les chances. Les personnes âgées et ceux ayant des maladies chroniques sont mis à l'écart. On accepte dans les réanimations que les personnes qu'on peut sauver », raconte notre interlocutrice.
« Toute cette pression au travail, le manque des ressources humaines, le manque d'équipements … tout peut-être supporté sauf de travailler dans ces conditions-là », fait savoir cette infirmière. Les infirmiers et techniciens de santé sont « au bord du burn-out, sans « aucune reconnaissance » de la part de leur tutelle.
« Le citoyen, et du moment où il n'y a pas de confinement, il vient aux hôpitaux et observe tout ce qui se passe et tout le chaos qui y règne. Et il met ça sur le dos de qui ? Sur le dos du personnel de santé, médecins, infirmiers, techniciens de santé, etc. Le ministre a promis d'ouvrir de nouveaux services de réanimation, des nouveaux hôpitaux de campagne, de construire de nouveaux hôpitaux. Rien n'a été fait. Et c'est nous qui payons les pots cassés face aux citoyens en colère. Ils font fi du fait que nous travaillons en sous-effectif et en manque d'outils et équipements », confie-t-elle.
Le mouvement des infirmiers et techniciens de santé prévoit prochainement une grève dont la date n'a toujours pas été fixée. N'est-il pas immoral de penser grève en ces moments durs que traverse le système de santé ?
« On est convaincu qu'un ou deux jours de grève ne seront pas aussi néfastes pour la santé du citoyen que les conditions actuelles que nous subissons au sein des hôpitaux il y a plus de 8 mois de pandémie. Si on sort en grève ou deux jours, c'est pour tirer la sonnette d'alarme sur les conditions de travail et d'hospitalisation au sein des structures publiques, et c'est pour l'intérêt du citoyen qui doit savoir qu'on n'y peut rien face à tout cela » répond Fatima-Zahra Belline.
D'autre part, notre interlocutrice souligne que « du moment où il n'y a ni révision de la prime de risque ni prime spéciale Covid-19, qu'on améliore au moins les conditions de travail du personnel de santé, en recrutant d'avantages de chômeurs diplômés qui attendent et nous sortir de cette pression, en équipant les hôpitaux des équipements promis, augmenter les lits de réanimation et des soins intensifs. C'est tout ce que nous demandons aujourd'hui », conclut-elle.
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